Un jour, nous déposerons l’encens, la myrrhe, l’or de nos vies…

Après un long chemin, guidés par la lumière de l’étoile, les mages apportent l’or, l’encens, la myrrhe, à l’enfant-Dieu. La succession des verbes, à cet endroit du récit, mériterait à elle seule une méditation : « ils virent, se réjouirent, entrèrent, virent, se prosternèrent, ouvrirent, offrirent... » 
Attachons-nous à ce dernier verbe : OFFRIR, et au sens des offrandes présentées. On peut interpréter l’or, l’encens et la myrrhe comme signes de la grandeur encore cachée de l’enfant nouveau-né, Fils de Dieu. Ainsi, saint Irénée de Lyon (IIe s.), voit dans l’or la reconnaissance de la royauté de Jésus, dans l’encens celle de sa divinité, dans la myrrhe sa mort sur la croix, donc son humanité1. 
Mais au VIe siècle, saint Grégoire le Grand ajoute : « On peut aussi comprendre différemment l’or, l’encens et la myrrhe. L’or symbolise la sagesse […] : « Un trésor désirable repose dans la bouche du sage. » L’encens brûlé en l’honneur de Dieu désigne la puissance de la prière […] Quant à la myrrhe, elle figure la mortification de notre chair […] » (Homélie X sur l’Épiphanie). L’or, l’encens et la myrrhe peuvent donc être aussi les signes du don que nous lui faisons de nous-mêmes à l’Enfant-Dieu.

Nous pourrions aussi interpréter l’encens, la myrrhe et l’or en les mettant en rapport avec ce que manifeste notre onction baptismale : tout baptisé est prêtre (il offre l’encens de sa vie), prophète (il offre la myrrhe de sa vie) et roi (il offre l’or de sa vie). Ainsi, au bout du chemin de notre vie, guidés par la foi en la lumière de l’Évangile, nous déposerons devant Dieu l’encens, la myrrhe et l’or de nos vies de baptisés (prêtres, prophètes et rois), comme un cadeau, mais qui ne pourra glorifier que Dieu, car il en est la source. Reprenons ce symbolisme.

L’encens

C’est le symbole de la prière qui monte vers Dieu, de l’adoration, du culte : « Que ma prière devant toi s’élève comme un encens » (Ps 140, 2). On pourrait dire que « j’encense Dieu » de différentes manières :

  • par ma confession de foi en la divinité du Christ et mon acceptation de ma condition de créature ;
  • par ma fidélité à la prière, coûte que coûte, pour me tourner vers Dieu et lui offrir ma vie, dans l’obscurité de la foi, dans la monotonie des jours ;
  • par mon attachement à l’eucharistie, mystère de restitution à Dieu de mon vécu et de la création tout entière ; c’est ainsi que je suis prêtre de ma propre vie. Et aussi mystère d’accueil de la vie divine qui me transfigure au plus secret dès maintenant.

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La myrrhe

Parfum d’embaumement pour les sépultures, elle est le symbole de la passion, de la mort en croix et de la mise au tombeau du Christ. Je peux apporter la myrrhe :

  • des épreuves qu’entraîne mon témoignage prophétique de vie évangélique dans a société ;
  • de mes renoncements pour vivre selon l’appel de Dieu, en prophète de son règne ;
  • de mes souffrances et douleurs qui me frappent sans raison et que je peux unir à sa croix, du dépouillement de la vieillesse et de l’âge avancé.

Ainsi, je peux apporter l’accablement de tous ceux qui vivent dans la détresse, l’épreuve, la guerre, la maladie ; mais aussi la myrrhe de la fidélité, dans les humiliations et le martyre, de tous les témoins persécutés.

L’or

L’or symbolise depuis l’Antiquité la puissance et le règne. Ma dignité royale est celle-ci ; par le baptême, je suis roi, je suis devenu le temple de la Trinité, je maîtrise la tyrannie du péché. En apportant l’or, je rends grâce et j’apporte :

  • ce que j’ai vécu de plus beau, ce qui fait vraiment briller ma vie aux yeux de Dieu, qui sont souvent les dons qu’il m’a fait lui-même par sa grâce ;
  • tous les actes d’amour de don, de charité envers les autres, en toutes circonstances ;
  • ma fidélité à vivre le combat spirituel de développement des vertus et de renoncement au péché ;

Comme les mages, après avoir nous être prosternés devant son jugement miséricordieux, nous déposerons nos présents… Et repartant par un autre chemin, nous irons à la place que Jésus nous a préparée. « Je vais vous préparer une place. Je vous prendrai près de moi, afin que, là où je suis, vous aussi, vous soyez. » (Jean 14, 2-3).

Car le dénuement de la crèche, et l’obscurité d’une grotte auxquels Jésus a consenti, seront commués pour nous en la lumière éternelle de la gloire divine à laquelle il nous associera pour toujours. Restons donc fidèles à l’étoile de la foi qui continue de nous guider.

Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie

1Dans le même sens, la préface de la messe « Marie à l’Épiphanie du Seigneur » dans le Missel Marial, dit : « Ils adorent leur Dieu, ils acclament leur Roi, et reconnaissent leur Rédempteur ».