St Bernard, dans une homélie pour la Toussaint, dit : « Si nous vénérons leur mémoire, c’est pour nous que cela importe, non pour eux. (…) Pour ma part, je l’avoue, je sens que leur souvenir allume en moi un violent désir. Le premier désir, en effet, que la mémoire des saints éveille, ou plus encore stimule en nous, le voici : nous réjouir dans leur communion tellement désirable et obtenir d’être concitoyens et compagnons des esprits bienheureux. Et voici le second désir dont la commémoration des saints nous embrase : voir, comme eux, le Christ nous apparaître, lui qui est notre vie, et paraître, nous aussi, avec lui dans la gloire. (…) Cette gloire, il nous faut la convoiter d’une absolue et ferme ambition ».
En cette fête de la Toussaint, la sainteté étant le fruit de l’œuvre de l’Esprit Saint en nous, je vous propose de méditer quelques extraits du ch. 1 de l’exhortation du pape François « Gaudete et Exultate » (mars 2018), sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel.
1. Les saints nous encouragent et nous accompagnent. Dans la Lettre aux Hébreux, (…) on nous invite à reconnaître que nous sommes enveloppés « d’une si grande nuée de témoins » (12,1) qui nous encouragent à ne pas nous arrêter en chemin, qui nous incitent à continuer de marcher vers le but. (…) Les saints qui sont déjà parvenus en la présence de Dieu gardent avec nous des liens d’amour et de communion.
2. Les saints de la porte d’à côté. L’Esprit Saint répand la sainteté partout, dans le peuple fidèle de Dieu. J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. — C’est cela, souvent, la sainteté « de la porte d’à côté », de ceux qui vivent proches de nous, ou (…)« la classe moyenne de la sainteté ».
3. Le Seigneur appelle. « Chacun dans sa route » dit le Concile. Il ne faut donc pas se décourager quand on contemple des modèles de sainteté qui semblent inaccessibles. Il y a des témoins qui sont utiles pour nous encourager et pour nous motiver, mais non pour que nous les copiions (…). Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même.
4. La sainteté, fruit de l’ESt dans ta vie. Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche. Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible ; et la sainteté, au fond, c’est le fruit de l’Esprit Saint dans ta vie. Quand tu sens la tentation de t’enliser dans ta fragilité, lève les yeux vers le Crucifié et dis-lui : « Seigneur, je suis un pauvre, mais tu peux réaliser le miracle de me rendre meilleur ».
5. Ta mission dans le Christ. Tu as besoin de percevoir la totalité de ta vie comme une mission. Essaie de le faire en écoutant Dieu dans la prière et en reconnaissant les signes qu’il te donne. Demande toujours à l’Esprit ce que Jésus attend de toi à chaque moment de ton existence et dans chaque choix que tu dois faire.
6. L’activité qui sanctifie. Il n’est pas sain d’aimer le silence et de fuir la rencontre avec l’autre, de souhaiter le repos et d’éviter l’activité, de chercher la prière et de mépriser le service. Tout peut être accepté et être intégré comme faisant partie de l’existence personnelle dans ce monde, et être incorporé au cheminement de sanctification. Nous sommes appelés à vivre la contemplation également au sein de l’action, et nous nous sanctifions dans l’exercice responsable et généreux de notre propre mission.
7. Plus vivants, plus frères. N’aie pas peur de viser plus haut, de te laisser aimer et libérer par Dieu. N’aie pas peur de te laisser guider par l’Esprit Saint. La sainteté ne te rend pas moins humain, car c’est la rencontre de ta faiblesse avec la force de la grâce. Au fond, comme disait Léon Bloy, dans la vie « il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints »
On entend dire aujourd'hui (notamment sur le réseau des radios chrétiennes) : "Bonne fête mes frères" ! Hélas, nous ne sommes pas encore des saints. La réponse à la question de Jean en Apocalypse 7 (1° lecture) est bien celle-ci : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » L'épreuve du martyre, quel qu'il soit, scelle la sainteté, mais pas avant...