Carnet d’une victimologue au coeur des abus

Avec Isabelle Chartier-Siben, médecin victimologue, cofondatrice de l’association C’est-à-dire venant en aide aux personnes victimes d’abus dans l’Eglise et auteur 3 jours dans la nuit – carnet d’une victimologie au cœur des abus (ed. Emmanuel)

La dignité est infinie, a rappelé le pape François dans un document listant une quinzaine de « violations concrètes et graves » de la dignité, notamment l’avortement et la gestation pour autrui (GPA). Ce plaidoyer pour la dignité s’inscrit dans un contexte où la parole de l’Eglise est entachée par la question des abus, laquelle n’est pas réglée du point de vue de l’écoute et de l’accompagnement des victimes traumatisées dans la durée et dont certaine ne peuvent même plus faire usage de leurs neurones, comme l’indique Isabelle Chartier – Siben, qui en a accompagné 1000 depuis 2002 dont 80% sont issus du milieu religieux. Le débat s’est trop concentré sur la réparation en particulier financière, alors que les victimes aspirent à retrouver la vie, une vie qui ne sera plus jamais comme avant. Il manque un cadre, des centres spécialisés pouvant accueillir leur parole et traiter leur maux.

L’association C’est-à-dire accompagne les jeunes victimes de drames familiaux qui ne trouvaient pas l’aide nécessaire dans les services existants. Isabelle Chartier-Siben montre que les dommages aux personnes sont considérables, incompréhensibles à ceux qui n’ont pas vécu, et non proportionnels à la violence de l’acte ou paroles subis. On ne peut jamais simplement tourner la page. Il faut solliciter des compétences pour que la personne victime entre dans un chemin de vie. Isabelle Chartier-Siben insiste sur l’importance de la formation et en particulier de ceux qui ont des responsabilités ordinaires dans l’Eglise (prêtres, évêques, laïcs….) mais aussi ceux qui sont chargés des visites (pastorales, canoniques, pontificales).