Par l’Esprit, célébrer la Trinité juste après la Pentecôte
C’est très progressivement que la fête de la Sainte Trinité est apparue au Moyen Âge en Europe. En vérité, il peut paraître étrange que l’Église ait choisi de réserver une journée particulière pour célébrer la Trinité, alors que celle-ci est au cœur de toutes nos prières et de toutes nos célébrations : nous prions toujours le Père, en nous adressant au Fils, dans l’Esprit Saint.
Juste après la Pentecôte, la solennité de la Sainte Trinité est surtout une belle occasion pour méditer sur le mystère de l’amour mutuel et l’unité entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Les chrétiens ont mis quelques siècles pour arriver à formuler cette réalité d’un seul Dieu en trois personnes dans les confessions de foi. Cependant, il ne s’agit pas seulement pour nous de comprendre ce qu’est la Trinité, mais d’entrer dans ce mouvement d’amour.
Écouter l’homélie
Par l’Esprit, discerner la marque spécifique créatrice Dieu
« Écoutez ce que déclare la Sagesse. Le Seigneur m’a créée au commencement de son action, avant ses œuvres les plus anciennes. Lorsqu’il établissait les fondements de la terre, j’étais à ses côtés comme un maître d’œuvre. » Le mystère trinitaire, « familial », de Dieu est dès le début imprimé sur toute sa création, c’est ce qu’indique la première lecture. La Sagesse de Dieu, appelée ici « maître d’œuvre », peut signifier dans l’ancienne Alliance aussi bien le Fils que l’Esprit, quelque chose de divin, et pourtant distinct du Père créateur, si bien que toutes les créatures portent une marque de la fécondité éternelle, et spécialement la Vierge Marie, à qui la liturgie applique aussi ce passage du livre des Proverbes.
Par l’Esprit, découvrir l’unité en Dieu
L’Évangile de ce dimanche est un extrait du discours d’adieu de Jésus à ses disciples, qui nous ouvre une petite fenêtre sur la réalité de la Sainte Trinité. Il nous donne en particulier de saisir l’unité entre le Père, le Fils et l’Esprit. Jésus, lui qui s’est présenté plus tôt dans l’Évangile comme la Vérité, évoque la venue de l’Esprit comme Esprit de vérité. C’est son Esprit, qui perpétue dans l’histoire sa mission : si le Fils a révélé le visage du Père, l’Esprit de vérité conduit les disciples à la connaissance du mystère du Fils, mort et ressuscité. L’unité de la Trinité, c’est l’unité de ce que Dieu nous donne à voir de lui-même : le Fils révèle le Père, et l’Esprit continue cette œuvre de révélation.
Par l’Esprit, glorifier le Fils
« Ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu’il aura entendu, et ce qui va venir, il vous le fera connaître. » L’Esprit Saint ne travaille pas à son compte. Ce qu’il dit « ne vient pas de lui-même. » En ce sens, il est un bon pédagogue de la vie du disciple. Il nous apprend à nous effacer devant Jésus et devant le Père. C’est pourquoi tous ceux qui sont remplis de l’Esprit vivent l’humilité et le silence.
« Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous l’expliquer. Tout ce qui appartient au Père est à moi… » Le Père a tout remis au Fils, et Jésus peut dire : « Tout ce qui appartient au Père est à moi. » Et l’Esprit Saint, qui est l’Esprit du Père et du Fils, vient puiser au cœur du Fils pour nous communiquer toute lumière utile à notre sanctification.
Par l’Esprit, accueillir l’amour de Dieu
Dans la lettre aux Romains, Saint Paul nous donne à contempler un autre rôle de l’Esprit : il répand dans nos cœurs l’amour de Dieu (Rm 5, 5). Quand il nous fait éprouver ce que le Christ a fait pour nous, dans sa mort et sa résurrection, l’Esprit nous fait entrer dans le mystère de l’amour de Dieu pour le monde. Dieu qui a envoyé son Fils pour que « quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jn 3,16).
Et quand l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par l’Esprit, nous sommes rendus présents à cet amour. Nous pouvons nous laisser toucher par cet amour, qui est celui du Père pour son Fils, et celui du Fils pour son Père. Alors, nous sommes invités à notre tour à vivre de cet amour. Invités à répandre dans le monde l’amour qui est l’essence même de la Sainte Trinité.