Dimanche des Rameaux A — Jésus en sa Passion (Mt)
Is 50,4-7 ; Ph 2,6-11 ; Mt 26,14-27,66.
1. « Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples. » (26,18) Dans sa Passion, Jésus nous est présenté par Matthieu comme maître des événements. Dans l’épisode de la préparation de la Pâque, par exemple, Jésus affirme : « c’est chez toi que je veux célébrer ». De même, lorsque Jésus rend le dernier souffle, Matthieu n’écrit pas : « il expira », mais : « il laissa partir son esprit » (27,50). Merci Jésus d’avoir donné librement ta vie pour nous. Avec Marie, demandons la grâce de pouvoir suivre Jésus sur ce chemin de don.
2. « Rentre ton épée… Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père, qui mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges ? Mais alors, comment s’accompliraient les Écritures ? D’après elles, c’est ainsi que tout doit se passer. » (26,52-54). Jésus exprime à Pierre qu’il refuse de s’opposer à la violence par la violence, et aussi de recourir à une intervention miraculeuse de la puissance divine. Il choisit lucidement le chemin de l’humiliation, parce qu’il y reconnaît ce qui est conforme au dessein de Dieu révélé dans l’Écriture. Avec Marie, demandons la grâce de suivre Jésus sur le chemin de l’humilité et de l’obéissance.
3. « Judas, le traître, fut pris de remords en le voyant condamné ; il rapporta les trente pièces d’agent… il dit : « J’ai péché en livrant à la mort un innocent ». Jetant les pièces d’argent dans le Temple, il se retira et alla se pendre » (27,3-5). Judas, pris de remords, confesse qu’il a péché et que Jésus est innocent. Son geste, jeter l’argent dans le Sanctuaire, est un déni de sa trahison, et une accusation des chefs juifs : ce sont eux les vrais coupables. Dans l’intérêt qu’il porte à Judas, Matthieu souligne la vérité : le procès de Jésus est un procès inique. Avec Marie, demandons la grâce de ne jamais accepter le mensonge ni l’injustice.
4. « Jésus rendit l’esprit. Et voici que le rideau du Temple se déchira en deux… la terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent… Le centurion et ceux qui gardaient Jésus… dirent : « Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu ! » (27,51-54) Le voile déchiré, l’ébranlement cosmique, présentent la mort de Jésus comme la fin de l’ancienne alliance. La confession de foi du centurion, étendue à ses compagnons, amorce un mouvement de conversion chez les païens destiné à une grande ampleur. Demandons à l’Esprit Saint de nous rendre sensibles à ce monde nouveau engendré dans la mort et la résurrection de Jésus.
5. « Les chefs des prêtres et les pharisiens s’assemblèrent chez Pilate en disant : « Seigneur… cet imposteur a dit de son vivant : « Trois jours après, je ressusciterai ». Donne donc l’ordre que le tombeau soit étroitement surveillé… de peur que ses disciples ne disent… : « Il est ressuscité d’entre les morts ». (27,63-64) La présence des gardes est l’occasion d’exprimer, avant même les récits d’apparitions, la foi en la résurrection. Ce récit étonnant rappelle la prédiction de Jésus et anticipe le témoignage apostolique; il nous donne la vision de l’unité du mystère pascal.
Dimanche des Rameaux B — Paroles de Jésus en sa Passion (Mc)
Is 50,4-7 ; Ph 2,6-11 ; Mc 14,1-15,47.
1. « Prenez, ceci est mon corps livré pour vous » (14,22). Jésus exprime le don volontaire qu’il fait de sa vie dans la Passion qui commence. Ce don, Jésus le fait non seulement par avance, mais encore de façon permanente dans le sacrement de l’Eucharistie. Par la communion à son Corps, nous sommes unis à son amour sauveur et promis à la résurrection. « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6,54). Marie, aide-nous à accueillir ce don au cours de cette semaine sainte.
2. « Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (14,36). Jésus exprime ainsi le renoncement à sa volonté propre, pour entrer par la croix dans la volonté du Père. Il donne en même temps les conditions nécessaires à ce renoncement : « Veillez et priez » (14,38). Marie, tu as suivi Jésus sur ce chemin d’obéissance et de croix ; obtiens-nous par ta prière la grâce de l’Esprit Saint pour veiller et prier, et pouvoir ainsi marcher sur tes traces.
3. « Or un jeune homme suivait Jésus ; il n’avait pour vêtement qu’un drap. On le saisit. mais lui, lâchant le drap, se sauva tout nu » (14,51). Cet épisode curieux qui clôt le récit de l’arrestation de Jésus est évocateur du baptême chrétien. Jésus se laisse conduire à la mort pour que tout disciple puisse ressusciter avec lui à travers son baptême. Lors des baptêmes par immersion, les « jeunes gens », couverts seulement d’un drap, entraient nus dans l’eau, pour être ensuite revêtus d’une robe blanche. Merci Jésus pour la grâce de notre baptême, où nous avons été ensevelis dans ta mort pour ressusciter avec toi dans une vie nouvelle pour Dieu.
4. « Vous verrez le Fils de l’Homme siégeant à la droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel. ». Au cœur même se son procès, Jésus a claire conscience de sa victoire, de sa Résurrection, de son Exaltation. Il ne peut s’empêcher de le proclamer publiquement, ce qui provoque l’accusation de blasphème. Marie, mère de l’Espérance, par la fermeté de ta foi, tu as aussi accueilli la grâce de la Résurrection de ton fils ; aide-nous à croire fermement au don que Jésus nous fait.
5. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Nous ne pouvons pas escamoter ce cri de détresse de Jésus, qui s’est fait péché pour nous, et a vécu dans cette expérience humaine et divine, une très grande déréliction. Tu as porté, Marie, ce mystère qui te dépassait, et peut-être as-tu reçu ce cri de Jésus comme une épée en plein cœur. Aide-nous à accueillir les plus grandes détresses en gardant l’espérance, et à vivre cette semaine sainte dans l’abandon au mystère divin.
Dimanche des Rameaux C — Paroles de Jésus en sa Passion (Lc)
Is 50,4-7 ; Ph 2,6-11 ; Lc 22,14-23,56.
1. « Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. » (Lc 22,46) Dans la prière à Gethsémani telle qu’elle nous est rapportée par saint Luc, Jésus nous est proposé comme le modèle de la prière victorieuse. C’est pourquoi, par deux fois, Jésus invite ses disciples à « prier pour ne pas entrer dans la tentation ». Avec Marie, vivons la prière du cœur qui nous permet de résister à la tentation.
2. « Il se retourna et leur dit : « Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ! (…) Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? » (23,28-31). Propre à Luc, voici la rencontre de Jésus avec les filles de Jérusalem. Il y met en perspective le refus qui provoque sa mort violente avec ce qui en sera la conséquence : la ruine de Jérusalem. Avec Marie qui a dit oui, prions pour ne pas refuser les passages du Seigneur.
3. « Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (23,34). Luc est le seul à nous rapporter la prière de Jésus pour ses bourreaux, qui doit être comprise plus largement comme une prière où il prend sur lui le péché d’orgueil de l’homme, pour le confesser devant le Père, et en obtenir le pardon. En venant recevoir le sacrement de réconciliation nous entrons dans cette démarche de Jésus. Avec Marie, rachetée par préservation, recevons la miséricorde du Père.
4. « Jésus lui répondit : « En vérité, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (23,43). Voici une parole de Jésus dite au larron qui a crié vers lui. Jésus lui donne l’assurance de l’emmener avec lui au Paradis. Cet « aujourd’hui » qui retentit une dernière fois dans l’évangile de Luc, nous rappelle la première fois : « aujourd’hui vous est né un Sauveur » (2,11). Avec Marie, ouvrons nos cœurs pour accueillir le don de la vie éternelle.
5. « Alors Jésus poussa un grand cri : « Père, en tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira. » (23,46). La dernière parole de Jésus, en Luc, n’est pas un cri de détresse, mais un abandon confiant et conscient au Père. Elle nous rappelle la première parole prononcée par Jésus en Luc à l’âge de 12 ans : « Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être » (2,49). Avec Marie, prions pour ceux qui font leur passage vers le Père.
Jeudi Saint — Jésus lave les pieds de ses disciples et entre dans sa Passion.
Ex 12,1-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13,1-15.
1. « Jésus, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde au Père… sachant que le Père a tout remis en ses mains, qu’il est venu de Dieu et retourne à Dieu… ». L’évangéliste Jean souligne à quel point Jésus agit ce soir-là en pleine conscience : Jésus sait. Il retourne à Dieu pour que le monde fasse retour au Père. Marie sait aussi, et elle s’unit au sacrifice de Jésus… aide-nous Marie à saisir la profondeur du mystère que nous célébrons.
2. « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout… ». Jean résume ici toute la vie de Jésus : il a aimé « les siens »… il les aime jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême. Jésus n’est venu humainement parmi nous que pour se donner à nous divinement, et donc totalement et sans retour… Avec toi Marie, nous voulons accueillir cet amour de Jésus, qui seul peut nous transformer.
3. « Il se met à laver les pieds de ses disciples… Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi ». Le lavement des pieds n’est pas seulement un exemple de service, c’est d’abord une annonce de la Passion rédemptrice comme service de l’homme. Il faut accepter que le Fils, le Serviteur, nous prenne en charge pour nous mener au Père. Marie, tu as été la première bénéficiaire de la rédemption ; aide-nous à être dans l’action de grâces pour ce que Jésus a fait pour nous.
4. « Comprenez-vous ce que je vous ai fait ?… C’est un exemple que je vous ai donné pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous ». Le lavement des pieds est d’abord un exemple à comprendre : voir en Jésus le Serviteur, son service rédempteur pour chacun de nous. Il est ensuite à imiter : entrer nous aussi dans le service de la rédemption de nos frères, par notre prière et notre apostolat. Marie, obtiens-nous pour cela la grâce de l’Esprit Saint.
5. « Le serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’envoie. Sachant cela, heureux êtes-vous si vous le faites ». Nous sommes envoyés au monde par Jésus, mais c’est dans l’abaissement du service que nous avons à remplir notre mission. Et Jésus nous assure que nous y trouverons la joie. Enseigne-nous, Marie, à faire nôtre ta réponse à Gabriel : « Je suis la servante du Seigneur ».
Vendredi Saint — Ta croix ô Christ est notre lumière
Is 52,13-53,12; He 4,14-5,9; Jn 18,1-19,42.
1. « Et il disait : « Abba (Père) ! tout t’est possible : éloigne de moi cette coupe ; pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » » (Mc 14,36). Cette prière de Jésus à Gethsémani est sans doute le sommet de sa démarche d’obéissance au Père. Toute la Passion est vécue par amour des hommes et obéissance au Père. Marie, aide-nous à convertir nos vies pour entrer dans cette obéissance au Père.
2. « Le Christ s’est fait obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! ». Cette phrase tirée de la lettre aux Philippiens est le cœur même de l’Incarnation et de la Rédemption. Dieu s’est fait homme en Jésus, et Jésus s’est fait le dernier de tous les hommes. « Il a tellement pris la dernière place que personne ne pourra jamais la lui ravir » (Ch. de Foucauld). Avec Marie, suivons Jésus sur son chemin d’abaissement.
3. « Objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur…, méprisé, nous n’en faisions aucun cas » (Is 53,3-5). Marie a partagé l’abaissement de Jésus jusqu’à devenir la mère d’un condamné à mort tourné en dérision. « Au pied de la croix, Marie participe par la foi au mystère bouleversant de ce dépouillement. C’est là sans doute la kénose de la foi la plus profonde dans l’histoire de l’humanité » (JP II, RM 18). Que la foi de Marie soutienne notre propre foi quand il nous faut accepter la croix pour suivre Jésus.
4. « Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit comme sienne. » (Jn 19,26-27). Dans sa participation douloureuse à la Passion de Jésus, Marie reçoit de lui la grâce d’une nouvelle maternité à dimension universelle : non seulement tout disciple de son fils, mais encore tout homme devient son enfant. Prions pour que l’amour de Marie soit reçu dans les cœurs.
5. « Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est achevé » et, inclinant la tête, il transmit l’esprit. » (Jn 19,30). Ainsi s’exprime saint Jean : dans le dernier souffle de Jésus, il voit la Pentecôte déjà commencée. Sur cette petite Église appelée à grandir, Marie et Jean, Jésus répand l’Esprit. Que Marie nous aide à ne jamais oublier que l’Église naît sans cesse de la Croix.
Vendredi Saint — Avec Marie, à l’écoute des paroles de Jésus en Croix
(On pourra choisir 5 paroles parmi les 7 proposées ici).
1. Jésus, qui vient d’être cloué sur la croix, prie ainsi : « Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu’ils font. » (Lc 23,34). Jésus sait que nous ne comprenons pas l’offense faite à Dieu que contiennent nos actes. Il assume et confesse notre péché. C’est la grande confession du Fils, la prière du Sauveur du monde. Il nous innocente auprès du Père. Et le Père pardonne réellement aux pécheurs. À chacun de nous d’accueillir ce pardon. Marie, tu as bénéficié de la rédemption par préservation. Avec nous tu remercies pour le pardon obtenu par ton Fils. Avec lui tu demandes pardon pour nous. Prie pour nous pécheurs.
2. Le malfaiteur crucifié à côté de Jésus crie : « Jésus souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume ». Jésus répond : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23,43). Au pécheur qui meurt en offrant à Jésus sa pauvre vie terrestre sans valeur, Jésus qui meurt sur la croix partage sa vie divine. C’est de la croix que Jésus donne la vie éternelle, pour que nous en sachions bien le prix. Marie, toi qui vois de tes yeux, toi qui portes dans ton cœur… la souffrance de Jésus qui donne sa vie pour nous, aide-nous à saisir par le cœur le prix de ce don qui nous est fait : le Paradis, la vie en Dieu pour l’éternité.
3. « Jésus voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : “Femme, voici ton fils”. Puis il dit au disciple : “Voici ta Mère”. Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit comme sienne » (Jn 19,25-27). Dans les souffrances de la croix que tu vis en ton cœur, Marie, tu accueilles aussi une nouvelle maternité : tu deviens Mère de Jean et de tous les hommes pour qui Jésus donne sa vie, la vie éternelle. Et Jésus te donne à chacun de nous comme mère. Conduis-nous, Marie, à la croix. Là où nous devenons fils, frères de Jésus et tes fils… Conduis-nous Marie à accueillir la croix. Celle de Jésus, celle de nos frères, la nôtre…
4. Jésus clama en un grand cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27,46). « Il s’est fait péché pour nous » (2 Co 5,21). Ce poids du péché du monde, est comme une immersion qui vient broyer l’Innocent. Jésus connaît maintenant par le dedans comment le péché nous éloigne et nous sépare du Père. C’est jusque-là qu’il vient nous chercher. Marie, longtemps encore résonnera à tes oreilles ce mystérieux cri de Jésus. Le cri du berger qui vient chercher la brebis là où elle s’est perdue. Et avec Jésus tu es là, Marie, pour les pécheurs, pour moi…
5. Jetant un grand cri, Jésus dit : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit », écrit Luc (Lc 23,46). Marie, tu avais déjà entendu Jésus adolescent te dire : « Ne saviez-vous pas que je dois être chez mon Père ? » (Lc 2,49). C’est fait, maintenant. Jésus a fait retour au Père, et avec lui, chacun de nous est convié à passer la mort. « Il y a beaucoup de demeures dans la maison du Père » (Jn 14,2). Toi, Marie, qui y es parvenue la première, obtiens-nous de croire fermement en ce passage que Jésus a ouvert vers l’éternité, lui qui nous dit : « Je suis la porte des brebis » (Jn 10,7).
6. Jésus dit : « J’ai soif » (Jn 19,28). L’évangéliste Jean nous entraîne avec Jésus dans la marche puissante, souveraine, triomphale qui le mène à la croix, à ce trône d’où il fonde son Église. Dès lors, cette parole, « J’ai soif », ne peut être réduite au simple appel d’un homme épuisé et altéré. Au-delà de la soif physique, Jésus, qui vient d’achever sa mission rédemptrice, exprime son désir de l’amour de tout homme envers lui, le Sauveur de tout homme. Et toi, Marie, tu nous invitais déjà à aimer Jésus : « Quoi qu’il vous dise, faites-le » (Jn 2,5).
7. « Jésus dit : « Tout est accompli », et inclinant la tête, il remit l’esprit », écrit Jean (Jn 19,28-30). Jésus a achevé sa mission. Pour nous, il a donné toute sa vie, jusqu’à la dernière goutte de son sang. Avec lui, Marie tu t’es donnée, et tu te donnes toujours. Pour notre joie, pour notre bonheur. Ouvre nos yeux, Marie, à ce don de la vie et de la Résurrection que nous obtient Jésus. Prie pour nous pécheurs.
Samedi Saint — Marie dans l’attente de la résurrection
1. « Il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. » (Lc 2,54-55). Jésus est celui qui porte à leur accomplissement toutes les attentes de l’Ancien Testament. Marie, nourrie des promesses, a cru en son Fils qui les réalisait. C’est vrai à l’Annonciation, c’est vrai aussi pour l’attente silencieuse du samedi saint. Jésus a été rejeté, et Israël attend toujours son Messie. Dans le silence du samedi saint, Marie, elle, attend toujours Jésus sauveur.
2. « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après, il ressuscitera. » (Mc 9,31). À la mort de Jésus, plus personne n’attend sa résurrection. Pas les disciples, pas même les trois qui ont participé à la Transfiguration ; ils s’enferment par peur d’être recherchés. Pas les femmes ; elles préparent les aromates pour embaumer le corps. Dans le silence du samedi saint, Marie, elle, continue à croire, à espérer, à attendre, à chercher ; elle nous y aide encore aujourd’hui.
3. Dans son attente, Marie est soutenue par le souvenir des trois jours où elle a cherché Jésus, vingt ans plus tôt. Trois jours douloureux, comme ceux d’aujourd’hui. Trois jours au bout desquels elle a entendu Jésus dire : « Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être. » (Lc 2,49). Oui, Jésus est retourné auprès du Père : « Père, entre tes mais je remets mon esprit. » (Lc 23,46). Dans le silence du samedi saint, Marie attend que le Père manifeste sa force et son amour pour ce Fils qu’il lui a donné.
4. Lorsque Jésus ressuscité apparaîtra à Marie-Madeleine, il lui donnera comme message à transmettre : « Je monte vers mon Père et votre Père… » « Il est monté, qu’est-ce à dire, sinon qu’il est aussi descendu dans les régions inférieures de la terre ? » (Ep 4,9). Il revient des enfers où il a libéré les captifs de l’emprise de la mort ; et Adam, comme Thomas, peut dire : « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28). Dans le silence du samedi saint, Marie fait confiance et attend la manifestation glorieuse de Jésus.
5. Dans le silence du samedi saint, Marie attend la résurrection. Jésus avait dit : « après trois jours, je ressusciterai. » (Mt 27,63). Marie ne sera pas surprise de revoir Jésus vivant. Marie aujourd’hui attend et contribue à ce que Jésus vienne en gloire à la fin des temps, pour ressusciter tous les hommes. « Elle a ce rôle propre à la Mère, de médiatrice de la clémence lors de la venue définitive » (JP II, R.M. n° 41). C’est pourquoi sa prière, comme celle de l’Esprit est celle-ci : « Viens Seigneur Jésus ».
Jour de Pâques A — Il vit, et il crut (Jn)
Ac 10,34-43 ; Col 3,1-4 ou 1 Co 5,6-8 ; Jn 20,1-9.
1. « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. » Ce cri de Marie-Madeleine et des femmes au matin de Pâques exprime leur surprise devant la découverte du tombeau vide. Cette constatation brutale et inattendue les laisse comme décontenancées, et voici qu’elles préviennent les disciples. Qui donc attendait la résurrection de Jésus? Ni les femmes, venues porter les aromates, ni les disciples, enfermés derrières des portes verrouillées. La Vierge Marie, elle seule, attendait dans le silence et la foi que la promesse de Jésus se réalise.
2. « En se penchant, Jean voit que le linceul est resté là. » Par deux fois, Jean parle de la constatation du « linceul resté là », faite par lui et par Pierre. Le linceul de Jésus est resté à sa place, alors même qu’il ne contient plus le corps de Jésus. À cette vue, il est profondément bouleversé. Il ne se contente donc pas de parler du tombeau vide, mais aussi du linceul vide. Ce qui pourrait ne sembler être qu’un détail devient pour Jean le phénomène déclenchant de son acte de foi. Demandons l’aide de la prière de Marie pour mieux croire en la résurrection de Jésus.
3. « Il vit et il crut. » C’est ainsi que Jean décrit sa démarche de foi. Il a vu le linceul à plat, et cette vue l’a conduit à croire en la résurrection de Jésus. Si Jésus a dit : « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » (Jn 20,29), c’était face à l’exigence de Thomas qui voulait voir et toucher. Jean, lui, n’a rien demandé. Et alors même que Pierre, devant le même linceul, demeure perplexe, Jean, dans un éclair, perçoit une trace de la résurrection de Jésus. Demandons par Marie d’avoir au cœur le même amour, qui perçoit la moindre trace du bien-aimé.
4. « Jusque-là les disciples n’avaient pas vu que d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. » Les disciples ont été très longs à entrer dans cette prophétie de l’Écriture. Pourtant, Jésus n’a pas seulement annoncé sa passion, mais aussi sa résurrection. Et c’est encore à Pierre et Jean qu’il s’est montré transfiguré… Mais ils se demandaient ce que signifiait « ressusciter d’entre les morts. » (Mc 9,10) Si bien que Jésus leur reprochera leur incrédulité (Mc 16,14). Avec Marie, prions qu’en ce jour de Pâques, l’annonce de la Résurrection fasse son chemin dans les cœurs.
5. « Dieu l’a ressuscité le 3° jour. Il lui a donné de se montrer non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. » Cette prédication de Pierre à Césarée est un kérygme, une première annonce de l’essentiel du message chrétien : Jésus est ressuscité ! Elle est faite par les témoins que Jésus a choisis. Notre foi repose sur l’acceptation de leur expérience humaine de la résurrection de Jésus. En ce jour de Pâques, demandons la force de l’Esprit Saint pour témoigner de la résurrection de Jésus.
Pâques B — Cinq joies de Marie au jour de Pâques
1. La joie de revoir Jésus vivant. C’est le couronnement de sa foi et de son espérance. Marie a suivi Jésus pendant trente ans, et c’est maintenant seulement que se réalisent les promesses de l’ange Gabriel : « Il sera grand, il régnera pour toujours, son règne n’aura pas de fin. » (Lc 1,33). Que Marie nous aide à entrer dans la vérité de cette parole de Jésus : « Maintenant vous êtes dans la peine ; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. » (Jn 16,22).
2. La joie de voir la joie des disciples. « Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. » (Lc 24,41)… Les disciples auront bien des difficultés à accueillir la réalité de la résurrection. Mais ils finiront par recevoir la joie de la victoire de Jésus sur la mort. Lorsque Jésus rentre définitivement dans la gloire de l’ascension, « ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu. » (Lc 24,52-53). Et la joie de Marie devient alors la joie partagée.
3. La joie de la victoire sur le péché et sur la mort. Marie sait ce qu’il en a coûté à Jésus d’enfanter ce monde nouveau, cet homme nouveau. Jésus avait dit : « La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de son angoisse, dans la joie qu’elle éprouve du fait qu’un être humain est né dans le monde. » (Jn 16,21) Jésus a vu Marie, la première, ouvrir son coeur à sa mission de rédempteur. C’est pourquoi elle partage aussi la joie de sa victoire.
4. La joie de l’humanité réconciliée avec le Père. « Je monte vers mon Père et votre Père. » (Jn 20,17) dit Jésus ressuscité à Marie-Madeleine. Marie n’est plus la seule rachetée ; elle n’était que la première rachetée, prémices de l’œuvre de rédemption de Jésus. Elle en prend pleinement conscience, et voit que le Père fait miséricorde à toute l’humanité, et la libère du poids du péché. Conduis-nous, Marie, à nous réjouir du salut de nos frères, en particulier lorsqu’ils reviennent au Seigneur.
5. La joie de l’accomplissement des promesses. Marie l’avait déjà chanté trente ans plus tôt dans son magnificat : « Il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. » (Lc 1,55). En Jésus ressuscité, toutes les promesses du Père trouvent leur accomplissement ou un début d’accomplissement. Et la joie de Marie est comme la récompense de son espérance. Que cette certitude nous aide à vivre la constance qu coeur de notre acte d’espérance.
Jour de Pâques C — Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? (Lc)
Ac 10,34-43 ; Col 3,1-4 ou 1 Co 5,6-8 ; Lc 24,1-12.
1. « Elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus… elles étaient perplexes à ce sujet. » Les femmes, portant les aromates, ne trouvent pas « le corps du Seigneur Jésus ». Leur perplexité est à la mesure de la grande vénération du corps supplicié de Jésus qu’exprime l’expression : « le corps du Seigneur Jésus ». Que Marie nous aide à garder cette vénération pour le corps de nos défunts, à l’heure où se répand la pratique de l’incinération.
2. « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » La question des anges est forte et ne cesse de nous interpeller nous-mêmes. Nous traitons souvent Jésus comme un mort, alors qu’il a vaincu la mort. Pourquoi cette propension à tout arrêter à la mort, si ce n’est à cause de la blessure originelle… Avec toi, Marie, nous croyons et nous espérons en la puissance de la Résurrection de ton Fils pour le salut du monde.
3. « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » Jésus est le Vivant, comme il s’appelle lui-même dans l’Apocalypse : « Je suis le Premier et le Dernier,
le Vivant ; je fus mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant la clef de la Mort et de l’Hadès » (Ap 1,17-18). Jésus, en toi est la Vie. Contemplons en Marie élevée au ciel la grande promesse de Jésus ressuscité pour chacun de nous.
4. « Rappelez-vous comme il vous a parlé… disant du Fils de l’Homme qu’il doit être livré… être crucifié, et ressusciter le 3° jour. Et elles se rappelèrent ces paroles. » Comme il est bon d’entendre rappeler ici que Jésus avait annoncé sa résurrection. Les paroles autrefois incompréhensibles prennent sens devant le tombeau vide. Marie, toi seule avait entendu et attendait la résurrection… ta foi fortifie notre foi.
5. « Elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres… mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas. » Délire… radotage… La réaction des disciples est épinglée par Luc. Bien sûr, il n’existe dans l’expérience humaine aucun cas qui rende vraisemblable pareil événement. Mais peut-être est-ce là que nous mesurons combien la foi est au-delà de toute pensée humaine. Ta foi, Marie, fortifie la nôtre et celle de l’Église entière.