Mercredi des Cendres — Carême, 40 jours.
1. Un temps d’épreuve de 40 jours. « Jésus, rempli de l’Esprit Saint, revint au Jourdain, et il fut poussé par l’Esprit au désert, où, pendant 40 jours, il fut tenté par le diable. » (Luc 4,1-2) C’est l’Esprit Saint qui le pousse à cette démarche, du moins à celle qui consiste à aller au désert pour y être mis à l’épreuve, et revivre ainsi les diverses étapes du peuple de Dieu. Et à la différence du peuple hébreu, Jésus surmonte l’épreuve et demeure fidèle à son Père. Demandons avec Marie la grâce de pouvoir vivre l’épreuve du Carême.
2. Le jeûne de Jésus. « Pendant 40 jours, il fut tenté par le diable ; il ne mangea rien en ces jours-là. » Jésus surmonte l’épreuve et demeure fidèle à son Père, préférant la Parole de Dieu au pain, la confiance au merveilleux, le service de Dieu à tout espoir de domination terrestre. Cette victoire, Jésus l’a obtenue par le moyen du jeûne. Lorsque la tentation nous touche sur l’essentiel, Jésus nous montre que le jeûne risque d’être indispensable pour obtenir la victoire… Demandons avec Marie la grâce de pouvoir vivre le jeûne, ou toute autre forme de privation.
3. Le jeûne de Moïse. Moïse monte sur le Sinaï pour recevoir les dix paroles (Ex 24). Après l’épisode douloureux du veau d’or, Moïse monte une deuxième fois au Sinaï (Ex 34). Ce deuxième jeûne, Moïse le vit comblé dans tout son être par la présence divine, mais aussi pour recevoir ces dix paroles que Dieu donne au peuple, afin qu’il vive par sa fidélité dans la liberté véritable. Demandons avec Marie la grâce, par le jeûne, de mieux accueillir la parole de Dieu pour en vivre une application fidèle.
4. Le jeûne d’Élie (1 R 19,1-8). Dans le combat qu’il livre contre l’idolâtrie, Élie est contraint à fuir le pays. Il est fortifié deux fois par une nourriture qui lui est transmise par un ange. Et voici qu’Élie accomplit ce pèlerinage au mont Sinaï en marchant pendant 40 jours et 40 nuits… Le jeûne est ici pour Élie le fruit d’un don de Dieu à travers cette nourriture transmise par l’ange ; c’est une réalité qui accompagne sa marche au désert vers Dieu, dans la recherche d’une fidélité à la parole de Dieu. Demandons avec Marie cette grâce de pouvoir chercher la face de Dieu dans le désert de la prière.
5. Trois paroles de Jésus sur le jeûne.
* Une invitation à la parfaite discrétion (Mt 6,16-18). Connu de Dieu seul, le jeûne est l’expression de l’espérance en son amour, un jeûne humble, qui ouvre le cœur à la justice intérieure, œuvre du Père qui voit et agit dans le secret.
* Une parole de Jésus adressée à ses disciples pour leur faire comprendre la raison d’un échec dans leur ministère de guérison et d’exorcisme : il leur manque le jeûne (Mt 17,19-21). Jésus souligne l’importance du jeûne pour le combat spirituel de libération de l’homme.
* Une dernière parole de Jésus : « Un temps viendra où l’Époux leur sera enlevé : ce jour-là ils jeûneront » (Mc 2,18-20). Jésus demande que le jeûne s’efface devant la joie de la présence du Messie. Mais au moment de la passion, le jeûne sera un moyen de s’unir à ses souffrances.
Prions par Marie l’Esprit Saint de nous conduire pendant ces 40 jours.
1er D Carême A — Les trois réponses de Jésus aux tentations
Gn 2,7-3,7 ; Rm 5,12-19 ; Mt 4,1-11.
1. « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » La première tentation de Jésus est celle du matérialisme : se servir de sa puissance divine pour satisfaire ses besoins matériels. Sa réponse, puisée au livre du Deutéronome, souligne le choix de faire prévaloir l’accueil de la Parole de Dieu sur la satisfaction des besoins matériels, la primauté de l’être sur l’avoir. « Il est écrit : ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Marie, tu es tout entière offerte à l’accueil de la Parole ; avec toi, nous demandons la grâce d’être habités par la Parole divine.
2. « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » La seconde tentation faite à Jésus est celle du paraître et de l’orgueil : se servir de sa puissance divine pour acquérir le prestige et la gloire auprès des hommes. Sa réponse est claire : l’humilité de l’obéissance ; préférer la confiance envers le Père plutôt que le merveilleux auprès des hommes. « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu ». Marie, tu as vécu dans l’obéissance et le plus souvent une vie cachée ; avec toi, nous demandons la grâce de pouvoir suivre Jésus sur le chemin de la confiance et de l’abandon.
3. « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m’adorer ». La troisième tentation faite à Jésus est celle de la volonté de puissance : se servir de sa puissance divine pour obtenir la royauté mondiale. Sa réponse exprime son choix de l’humble service de Dieu à l’encontre de tout espoir de domination terrestre. Elle exclut aussi tout compromis, tout partage de puissance avec Satan : « Arrière Satan, car il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c’est lui seul que tu dois adorer. » Marie, abandonnée à la volonté du Père , avec toi, nous demandons la grâce de l’humilité et du service.
4. Marie résume ce triple combat fondamental dans sa réponse à l’ange Gabriel :
– « Je suis la servante du Seigneur » : le service, réponse à la 3° tentation ; Marie adore.
– « Qu’il me soit fait » : l’obéissance, réponse à la 2° tentation ; Marie s’humilie.
– « Selon ta Parole » : l’accueil de la Parole, réponse à la 1° tentation ; Marie écoute.
Écouter prioritairement la Parole de Dieu, l’appliquer en vivant l’humilité de l’obéissance, et par là, faire de sa vie une adoration de Dieu seul : voilà le chemin de sainteté qui nous est proposé pendant ce Carême.
5. Nous pouvons rapprocher ce programme de sainteté des trois vœux religieux : pauvreté, chasteté, obéissance. La pauvreté ouvre à la Parole ; l’obéissance fait entrer dans l’humilité ; la chasteté nous voue au service de Dieu et de l’homme. Ce sont les trois racines de la réponse d’amour à Dieu. Ceux qui vivent les trois vœux, comme les religieux ou certaines communautés de laïcs, manifestent ces racines de l’amour, et montrent à tous que l’amour pour Dieu, qu’on soit marié, célibataire ou consacré, se vit, d’une façon ou d’une autre, dans la pauvreté, l’obéissance, la chasteté. Marie en est le premier exemple.
1er D Carême B — Un Carême pour le triomphe de la vie
Gn 9,8-15 ; 1 P 3,18-22 ; Mc 1,12-15.
1. « Dans le désert il resta 40 jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient ». Marc nous présente Jésus comme un nouvel Adam au cœur d’un Eden réconcilié, et de ce fait, insiste moins sur ses tentations. Jésus qui jeûne vit entre les animaux sauvages et les anges, entre le danger corporel et la protection surnaturelle. Se vidant de ce qui remplit la vie humaine quotidienne, il prend conscience des dimensions du cosmos qu’il doit, comme Sauveur du monde, ramener à Dieu. Unissons-nous dans la prière avec Marie à sa rédemption.
2. « Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu est là. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Cette proclamation de l’Évangile, qui va se répandre dans le monde entier, commence par le jeûne de 40 jours de Jésus, et s’achèvera par la croix. La fécondité illimitée de l’œuvre du Christ présuppose, au commencement et à la fin, un grand renoncement. À partir de cette préparation, restée cachée au monde, Jésus annonce : « Les temps sont accomplis ». Avec Marie, remercions pour le don gratuit de la rédemption, manifestée dans son Immaculée Conception et son Assomption, dans notre baptême et notre mort dans le Christ.
3. « Le Christ est allé proclamer son message à ceux qui étaient prisonniers de la mort. Ceux-ci, jadis, s’étaient révoltés au temps où se prolongeait la patience de Dieu, quand Noé construisit l’arche ». Jésus est mort pour les pécheurs, pour les ramener à son Père. Dans sa mort, il a visité le « shéol », cette « prison » des morts. Nous en faisons mémoire à la fin du Carême, les vendredi et samedi saints. Jésus a pu ainsi rendre vraie la promesse faite à Noé, qui concernait tous les êtres vivants : détruire la mort et tout soumettre à son Père « afin que Dieu soit tout en tous » (1 Co 15,28). Merci Marie d’appeler de ta prière la réalisation finale de cette promesse.
4. « Noé construisit l’arche, dans laquelle un petit nombre de personnes… furent sauvées à travers l’eau. C’était une image du baptême : être baptisé, ce n’est pas être purifié de souillures extérieures, mais s’engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus ». Le temps du Carême est un temps de cheminement catéchuménal, vers le sacrement du baptême pour les uns, et vers la rénovation des promesses du baptême pour les autres. Vivons ce temps du Carême en s’engageant « envers Dieu avec une conscience droite », en faisant mourir en nous le péché. O Marie conçue sans péché, prie pour nous qui avons recours à toi.
5. « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous… avec tous les êtres vivants… Il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre… Je mets mon arc-en-ciel au milieu des nuages, pour qu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre ». Cette alliance fondamentale de Dieu avec Noé n’a été ni abolie ni rétrécie par l’alliance avec Israël, et par la Nouvelle Alliance du Christ. Préparons-nous à célébrer à la fin de notre carême la réalisation de l’alliance manifestée en la résurrection du Christ, pour laquelle Marie ne cesse de chanter son Magnificat.
1er D Carême C — Jésus tenté au désert
Dt 26,4-10 ; Rm 10,8-13 ; Lc 4,1-13
1. « Jésus, rempli de l’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain, et il fut conduit par l’Esprit à travers le désert, où, pendant 40 jours, il fut mis à l’épreuve par le démon ». Jésus est rempli de l’Esprit, et c’est l’Esprit qui le pousse à aller au désert pour y être mis à l’épreuve. Jésus vit en obéissance aux motions de l’Esprit en lui, et les tentations prennent place à l’intérieur d’un plan divin. L’activité de Jésus commence par une errance dans le désert, comme l’errance de 40 ans d’Israël, pour une mise à l’épreuve de la fidélité. Avec Marie, accueillons nous aussi les déserts où Dieu nous conduit quelquefois.
2. « Il fut conduit par l’Esprit à travers le désert, où, pendant 40 jours, il fut mis à l’épreuve par le démon ». Au désert, Israël murmure et se révolte ; au désert, Jésus repousse la tentation par sa fidélité à Dieu son Père. Celui auquel il s’affronte, celui dont il veut nous délivrer, c’est le diable. L’Évangile nous montre sobrement, mais clairement, où est l’affrontement de Jésus et du chrétien. Avec Marie, pour vivre ce combat, revêtons-nous de la victoire de Jésus.
3. « Il ne mangea rien en ces jours-là, et quand ce temps fut écoulé, il eut faim ». Le désert de Juda est le nouveau Sinaï, où Jésus, nouveau Moïse, fait l’expérience de la présence de Dieu, dans l’austérité du jeûne. Sa victoire sur la tentation, Jésus l’a obtenue par le moyen du jeûne. Lorsque la tentation nous touche sur l’essentiel, Jésus nous montre que le jeûne est indispensable pour obtenir la victoire… Demandons la grâce de savoir nous priver pour vivre plus libres.
4. « Le démon lui dit alors : Si tu es le Fils de Dieu… Jésus répondit : Il est écrit… » Ces trois dialogues entre Satan et Jésus convergent vers l’unique tentation : mal user de la puissance messianique. Les miracles de Jésus sont des signes de l’amour de Dieu pour les hommes. Ils ne sont pas des moyens de se satisfaire (changer les pierres en pains) ou d’étonner le monde (se jeter du haut du Temple). La proposition de se prosterner devant Satan évoque un marché qui accepterait un partage de puissance sur le monde… Avec Marie, demandons à être éclairés par l’Esprit pour bien user des grâces de Dieu.
5. « Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentation, le démon s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé ». Jésus, par son obéissance au Père, a éloigné le démon. Et c’est encore sa très grande obéissance qui l’éloignera lorsqu’il reviendra au moment de la croix. « Dans le Christ, c’est toi qui étais tenté, parce qu’il tenait de toi sa chair, pour te donner le salut… il tenait de toi la tentation pour te donner la victoire… Reconnais que c’est toi qui étais tenté en lui, et alors reconnais que c’est toi qui es vainqueur en lui » (St Augustin). Avec Marie, demandons la grâce de l’obéissance au Père pour entrer dans la victoire de Jésus.
2° D Carême A — De la Passion à la transfiguration
Gn 12,1-4 ; 2Tm 1,8-10 ; Mt 17,1-9.
1. « Le Seigneur dit à Abraham : « Pars de ton pays, laisse ta famille et la maison de ton père, va dans le pays que je te montrerai… je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction ». Dans l’obéissance parfaite du patriarche est émise la promesse d’une bénédiction universelle qui procède de sa fidélité à Dieu. Dans le renoncement total, se trouve la fécondité illimitée. En ce sens, Abraham est une figure de Jésus. Et sa foi, comme celle de Marie, est une lumière pour notre chemin de Carême.
2. « À partir de ce moment, Jésus le Christ commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup… être tué, et le 3° jour ressusciter. Six jours après… il fut transfiguré devant eux ». Si le récit de la transfiguration se trouve traditionnellement dans le temps du Carême, c’est pour rappeler que cette manifestation de la gloire de Jésus se produit après qu’il a déclaré à ses disciples qu’il montait à Jérusalem pour y souffrir et y mourir. Prions avec Marie, qui a si bien vécu la parole de Jésus : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ».
3. « Les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d’une grande frayeur… ». Les disciples, Pierre le premier, seront, lors de l’arrestation de Jésus, pris de peur et s’enfuiront. Et ici aussi, devant la transfiguration, ils sont tout effrayés. Mais les deux fois, leur crainte ne peut empêcher qu’ils reçoivent part à l’essentiel de l’événement. Marie, conduis-nous à ouvrir nos cœurs à Jésus, et à accueillir sa présence de Fils de Dieu dans la confiance et dans la paix.
4. « Une nuée lumineuse les couvrit de son ombre ; et de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! » Sur la montagne, ils aperçoivent le ciel ouvert et une épiphanie du Dieu trinitaire : le Père leur montre son « Fils bien-aimé », qu’ils doivent écouter. Et le Saint Esprit, sous la forme d’une nuée lumineuse, les introduit dans la sphère du mystère. Et pourtant, ce n’est qu’après la Pentecôte, qu’ils saisiront l’ampleur de l’événement, dont Pierre se portera témoin dans sa lettre. Prions avec Marie pour obtenir l’Esprit.
5. « Notre Sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté en détruisant la mort, et en faisant resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’Évangile… Maintenant, cette grâce est devenue visible à nos yeux ». Ces lignes de Paul à Timothée, nous les relisons aujourd’hui non seulement à la lumière de la résurrection de Jésus, mais aussi de sa transfiguration. Elle fait resplendir la vie et l’immortalité de façon visible. Accueillons ce don avec action de grâce, comme Marie en son Magnificat.
2° D Carême B — Abraham, le Père, et Marie : le don du Fils unique
Gn 22,1-18 ; Rm 8,31-34 ; Mc 9,2-10.
1. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ? ». Saint Paul le perçoit clairement : Jésus qui donne sa vie, c’est le Père qui donne son Fils. La rédemption de l’homme est accomplie est une œuvre d’amour du Père et du Fils dans l’Esprit. Le Père, en donnant Jésus, se donne lui-même totalement aux hommes. Marie, toi qui la première as reçu le Père qui se donne en Jésus, aide-nous à mieux accueillir sa présence en Jésus.
2. Dieu dit à Abraham : « Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton fils unique ». Abraham est ici celui qui représente devant nous le grand amour du Père qui nous donne son Fils unique. De même qu’Abraham a offert son fils à Dieu dans un total abandon, de même le Père va donner son Fils par amour pour les hommes. Marie, aide-nous à comprendre ce grand amour du Père et à recevoir Jésus comme un don d’amour du Père.
3. « Toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée » (Lc 2,35). Marie, dans sa participation à la mort de Jésus sur la croix, nous découvre une autre face de l’épreuve d’Abraham : nous désapproprier du don de Dieu… le grain de blé doit mourir pour porter fruit. De même qu’Abraham a livré son fils unique, fruit de la promesse, ainsi Marie donne aux hommes son fils Jésus, don du Père. En cet acte de dépossession, d’abandon, elle reçoit une mystérieuse fécondité, une nouvelle maternité : « Femme, voici ton fils ». Accueillons sa maternité.
4. « On peut comparer la foi de Marie à celle d’Abraham que l’Apôtre appelle “notre père dans la foi” (cf. Rm 4,12)…. La foi d’Abraham représente le commencement de l’Ancienne Alliance ; la foi de Marie… inaugure la Nouvelle Alliance. (…) L’obéissance de la foi chez Marie au cours de tout son itinéraire aura des analogies étonnantes avec la foi d’Abraham… Croire veut dire “se livrer” à la vérité même de la parole du Dieu vivant, en sachant et en reconnaissant humblement “comment sont insondables ses décrets et incompréhensibles ses voies” (Rm 11,33). » (JP II, R.M. n° 14)
5. Au seuil de la vie publique de Jésus : le baptême au Jourdain. Le Père atteste : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». Au seuil de la Pâque : la Transfiguration, où le Père manifeste encore une fois son Fils bien-aimé. « Par le baptême de Jésus fut manifesté le mystère de notre première régénération, notre baptême ; la Transfiguration est le sacrement de la seconde régénération : notre propre résurrection » (CEC 556, qui cite Thomas d’Aquin). En toi, Marie, à travers ton Immaculée Conception et ton Assomption, nous contemplons ces deux grâces portées à leur point d’incandescence en une créature humaine.
2° D Carême C : Jésus transfiguré
Gn 15,5-18 ; Ph 3,17-4,1 ; Lc 9,28-36.
1. « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre ». Le Carême nous invite à chercher le Seigneur, à mettre nos pas dans les pas de Jésus. Ainsi, l’invitation de Jésus à monter sur la montagne pour prier que nous entendons dans cet évangile de la transfiguration nous concerne pour le temps tout entier du Carême : en faire un temps de prière, avec l’aide de Marie.
2. « Pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante ». Voici Jésus transfiguré, transformé, glorieux déjà. Il nous montre le terme du chemin, le but de notre vie : la gloire du ciel. Un peu comme Marie dans ses apparitions. Tel est aussi l’objectif du Carême : nous recentrer sur la résurrection du Christ, Pâques. Avec Marie, prions pour vivre cette démarche.
3. « Et deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils s’entretenaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem ». Moïse et Élie sont deux grands fondateurs de la religion juive. Ils ont consacré toute leur vie à ce peuple. Ils parlent avec Jésus de son « exode » à Jérusalem, de sa croix toute proche. Du don de sa vie pour son peuple. Avec Marie, accueillons plus profondément ce don pendant notre Carême.
4. « Une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent, et de la nuée, une voix se fit entendre : Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le » Les disciples découvrent la gloire de Jésus transfiguré et sa relation filiale avec le Père. Il les invite à écouter Jésus, son Fils bien-aimé, son unique, à écouter ses paroles de vie et de lumière, et à le suivre ainsi sur son chemin de croix et de résurrection. Nous en demandons la grâce pour nous aussi avec Marie.
5. « Quand la voix eut retenti, on ne vit que Jésus seul ». Que Marie nous montre le vrai chemin pendant ce Carême. Le vrai Chemin, c’est-à-dire Jésus seul. Carême, temps de purification, de recentrage sur l’essentiel, temps pour retrouver notre être profond de « fils » de Dieu dans le Fils unique, Jésus. Demandons l’aide de Marie, comblée de l’Esprit : par son intercession, que l’Esprit Saint vienne transfigurer nos pauvres démarches en un itinéraire pascal.
3° D Carême A — La Samaritaine s’éveille à l’amour véritable
Ex 17,3-7 ; Rm 5,1-8 ; Jn 4,5-42.
1. « Jésus arrive à une ville de Samarie… où se trouve le puits de Jacob. Fatigué par la route, il s’était assis là, au bord du puits ». Jésus nous apprend à nous rendre auprès de la personne dans le besoin. Il part du bord du Jourdain et, géographiquement, il lui aurait été plus facile de suivre la vallée du Jourdain. Mais la volonté de Dieu, c’est le salut éternel de cette femme, et il va se trouver en plein midi, seul, au puits de Jacob. Demandons la grâce d’être disponible, comme Jésus et Marie, aux motions de l’Esprit Saint, pour aller là où le Seigneur veut.
2. « Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire ». Jésus nous apprend à aborder les autres dans une attitude de pauvreté. Lui qui veut donner l’eau vive de l’Esprit commence par demander à boire. Le fond de sa démarche est d’éveiller la liberté de cette femme. Pour qu’elle puisse apprécier ce qu’il va lui offrir, il est nécessaire qu’elle commence par ressentir la joie de donner. Demandons avec Marie la grâce de la pauvreté : savoir d’abord demander avant de donner.
3. « Celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif : … elle deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle ». Jésus nous apprend à tenir un langage direct sur la vie éternelle. Il invite la Samaritaine à s’ouvrir au don de Dieu, à désirer l’eau de la Parole-Sagesse, l’eau vive de l’Esprit. Mais elle comprend « l’eau du puits ». Nous ne devons pas craindre ce décalage dans l’évangélisation. Sachons affirmer, comme Marie dans ses visitations, que l’eau d’ici-bas ne peut satisfaire le désir d’infini de l’homme ; seule l’eau vive de l’Esprit donne la plénitude.
4. « – Va, appelle ton mari, et reviens. – Je n’ai pas de mari. – Celui que tu as maintenant n’est pas ton mari : là, tu dis vrai. » Jésus nous apprend la nécessité de l’aveu du péché. Il prend l’initiative de demander à cette femme d’entrer dans le repentir de son péché : « Appelle ton mari ». Reconnaître son propre péché est la condition de base pour accueillir l’amour. Demandons la grâce de nous situer en vérité dans les dialogues avec les autres, et d’oser dénoncer certaines situations de péché par amour du pécheur, avec grande discrétion et délicatesse comme Marie sait le faire.
5. « Dieu est Esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer ». Jésus nous apprend que se convertir, c’est passer de la religiosité à la foi vivante. À cette femme qui lui demandait s’il fallait adorer Dieu au temple situé sur le Mont Garizim, en Samarie, ou bien au temple situé à Jérusalem, Jésus lui dit : au fond, ce n’est pas la question ; les vrais adorateurs adorent le Père dans l’Esprit et la Vérité. Cette parole déclenche une profession de foi au Christ. Demandons à être inspirés dans nos paroles. Elles peuvent faire passer de la religiosité à la foi, permettre l’accueil de l’Amour vivant. Marie, dans ses sanctuaires, n’est-elle pas une grande pédagogue de cette conversion ?
3° D Carême B — Jésus, le Temple…
Ex 20,1-17 ; 1 Co 1,22-25 ; Jn 2,13-25.
1. « Le sanctuaire dont il parlait, c’était son corps ». Saint Jean nous invite à contempler l’humanité de Jésus : elle est vraie présence de Dieu, vrai Temple qui contient la divinité. Marie, toi qui as donné à Jésus son corps, aide-nous à croire en sa divinité, et à accueillir ses pensées, ses paroles, ses gestes, ses actes comme ceux mêmes de Dieu.
2. « Quand il se releva d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite ». Les paroles de Jésus, celles des prophètes, les dix Paroles, entendues dans la 1° lecture, sont des paroles divines. C’est seulement dans l’Esprit Saint qu’elles peuvent être reçues comme des paroles vivantes qui touchent notre cœur… Avec Marie qui gardait la Parole dans son cœur, demandons l’Esprit Saint pour accueillir la Parole de Dieu comme parole vivante.
3. « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic ». Jésus est chez lui au Temple. Comme il l’avait déjà dit à 12 ans : « Ne saviez-vous pas que je dois être chez mon Père ? » De tout lieu cultuel, de nos églises paroissiales, de nos chapelles et oratoires, Jésus attend qu’elles soient des lieux de prière, des lieux d’accueil de la présence divine. Nous prions avec Marie pour tous les pèlerins et les priants qui passent dans nos églises tout au long de l’année, mais aussi pour tous les laïcs qui entretiennent ces églises…
4. « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3,16). Jésus est chez lui dans le Temple. Il est aussi chez lui dans le cœur de l’homme. Avec le Père et l’Esprit, il vient « demeurer » en nous. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons une demeure chez lui » (Jn 14,23). Avec Marie, prions pour que chaque baptisé se reconnaisse comme temple de la présence divine.
5. Jésus vient purifier le cœur de l’homme. Prions pour que ce temps du Carême soit un temps de véritable conversion, de sorte que nous ne méritions pas le reproche de Jésus aux pharisiens : « au-dehors vous offrez aux yeux des hommes l’apparence de justes, mais au-dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité » (Mt 23,28). Dans la prière de Marie, demandons la grâce d’accepter, comme le dit Paul, « la folie de Dieu plus sage que l’homme, la faiblesse de Dieu, plus forte que l’homme ».
3° D Carême C — Appels à la conversion
Ex 3,1-15 ; 1 Co 10,1-12 ; Lc 13,1-9.
1. « Ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que les autres habitants de Jérusalem ? ». Ces faits divers d’actualité racontés par Jésus sont aussi les nôtres aujourd’hui. Mais nous ne posons plus la question : ces gens qui sont morts ainsi, qu’avaient-ils fait de mal ? Car nous savons qu’un accident atteint tout le monde, sans distinction de valeur morale. Marie, mère de miséricorde, aide-nous à ouvrir notre cœur à la compassion envers toutes les victimes du mal.
2. « Eh bien non, je vous le dis ; mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière ». Les malheurs peuvent atteindre les justes et les pécheurs. Mais ils sont signes, avertissement, du sérieux de la vie et du drame du refus de Dieu. Le refus de la conversion amène la mort. La mort physique de ces gens est l’image de la mort spirituelle de ceux qui refusent la conversion. Avec Marie qui nous l’a souvent demandé, prions pour tous les hommes qui s’éloignent de Dieu par manque de conversion.
3. « Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ? ». L’absence de conversion nous rend stériles. Nous épuisons le sol sans porter de fruit. C’est l’un des sens de cette petite parabole. Dans la Bible, l’arbre stérile, ou qui produit de mauvais fruits, désigne le pécheur. L’arbre fructueux, le disciple qui fait effort. Avec Marie, demandons la lumière et la force de l’Esprit Saint, pour vivre en vérité notre Carême.
4. « Seigneur, laisse-le encore cette année… Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon tu le couperas » La suite de la parabole illustre la patience de Dieu vis-à-vis de notre faiblesse. Le vigneron intercède, comme autrefois Moïse et les prophètes. Jésus ne cesse de prêcher la conversion, d’attendre le retour du pécheur, de l’incrédule. Mais si cette patience n’est pas accueillie, celui qui la refuse porte la responsabilité de son malheur. Que Marie soit en aide à chacun dans son combat spirituel.
5. La seconde lecture (1 Co 10) nous donne un aperçu des grâces accordées au peuple dans le désert après la sortie d’Égypte, qui sont comme une typologie des sacrements de baptême et d’eucharisitie. Mais de nouveau, toute cette mémoire des grâces de Dieu doit nous servir d’avertissement; en effet, le peuple, ingrat, murmurait contre Dieu. « La plupart n’ont fait que déplaire à Dieu… Leur histoire devait servir d’exemple, et l’Écriture l’a racontée pour nous avertir ». Aide-nous, Marie, en reconnaissance des dons de Dieu, à vivre la fidélité à son amour.
4° D Carême A — Je suis la lumière du monde
1 S 16,1-13 ; Ep 5,8-14 ; Jn 9,1-41.
1. « Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. Cela dit, il cracha sur le sol et avec la salive il fit de la boue qu’il appliqua sur les yeux de l’aveugle, et il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé ». Quand il revint, il voyait clair. » Cet homme obéit sans comprendre. Ensuite il en reste simplement à sa guérison, sans savoir qui l’a guéri. Puis, devant les pharisiens, il reconnaît dans le guérisseur un prophète. Il acquiert le courage de défier ses adversaires… Il se transforme lentement en un vrai croyant. Avec Marie, prions pour les catéchumènes.
2. « Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Jésus se donne à reconnaître, et maintenant, cet aveugle guéri est mûr pour l’adorer en vrai croyant. Sorti de ténèbres sans espoir, il a grandi dans la lumière de la foi, tout cela par la force d’une grâce offerte. Demandons l’aide de Marie pour grandir dans la foi, jusqu’à une lumière de plus en plus pure, en avançant vers Pâques.
3. « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Celui qui reconnaît qu’il doit sa vue et sa foi au Christ, vient par pure grâce du Seigneur définitivement à la lumière. En revanche, celui qui pense être voyant et bon croyant par lui-même et sans en être redevable à la grâce, celui-là est déjà aveugle et le sera définitivement. Ouvrons-nous, avec Marie, à l’Esprit d’humilité pour échapper à cet aveuglement et venir à la lumière.
4. « Vivez comme des fils de la lumière. Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres ; démasquez-les plutôt. Quand ces choses-là sont démasquées, leur réalité apparaît grâce à la lumière, et tout ce qui apparaît ainsi devient lumière. » Nous avons tous suivi le chemin de l’aveugle-né ; nous avons été introduits par le Seigneur dans sa lumière. Avec l’aide de Marie, comme l’aveugle, amenons ce qui dans nos vies reste obscur vers la lumière de Jésus. Dans notre cheminement vers Pâques, que Jésus transforme en lumière tout ce qui sera ainsi éclairé.
5. « Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » L’amour gratuit de Dieu se donne à nous, il fait reposer sur nous ses bienfaits indépendamment de notre dignité et de nos capacités. L’aveugle-né n’avait pas demandé à être guéri, et Jésus l’a guéri « afin que l’action de Dieu se manifeste en lui ». Accueillons l’amour gratuit de Dieu en nos vies pendant ce Carême, et partageons cette Bonne Nouvelle en chantant comme Marie « Magnificat ».
4° D Carême B — Dieu riche en miséricorde
2 Ch 36,14-23 ; Ep 2,4-10 ; Jn 3,14-21.
1. « Il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne la vie éternelle ». Jésus annonce sa mort. Sa croix est comme le trône royal où règne la Vie qui engloutit la mort. Alors, par la foi en cet acte rédempteur, nous pouvons à notre tour recevoir la Vie plus forte que la mort. N’ayons pas peur de contempler la croix comme le lieu de la victoire de Jésus, que la résurrection ne fait que manifester. Marie le sait bien pour y avoir été présente.
2. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle ». La foi en ce que Jésus a accompli nous fait échapper à la mort, et nous permet de recevoir la Vie. Le don de la vie éternelle est gratuit, et ne dépend pas de nos actes, comme en témoigne la parole de Jésus au larron crucifié à côté de lui. Il nous est simplement demandé de croire en la miséricorde du Père : il a donné son Fils pour notre Vie.
3. « Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés… il nous a fait revivre avec le Christ… avec lui il nous a ressuscités… avec lui il nous a fait régner dans les cieux ». Cette magnifique profession de foi tirée de la lettre aux Ephésiens a servi de titre à l’une des encycliques de Jean-Paul II. Et Marie en est comme la plus belle illustration : « comblée de grâce », elle est la bien-aimée du Père et du Fils dans l’Esprit. Dans la gloire de son Assomption, elle est le signe vivant de la gratuité de l’amour divin…
4. « C’est bien par grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi ». Cette phrase de Paul nous redit que la grâce divine a besoin de la foi pour être accueillie. La foi de Marie a profondément frappé Élisabeth, qui avait pourtant une perception précise de la présence divine en Marie. Oui, « heureuse celle qui a cru en l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Demandons-lui d’obtenir du Saint Esprit pour nous le don de foi.
5. « Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas de vos actes, il n’y a pas à en tirer orgueil ». Aucun acte humain ne peut donner droit à la Vie de Dieu ; elle est pure grâce. Nous n’avons rien à donner en échange, nous ne pouvons que recevoir, en venant « les mains vides. » C’est pourquoi nous aimons à fréquenter Marie. Nous admirons en elle l’œuvre de la grâce de Dieu, car nous savons que sa préservation du péché en fait la créature « graciée » Avec elle bénissons le Dieu riche en miséricorde.
4° D Carême C — Père, j’ai péché contre toi !
Jos 5,9-12 ; 2 Co 5,17-21 ; Lc 15,1-32.
1. « Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. » Cette parabole, c’est d’abord celle de l’Amour du Père, qui accueille avec grand cœur son fils de retour à la maison. Ainsi, dans notre Sacrement de réconciliation, commençons-nous par un temps d’accueil qui peut nous aider à nous abandonner dans la confiance. Avec Marie, mère de miséricorde, laissons-nous accueillir par le grand amour du Père.
2. « Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller. mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds. Allez chercher le veau gras… Mon fils était mort, et il est revenu à la vie. » Le fils cadet qui revient découvre avec émerveillement dans les signes du pardon l’immensité et la gratuité d’un amour qu’il ne connaissait pas. De même, le pénitent découvre l’Amour de Dieu en écoutant sa Parole qui lui révèle aussi son péché. Avec Marie, ouvrons nos cœurs au pardon du Père.
3. « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils… » Le fils prodigue, en venant se reconnaître pécheur devant son Père, reconnaît en même temps l’amour de son Père, qui le rétablit dans sa dignité de fils. De même, le pénitent confesse l’amour de Dieu en même temps que son péché. En accueillant la paternité divine, il reconnaît qu’il a perdu sa dignité de fils par son péché. Aide-nous, Marie, à vivre de façon renouvelée le sacrement de la réconciliation.
4. « Le fils aîné se mit en colère et il refusait d’entrer… Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres… » Ce fils aîné est le portrait type de la religion pharisienne. Religion pratiquée scrupuleusement où l’on est en règle avec un Dieu comptable. Mais religion sans miséricorde, où l’on juge les autres avec un cœur dur et fermé. Marie, toi qui es comblée de grâce, aide-nous à guérir d’une religion de la loi et de la règle, à nous ouvrir à la miséricorde, à la confiance…
5. « Toi mon enfant tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère était mort et il est revenu à la vie. » Le Père joue un rôle central dans l’itinéraire de ses deux fils. Ayant accueilli comme un fils le prodigue qui revenait à lui, il veut réconcilier ses deux fils et les rendre l’un à l’autre en tant que frères. Marie, fille bien-aimée du Père, aide-nous à nous laisser transformer par sa miséricorde. Intercède pour l’Église de Jésus pour qu’elle retrouve son unité.
5° D Carême A — Lazare, viens dehors !
Ez 37,12-14 ; Rm 8,8-11 ; Jn 11,1-45.
1. « J’ouvrirai vos tombeaux et je vous en ferai sortir, ô mon peuple ! Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez ». Dieu veut nous combler au-delà de nos attentes ; cette prophétie d’Ezéchiel en témoigne, prononcée au moment où le peuple d’Israël est anéanti par l’exil… Jean, qui a été témoin de l’épisode du retour de Lazare à la vie, en est lui aussi certain. Il nous y fait entrer un peu comme dans une histoire, l’histoire d’une tragédie qui finit bien… Avec Marie, prions pour les personnes marquées par l’épreuve et la désespérance.
2. « Lazare est mort, et je me réjouis pour vous de n’avoir pas été là-bas, afin que vous croyiez ». Mystère de l’amour de Dieu… qui laisse s’accomplir un mal pour en tirer un plus grand bien… qui laisse souffrir ses amis… Lazare meurt, Marthe et Marie éprouvent cruellement ce départ et l’absence de Jésus. Et pourtant, Jean prend soin de noter : « Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare ». Rien n’est donc en dehors de l’amour de Dieu. Et Dieu ne cesse de tirer le bien du mal, afin de fortifier notre foi. Avec Marie, demandons la grâce d’une foi qui sache contempler l’amour de Dieu au-delà des pires épreuves.
3. « Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Le crois-tu ? » Marthe, qui manifeste une foi vive, attend l’impossible de la part de Jésus, même si humainement, il n’y a plus rien à espérer. Pour Jésus, la mort physique n’est pas une vraie mort, car la mort, c’est la séparation éternelle de Dieu. Et c’est par la foi en lui qu’on y échappe. C’est pourquoi il attend de Marthe un acte de foi clair et sans faille. « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu qui vient dans le monde ». Demandons à l’Esprit Saint, par Marie, de faire grandir notre foi. Car la foi en Jésus est la Vie.
4. « Lorsqu’il vit pleurer Marie… Jésus fut irrité intérieurement et s’indigna » Des biblistes soulignent que Jésus exprime ici plus qu’une forte émotion : un trouble qu’on pourrait appeler de l’indignation. Jésus accepte qu’on puisse pleurer un mort, et lui même pleure Lazare. Mais il n’admet pas qu’on puisse pleurer devant lui comme devant un mort… Devant le spectacle du mal, on accuse Dieu de ne rien faire. Et Jésus n’accepte pas cette attitude, car elle manifeste un manque de foi… Prions pour tous ceux qui, dans leurs épreuves, sont tentés de renier Jésus.
5. « Lazare, viens dehors… Déliez-le et laissez-le aller » Jésus opère publiquement le miracle du retour de Lazare à la vie. Il signe ainsi son propre arrêt de mort auprès de ses adversaires… C’est que Jésus veut passer la mort physique pour nous libérer de la mort éternelle. Le «réveil» de Lazare n’en est qu’un signe… qui montre que Jésus a pouvoir sur la mort, sur toute mort… Prions pour toutes les personnes affrontées à la mort de leurs proches.
5° D Carême B — Le grain de blé
Jr 31,31-34 ; He 5,7-9 ; Jn 12,20-33.
1. « Nous voudrions voir Jésus ». Qu’est-ce donc « voir Jésus » ? Dans l’évangile selon saint Jean, et aussi dans notre temps liturgique qui précède la Passion, nous savons que « voir Jésus », c’est pouvoir, dans la foi, contempler en sa croix son amour rédempteur de tous les hommes. Demandons pour tous les hommes le don de l’Esprit Saint. Qu’il avive le désir de connaître le Dieu d’amour révélé par Jésus, à travers sa mort et sa résurrection… Unissons notre prière à celle de Marie pour tous les incroyants, pour tous les indifférents…
2. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Ainsi parle Jésus de sa propre mort en croix, qu’il a vécue « avec un grand cri et dans les larmes ». « Bien qu’il soit le Fils, il a pourtant appris l’obéissance par les souffrances de sa passion ». Portons dans notre prière tous ceux qui sont appelés à faire de leur vie et de leur mort, à travers des épreuves, une offrande pour un fruit plus grand. Et consentons aux petites morts qui nous sont proposées dans la vie quotidienne, pour récolter un fruit de résurrection.
3. « Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle ». Jésus énonce ce qu’on pourrait appeler la loi chrétienne du « qui perd, gagne ». Se déprendre de soi-même, se donner, se livrer, accepter que l’emprise sur notre vie nous soit retirée… C’est le chemin royal de croix et de résurrection que Jésus nous propose à sa suite. Marie, tu as vécu la première ce détachement, ce don de toute ta vie ; aide-nous à perdre notre vie pour suivre Jésus au jour le jour…
4. « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur ». Ta présence, Marie, au pied de la croix, et ton Assomption glorieuse, sont pour nous un modèle de la vie et de la vocation du disciple. Comme les martyrs, tu as vécu la « première résurrection ». Aide-nous à comprendre que nous ne pouvons pas prétendre suivre Jésus sans accueillir la croix dans nos vies, pour ressusciter nous aussi. Nous voulons prier avec toi pour nous convertir en ce temps où nous approchons de Pâques.
5. « Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ». La croix de Jésus est comme le sommet de son acte d’amour pour chacun de nous. « Il m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2,20). La force et la vérité de son amour nous ont séduits… et continuent à séduire des hommes et des femmes de notre temps. Ouvrons nos cœurs à l’Esprit Saint, laissons-nous attirer à Jésus, pour que d’autres encore viennent à lui.
5° D Carême C — Va, ne pèche plus !
Is 43,16-21 ; Ph 3,8-14 ; Jn 8,1-11.
1. « Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? ». Cette parole d’espérance peut s’appliquer à la Vierge Marie en qui nous contemplons la nouveauté radicale de Dieu. À l’Annonciation, à la croix, comme à la Pentecôte, s’accomplit à travers elle la naissance par l’Esprit de ce monde nouveau. Aujourd’hui encore, avec elle, nous accueillons cette nouveauté de Dieu. Mais pour cela, il nous est demandé de nous convertir, particulièrement en ce temps de Carême.
2. « Tous les avantages que j’avais autrefois, je les considère maintenant comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur ». Saint Paul en témoigne : c’est le pardon de Dieu, la grâce de Dieu, qui réalise le monde nouveau. Paul sait que ce qui lui est arrivé, l’irruption de la lumière du Ressuscité dans sa vie, reste le véritable avenir de tout homme. Avec Marie, prions pour les convertis à venir, et les baptisés de la nuit pascale.
3. Dans l’épisode de la femme adultère pardonnée, par deux fois il est dit que Jésus se baisse et se redresse. Ne serait-ce pas une action symbolique ? « Jésus s’était baissé, et du doigt, il traçait des traits sur le sol. Il se redressa et leur dit… » Peut-être pouvons-nous penser qu’en se baissant, il évoque la chute du pécheur ; et en se redressant, il exprime sa conversion. Avec Marie, prions pour demander le « redressement », la conversion des pécheurs, et d’abord la nôtre.
4. « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre » Par cette parole, Jésus rassemble les accusateurs et l’accusée, tous coupables devant Dieu. Il invite chacun à un examen de conscience, et à laisser retentir en lui la certitude qu’il est le premier pécheur. Dieu seul peut juger le fond des cœurs, et lui seul sait réagir devant le pécheur. Avec Marie, demandons à être purifié de notre orgueil, et à recevoir la sagesse de l’humilité.
5. « Moi non plus je ne te condamne pas. Va, et désormais, ne pèche plus » Cette parole de pardon, nous renvoie à ce que Jésus a fait pour nous. Il a souffert pour tous, afin d’acquérir pour tous le pardon du Père ; et pour cette raison, plus personne ne peut accuser un autre devant Dieu. Si nous accueillons notre pardon, il nous faut aussi accueillir le pardon que Dieu procure à nos frères. Demandons avec Marie un cœur de miséricorde.