À 75 ans, dom Philippe Dupont a annoncé sa démission le mardi de Pâques. L’élection de son successeur s’est déroulée mardi 17 mai avec les moines et abbés de la congrégation bénédictine de Solesmes.
La communauté monastique de Solesmes a élu mardi 17 mai son nouvel abbé. C’est dom Geoffroy Kemlin, 43 ans, qui est désormais à la tête de l’abbaye de Solesmes mais aussi de la congrégation bénédictine de Solesmes. Il succède à dom Philippe Dupont qui, âgé de 75 ans, souhaitait démissionner de sa charge abbatiale assurée depuis 1992, décision annoncée à sa communauté le 19 avril, mardi de Pâques. L’élection s’est déroulée à Solesmes avec les moines de l’abbaye Saint-Pierre mais aussi les abbés des différentes maisons rattachées à Solesmes.
Une trentaine d’abbayes affiliées
Fondée au XIe siècle, Solesmes a connu une longue histoire. De 1790 à 1833, du fait de la Révolution, l’abbaye était en déshérence. C’est dom Prosper Guéranger qui a refondé l’abbaye, bientôt responsable de la « congrégation bénédictine de Solesmes » reconnue par le pape Grégoire XVI en 1837. Une trentaine d’abbayes sont aujourd’hui affiliées à Solesmes, de Ligugé à Saint-Wandrille, Fontgombault, Kergonan ou Keur Moussa (Sénégal).À lire aussiDom Guéranger, le retour au grégorien
Parisien d’origine, le nouvel abbé est entré à l’abbaye à l’âge de 20 ans. « J’ai ressenti l’appel de Dieu très tôt, mais c’est surtout lorsque j’étais au lycée que je me suis décidé », avait expliqué à la presse locale Geoffroy Kemlin en 2015.
Prieur depuis plusieurs années
Issu d’une famille croyante, il s’opposa alors malgré tout à l’inquiétude paternelle : « Le fait de me voir enfermé entre quatre murs, de se dire que je n’aurais jamais d’enfants, c’était un arrachement pour lui. Il a finalement accepté. » Depuis plusieurs années, il est prieur de l’abbaye.À lire aussi« Le Temps des moines », l’utopie monastique en France
Répondant à un journal économique, le numéro deux de Solesmes expliquait sa charge en ces termes : « Chargé de la communication interne, je suis, en quelque sorte, l’interface entre le père abbé et les moines de l’abbaye. »
Un rayonnement international
Haut lieu de spiritualité, l’abbaye de Solesmes qui vit la Règle de saint Benoît connaît un rayonnement international. Un soin tout particulier est attaché à la beauté des liturgies, avec un registre de chants grégoriens et psaumes en latin. La communauté bénédictine attire à elle de nombreuses personnalités telles que Picasso, Braque, des écrivains et poètes aussi, Montherlant, Mauriac, et encore Debussy ou Poulenc. À lire aussi Fabrice Hadjadj, les larmes du philosophe
C’est à Solesmes qu’a eu lieu le baptême de philosophe Fabrice Hadjadj. La vie économique de la communauté s’appuie sur la maison d’édition fondée au XIXe siècle, ainsi que sur l’hôtellerie de quelque 35 chambres, restaurées il y a quelques années.
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