Jean, le confesseur

(3° D. AV. B — Jn 1, 6-8. 19-28)  Ce passage de l’Évangile de Jean se compose de deux extraits : l’un du prologue, l’autre du passage1 qui suit le prologue et qui concerne le témoignage du Baptiste (Jn 1, 19-34), et son témoignage ultime : « c’est lui le Fils de Dieu » (v. 34). Pour l’instant, il est question de l’identité de Jean, puis de son action, le baptême d’eau.

Envoyé et témoin, premier confesseur

Le montage qu’opère de découpage liturgique du texte est évidemment très parlant. Dès le prologue, Jean est présenté comme témoin. Jean est d’abord l’envoyé de Dieu (v. 6). Dans cet Evangile, cette qualité d’envoyé d’auprès de Dieu est le privilège de Jésus. Jean est donc associé étroitement à la mission du Fils.

Il est ensuite le témoin de la Lumière (v. 8). La finalité de la mission de Jean est de témoigner « pour que tous croient dans le Verbe » (1, 7).

La réponse de Jean à la délégation venue de Jérusalem est introduite par une formule solennelle : « IL CONFESSA SANS RESTRICTION, IL CONFESSA ». C’est la première de nombreuses « confessions ». Car elle sera suivie par d’autres : André (1, 41), Nathanaël (1, 49), Pierre (6, 68), l’aveugle-né (9, 22), Marthe (11, 27)… Qu’on songe aussi à Marie-Madeleine (20, 16), Thomas (20, 28). L’Évangile selon Jean est écrit pour nous conduire à croire en Jésus, le Christ et le Fils de Dieu, et à renforcer cette foi. Et la foi en Jésus implique aussi la confession de cette foi. Jean nous la propose donc à travers le prisme de certains personnages. Un travail indéniable de composition littéraire.

La conclusion de son Évangile est limpide à cet égard : « Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom » (20, 31). Croire, oui. Mais croire pour confesser. Si nous voulons vivre notre foi avec authenticité, il nous faut aussi la confesser à l’extérieur, d’une façon ou d’une autre, et non pas « en secret » (19, 38) comme Nicodème ou Joseph d’Arimathie. Jésus ressuscité dit aux apôtres : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21).

Écouter l’homélie

Confesseur de la dignité du Christ

Cet axe de l’évangéliste de présenter Jean comme un confesseur, un témoin, se remarque aussi à la façon dont il gomme tout ce qui pourrait en faire un prophète précurseur : pas de citation de Malachie, pas de désert, pas de description de ses vêtements et de son alimentation, ni même d’appellation « le Baptiste ».

Le quatrième évangéliste refuse à la figure de Jean le titre de « Baptiste ». Il ne raconte pas le baptême de Jésus par Jean, comme nous le trouvons dans les autres évangiles. Cette omission est justifiée par la théologie johannique, qui ne voit en Jean que le témoin de Jésus.

La réponse que fait Jean à la question : « pourquoi baptises-tu ? » n’élucide pas directement le sens de son action. Mais il la met en relation avec le Christ. Alors que lui baptise dans l’eau, se tient au milieu des Juifs, au bord du Jourdain, celui qui vient après lui et dont il n’est pas digne de dénouer la lanière de la sandale. En fait, dans cette scène, il n’est question que de la dignité de Jésus en regard de celle de Jean. Il vient après Jean, mais il lui est supérieur en dignité.

Confesser la joie

La liturgie de ce 3° dimanche de l’avent nous invite à confesser la joie.

  • Le passage d’Isaïe 61, proclamé en première lecture contient une invitation du prophète à nous unir à sa joie, à cause du bonheur promis à la cité sainte, Jérusalem : « Le Seigneur m’a vêtue des vêtements du salut, il m’a couverte du manteau de la justice, comme le jeune marié orné du diadème, la jeune mariée que parent ses joyaux »
  • Ces paroles pourraient aussi s’adresser à Marie dont nous entendons la jubilation dans son cantique : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! »
  • Et Paul n’est pas en reste dans cette exhortation si vénérée dans les assemblées de prière : « Soyez toujours dans la joie, priez sans cesse, c’est la volonté de Dieu à votre égard ».

La situation du monde nécessite effectivement que nous soyons en état de prière pour frayer un passage à l’Esprit Saint. Pour nous unir de cœur aux souffrants. Pour les victimes des guerres, pour la paix. Et aussi pour ne pas nous laisser envahir par la tristesse pesante due à l’état de notre monde. Cependant, rien ne peut nous enlever la joie secrète de la foi, la joie de la présence de Jésus sauveur au cœur de ce monde avec lequel il a voulu se lier par une alliance éternelle.

IL EST FIDÈLE, CELUI QUI VOUS APPELLE (1 Th 5, 24)

1Jn 1, 19-34, le témoignage de J-B sur Jésus se subdivise en deux sous-parties : le témoignage indirect (v. 19-28), puis le témoignage direct (29-34). Ce dimanche, le passage biblique est celui du témoignage indirect.