Jésus est ressuscité corporellement

Image : chemin de croix de Bruno Desroche

L’Évangile de Jean nous présente des personnes bien précises au cœur de trois épisodes majeurs : la visite de Pierre et Jean au tombeau, l’apparition de Jésus à Marie-Madeleine, le doute de Thomas à qui Jésus apparaît aussi.

MARIE – MADELEINE

La première à voir le tombeau vide et Jésus ressuscité

Jean n’évoque pas une foule de femmes au tombeau mais parle uniquement de Marie-Made­leine (20, 1-2. 11-18). Et c’est à Marie seule que Jésus va apparaître peu après au tombeau, et c’est elle qu’il charge du message : « Je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu » (20, 17-18). C’est un facteur qui fait de Marie Madeleine un personnage important de Jean, car, même si elle n’est mentionnée qu’une seule fois ailleurs dans cet évangile (19, 25). Elle est placée à la fois à la crucifixion et au tombeau à côté du disciple bien-aimé et, bien sûr, elle est la première à voir Jésus ressuscité dans Jean.

On a enlevé le Seigneur de son tombeau

La supposition de Marie qu’ « on a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé » est répétée trois fois dans le chapitre (vv. 2. 13. 15). Qui ? Des ennemis qui voulaient empêcher l’ensevelissement de Jésus, ou des voleurs de tombes, ou Joseph et Nicodème, ou le « jardi­nier » (v. 15) ? Autrement dit : la résurrection n’est pas la réponse évidente devant un tombeau ouvert. Après que Marie l’ait pris pour le jardinier (vv. 14-15), l’interpré­tation du tombeau vide sera donnée par l’apparition de Jésus qui suit et non par l’ange.

Écouter l’homélie

PIERRE

Le premier témoin de la résurrection

Avec Pierre au tombeau, il y a le disciple bien-aimé ; ainsi le fait que le tombeau a été découvert vide est corroboré par 2 témoins, dont l’attestation de celui dont le témoi­gnage est, selon l’évangéliste, le cœur du quatrième évangile (21, 24). Luc et Jean, qui rapportent tous les deux la visite de Pierre au tombeau, s’accordent sur la séquence de cinq mots grecs : kai parakupsas blepei ta othonia, « s’étant penché/baissé, il voit les bandelettes » (Lc 24, 12 ; Jn 20, 5).

Tombeau vide et linges rangés

Si l’on compare les récits de Luc et de Jean, on perçoit que l’intention de Luc était de faire valider le récit des femmes, qui rapportaient que le tombeau était vide, par le témoin principal de la résurrection (la primauté est donnée à Pierre dans Luc 24, 34). L’inspection de Pierre règle la façon dont on peut raconter les apparitions : Jésus doit apparaître de telle sorte qu’il laisse un tombeau vide, c’est-à-dire, dans un corps de chair et d’os concret et non pas dans une expérience visionnaire subjective (Luc 24, 39).

D’une certaine façon, l’intention semble la même chez Jean ; en effet, on y parle de questions concernant le corps de Jésus après la résurrection, comme semble le montrer la rencontre de Thomas et de Jésus ressus­cité. Par ailleurs, ce que Pierre voit est expliqué avec force détails : « les bandelettes posées là et le linge qui avait recouvert la tête ; celui-ci n’avait pas été déposé avec les bandelettes, mais il était roulé à part, dans un autre endroit » (Jn 20, 6- 7). Comme dans Luc, la question ici semble le fait que le corps n’a pas été simplement déplacé ou volé — sinon celui qui aurait fait cela aurait pris le corps enveloppé dans les bandelettes.

JEAN

Une attitude exemplaire

Le disciple bien-aimé parvenant à la foi a valeur exemplaire, car il est capable de croire sans la compréhension des Écritures (v. 9) et même sans une rencontre de Jésus ressuscité (voir 20, 29). Dans le récit de Jean, cette rencontre personnelle restait encore à venir pour Pierre et les autres disciples (20, 19-23) ; elle était toute proche pour Marie (20, 11-18).

À la différence de Marie et de Pierre, Jean reconnaît le mystère de la présence à travers l’absence. Pour lui, les bandelettes et le linge funéraire sont le signe évident que Jésus est ressuscité. Étant le premier à reconnaître Jésus après la pêche miraculeuse (21,7), il est le type du parfait disciple qui sait lire les signes avec les yeux de la foi.

Le récit de Jean est finement rédigé : il souligne la rapidité de Jean pour se rendre au tombeau, comme s’il avait des ailes, ainsi que son acte de foi ultrarapide, manifestant ainsi son grand amour pour Jésus. Et cependant, il est dit aussi qu’il ne s’agit pas d’une compétition : il respecte la préséance de Pierre. C’est pour nous comme un repère : dans l’Église, l’élan mystique doit être mis au service de l’autorité hiérarchique.