(Im. : Arcabas). Nous pouvons interpréter la personne du berger ou du pasteur, qui nous est présentée dans l’Évangile, au sens strict de la responsabilité pastorale en Église, voire même en l’identifiant au ministère ordonné. Mais nous savons bien que c’est faux, parce que ce n’est pas totalement adéquat, et que chacun de nous est mis dans ce type de situation d’une façon ou d’une autre. Comment la vivre ?
Il entre par la porte, c’est lui le pasteur, le berger des brebis
Le pasteur légitime rentre par la porte, il est donné par l’Église, il ne s’autoproclame pas pasteur de lui-même. Sa charge est d’être le berger des brebis, il est donné pour les brebis… La légitimité du pasteur est reconnue d’emblée par le portier de l’enclos (10,3) comme par les brebis qui écoutent la voix de leur pasteur (10,3, puis 10,16). La légitimité du pasteur tient aussi au fait que les brebis lui sont données ; ce sont « ses brebis à lui ». Il peut ainsi appeler ses brebis parce qu’il les connaît chacune par son nom. Toute personne en responsabilité pastorale, quelle qu’elle soit, est une personne donnée pour les autres. Sa responsabilité n’est pas un pouvoir, mais un service des autres.
Il appelle ses brebis à lui chacune par son nom… elles connaissent sa voix
De cet appel dérive la possibilité de suivre (10,4.5), de se donner, d’être en communion mutuelle, et donc une familiarité. Cette familiarité du pasteur prend visage de la connaissance réciproque et de la relation « personnalisée » qu’entretient le pasteur avec chacune de ses brebis. Celles-ci connaissent leur berger et savent reconnaître sa voix (10,4b.5b, puis 14b), comme lui-même les connaît et appelle chacune par son nom (10,3). Aussi bien, le rôle du pasteur est-il défini, non seulement en fonction du troupeau en général mais de chaque brebis en particulier.
Il les fait sortir… il marche à leur tête, et elles le suivent
Le pasteur a une fonction « vitale », entendue en un double sens :
– d’une part, l’entretien de la vie de ses brebis qu’il fait sortir, qu’il conduit au pâturage (10,9) et dont il veille ainsi à la subsistance ;
– d’autre part, le maintien de cette vie en lui assurant protection et sécurité, à l’encontre de ce qui la menace du côté des étrangers (10,5), des voleurs (10,10), des bandits (10,8), ou des loups qui égorgent (10,10.12).
C’est une représentation pertinente pour toute personne qui a reçu une responsabilité pastorale. Cette fonction vitale doit être source de liberté pour tous.
Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie… en abondance.
L’ampleur de l’investissement du pasteur est décrite comme produisant un fruit de vie surabondante, de vie éternelle (10,10). Il est « le gardien de vos âmes » dit Pierre (1 P 2, 25).
Cette vie éternelle provient du don de sa propre vie (10,11). « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis… » . C’est une réalité dans la vie familiale, dans les métiers du soin (on l’a vu au moment de la pandémie), et dans toutes les situations où l’on fait passer l’autre avant soi-même.
Moi, je suis la porte des brebis
Un pastorat légitime parce que donné et reçu, un pastorat familier source de communion, un pastorat vitalisant et source de liberté, un pastorat orienté vers une perspective de vie éternelle… Quel portrait ! Et celui-ci sera véridique si nous ajoutons que le pasteur doit lui-même se soumettre, passer et entrer par la porte qu’est Jésus, se dessaisir, restituer. Il doit pouvoir dire lui-même :
Le Seigneur est mon berger : Je ne manque de rien
Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ;
Il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom (Ps 22,1-3)