Jésus parle de prévoyance

L’intendant prévoyant

Cet intendant dilapide les biens de son maître ; sans doute ne les fait-il pas fructifier ? Peut-être se les approprie-t-il en partie ? Ou encore, empoche-t-il les intérêts des prêts ? À l’époque, un intendant ne recevait pas de salaire, mais il prenait sa commission en augmentant l’intérêt des emprunteurs. La réduction qu’il leur fait est donc l’abandon de sa commission personnelle. Mais le côté exorbitant peut faire penser qu’il empochait aussi l’intérêt légitime du maître. Jésus ne donne pas en exemple son injustice, mais sa prévoyance (v. 8). Cet intendant a su utiliser son propre argent de façon avisée : en le donnant, afin de se faire des amis qui le recevront chez eux lorsqu’il n’aura plus d’argent pour cause de licenciement.

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L’interdépendance entre riches et pauvres

Comment utiliser l’argent, et spécialement « l’argent d’injustice », c’est-à-dire l’argent accumulé égoïstement et donc injustement ? Jésus montre par la parabole ce qui est sage aux yeux de Dieu : comme l’intendant, il s’agit de le donner, particulièrement aux pauvres qui sont exploités et victimes de la cupidité des autres. Cet argent leur revient en stricte justice. Dieu a ainsi fait les choses, que riches et pauvres sont faits pour se secourir mutuellement. En donnant son argent, le riche fait justice aux pauvres et se fait des amis. Au moment de sa mort, quand l’argent lui sera inutile, les pauvres feront justice au riche en l’accueillant dans le royaume de Dieu.

Cela te sera rendu à la résurrection

Il y a une autre parole de Jésus assez claire pour confirmer la conclusion de la parabole de l’intendant prévoyant, c’est celle-ci : Luc 14, 12-14. Jésus y conseille à ceux qui veulent donner un déjeuner ou un dîner de ne pas inviter des gens qui pourraient rendre l’invitation, mais au contraire d’aller chercher toutes sortes de pauvres qui n’ont pas de quoi rendre. Jésus affirme que c’est une excellente chose pour celui qui a lancé l’invitation. « Heureux seras-tu de ceux qui n’ont pas de quoi te rendre… Cela te sera rendu à la résurrection des justes ». Qu’est-ce à dire, sinon que le pauvre deviendra redevable au riche dans le monde à venir ?

L’utilisation de l’argent est une épreuve

Notre attitude actuelle vis-à-vis de l’argent est comme un test, une épreuve. Cette utilisation de l’argent est une petite responsabilité : ou bien nous l’accumulons égoïstement, ou bien nous le partageons avec les pauvres. Si nous n’utilisons pas de façon avisée l’argent et les biens matériels que nous accumulons, comment Dieu nous conférera-t-il le Bien véritable, alors que nous n’avons pas su utiliser convenablement ses biens passagers ? Et si nous ne savons pas gérer ce qui ne nous appartient pas (l’argent, les richesses…), comment Dieu donnerait-il quoi que ce soit définitivement en propriété, notre bien propre ? Selon notre attitude de fidélité ou non à sa volonté, Dieu nous confiera ou non les vraies responsabilités qu’il nous destine.

Un test de confiance pour l’avenir

On trouve le même enseignement dans la parabole des mines (Luc 19, 11-27) : le test qu’est la gérance de tous les biens qui nous sont confiés ici-bas. La somme confiée à chacun des serviteurs, une mine (= 100 drachmes) et petite. C’est une « toute petite affaire » (Lc 16,10 et 19,17). Mais au moment de la reddition des comptes (le jugement dernier dans la parabole), chacun se voit confier, selon l’aptitude à faire fructifier qu’il a montré, des responsabilités bien plus importantes : le gouvernement de 10 villes ou de cinq villes. Autrement dit : si nous savons gérer ce que Dieu ne confie passagèrement, il nous confiera ensuite les vraies responsabilités, éternelles.

En vue de servir Dieu éternellement

Pour Jésus, le service de Dieu est exclusif. On ne peut servir Dieu et aimer l’argent (Luc 16,13). La possession de l’argent, le désir des richesses, ou simplement l’accumulation des biens matériels, est un attachement du cœur qui rivalise directement avec l’amour de Dieu. Il faut se méfier de l’argent. Non pas qu’il soit mauvais en soi, mais il réveille notre égoïsme, notre orgueil, notre volonté de puissance, notre appétit de jouissance… Il peut devenir dans notre vie une idole, un faux dieu. Alors qu’il est fait pour servir Dieu dans ses pauvres en s’en détachant, et ainsi se préparer à le servir éternellement.

Approfondir : https://petiteecolebiblique.fr/2-jesus-largent-et-les-richesses/