Avec Olivier Postel-Vinay, ancien rédacteur en chef du magazine scientifique La Recherche, fondateur et directeur de Books. Auteur de Homo Cretinus (Ed.Les Presses de la Cité)
“L’intelligence chez l’homme, il a toujours l’impression d’en avoir assez, vu que c’est avec ça qu’il juge !” s’écriait Coluche. On se plaint de sa mémoire, rarement de son jugement. De là à prendre en compte sa propre bêtise, il y a un abîme. La bêtise est ce qui est le plus communément partagé et le plus mal mesuré. Il existe même une “bêtise intelligente”. Est-ce un oxymore ou bien peut-on concilier un QI élevé et un jugement faux ? Oui, affirme Olivier Postel-Vinay, qui s’inquiète du recul du QI dans les sociétés occidentales depuis les années 2000.
Jusqu’à présent, on adhérait à l’effet Flynn qui postulait causes mécaniques à l’élévation du quotient intellectuel : l’amélioration en santé et nutrition, une meilleure instruction, la complexité croissante de la société qui nécessite des niveaux de pensée abstraite plus élevés, et un environnement cognitif stimulant porté par les technologies modernes. Sauf que ce schéma est remis en cause et qu’une question sérieuse se pose si la bêtise progresse. Churchill disait que “les empires de demain sont les empires de l’esprit”. Autrement dit : la guerre sera celle des intelligences. Malheur aux sociétés en voie d’abêtissement.