François signe la préface d’un volume édité en italien par la Librairie Éditrice Vaticane, intitulé « Dieu est toujours nouveau », qui rassemble des pensées spirituelles du Pape émérite: «Son argumentation de foi était menée avec la dévotion d’un homme qui s’est abandonné tout entier à Dieu», reconnaît le Souverain pontife argentin dans ce texte élogieux.
Je suis heureux que le lecteur puisse avoir entre les mains ce texte de pensées spirituelles du regretté Pape Benoît XVI. Le titre exprime déjà l’un des aspects les plus caractéristiques du magistère et de la vision même de la foi de mon prédécesseur: oui, Dieu est toujours nouveau parce qu’Il est source et raison de beauté, de grâce et de vérité. Dieu n’est jamais répétitif, Dieu nous surprend, Dieu apporte de la nouveauté. La fraîcheur spirituelle qui transpire de ces pages le confirme avec intensité.
Benoît XVI a fait de la théologie à genoux. Son argumentation de foi
était menée avec la dévotion d’un homme qui s’est abandonné tout entier à
Dieu et qui, sous la conduite de l’Esprit Saint, cherchait à pénétrer
toujours davantage le mystère de ce Jésus qui l’avait fasciné dès sa
jeunesse.
La série de pensées spirituelles présentée dans ces pages montre la
capacité créative de Benoît XVI à explorer les différents aspects du
christianisme avec une fécondité d’images, de langage et de perspectives
qui deviennent un stimulus continu pour cultiver le don précieux
d’accueillir Dieu dans sa propre vie. La manière dont Benoît XVI a su
faire interagir le cœur et la raison, la pensée et les affections, la
rationalité et l’émotion constitue un modèle fécond sur la manière de
parler à tous de la force perturbatrice de l’Évangile.
Le lecteur en aura la confirmation dans ces pages, qui représentent – grâce aussi à la compétence de l’éditeur, que nous remercions vivement – une sorte de «synthèse spirituelle» des écrits de Benoît XVI: sa capacité à montrer toujours à nouveau la profondeur de la foi chrétienne y brille. Un petit florilège suffit. «Dieu est un événement d’amour», expression qui à elle seule rend pleinement justice à une théologie toujours harmonieuse entre raison et affection. «Qu’est-ce qui pourrait bien nous sauver si ce n’est l’amour ?» a-t-il demandé aux jeunes lors de la veillée de prière à Cologne en 2005, une méditation opportunément rappelée ici, posant une question qui fait écho à Fyodor Dostoïevski. Et lorsqu’il parle de l’Église, sa passion ecclésiale lui fait prononcer des mots empreints d’appartenance et d’affection: «Nous ne sommes pas un centre de production, nous ne sommes pas une entreprise à but lucratif, nous sommes l’Église».
La profondeur de la pensée de Joseph Ratzinger, fondée sur l’Écriture
Sainte et les Pères de l’Église, nous est encore utile aujourd’hui. Ces
pages abordent un éventail de thématiques spirituelles et nous incitent
à rester ouverts à l’horizon d’éternité que le christianisme a dans son
propre ADN. La pensée et le magistère de Benoît XVI sont et resteront
toujours fécond dans le temps, car il a su se concentrer sur les
références fondamentales de notre vie chrétienne : avant tout, la
personne et la parole de Jésus-Christ, et ensuite les vertus
théologales, à savoir la charité, l’espérance et la foi. Et pour cela,
toute l’Église lui en sera reconnaissante. Pour toujours.
En Benoît XVI, une dévotion incessante et un magistère éclairé se
sont soudés en une alliance harmonieuse. Combien de fois a-t-il parlé de
la beauté avec des mots touchants! Benoît XVI a toujours considéré la
beauté comme un moyen privilégié d’ouvrir les hommes et les femmes au
transcendant et de pouvoir ainsi rencontrer Dieu, ce qui était pour lui
la tâche la plus haute et la mission la plus urgente de l’Église. En
particulier, la musique était pour lui un art voisin avec lequel élever
l’esprit et l’intériorité. Mais cela n’a pas détourné son attention, en
véritable homme de foi, des grandes et épineuses questions de notre
temps, observées et analysées avec un jugement conscient et un courageux
esprit critique. À l’écoute de l’Écriture, lue dans la tradition
toujours vivante de l’Église, il a su, dès sa jeunesse, puiser cette
sagesse utile et indispensable pour établir une confrontation dans le
dialogue avec la culture de son temps, comme le confirment ces pages.
Remercions Dieu de nous avoir donné le Pape Benoît XVI: avec sa
parole et son témoignage, il nous a enseigné qu’à travers la réflexion,
la pensée, l’étude, l’écoute, le dialogue et surtout la prière, il est
possible de servir l’Église et de faire du bien à toute l’humanité; il
nous a offert des instruments intellectuels vivants pour permettre à
chaque croyant de rendre raison de sa propre espérance en recourant à
une manière de penser et de communiquer qui puisse être comprise par ses
contemporains. Son intention était constante: entrer en dialogue avec
tous pour chercher ensemble les voies par lesquelles nous pouvons
rencontrer Dieu.
Cette recherche du dialogue avec la culture de son temps a toujours
été un désir ardent de Joseph Ratzinger: lui, théologien d’abord et
pasteur ensuite, ne s’est jamais cantonné à une culture purement
intellectualiste, désincarnée de l’histoire des hommes et du monde. Avec
son exemple d’intellectuel riche en amour et en enthousiasme (ce que
signifie étymologiquement être en Dieu), il nous a montré que la
recherche de la vérité est possible, et que se laisser posséder par elle
est le plus élevé que l’esprit humain puisse atteindre. Dans un tel
chemin, toutes les dimensions de l’être humain, la raison et la foi,
l’intelligence et la spiritualité, ont leur rôle et leur propre
spécificité.
La plénitude de notre existence, nous a rappelé Benoît XVI par la
parole et l’exemple, ne se trouve que dans la rencontre personnelle avec
Jésus-Christ, le Vivant, le Logos incarné, la révélation pleine et
définitive de Dieu, qui se manifeste en Lui comme Amour jusqu’au bout.
Tel est mon souhait pour le lecteur: qu’il puisse trouver dans ces
pages traversées par la voix passionnée et douce d’un maître de la foi
et de l’espérance la grâce d’une rencontre nouvelle et vivifiante avec
Jésus.