La conception virginale
Comme le récit lucanien de l’annonciation, l’annonce à Joseph est un récit de vocation, qui précise le rôle de Joseph dans l’accomplissement du dessein de Dieu. La conception virginale, due à l’Esprit Saint (1, 21), est mise en relation directe avec le début de la vie commune de Joseph et de Marie. Cette coïncidence chronologique est toute naturelle, puisque, d’une part, rien d’anormal n’apparaîtra dans la date de naissance de l’enfant et que, d’autre part, la vocation intimée à Joseph l’invite à assumer la paternité de l’enfant qui va naître de Marie. C’est comme « fils de David » qu’il reçoit cette vocation (1, 20), pour bien marquer que Jésus héritera par lui des promesses faites à David.
Joseph le juste
Matthieu caractérise d’un seul mot la personnalité de Joseph : c’est un juste(1, 19a), tout comme, chez Luc (2, 25), Siméon était « juste et pieux ». Le mot, profondément enraciné dans la spiritualité juive du temps, évoque la droiture morale, l’attachement sincère à la pratique de la loi, l’affectivité religieuse totalement tournée vers Dieu. Tandis que Luc, dans le récit de l’annonciation, met l’accent sur l’initiative de Dieu qui a comblé Marie, la « grâciée » (1, 28), Matthieu insiste sur la réponse active de Joseph qui, par grâce aussi, se conduit en juste.
Joseph est dans un grand débat intérieur. Homme juste, dans son silence contemplatif du mystère de Dieu en son épouse, il croit en la chasteté de Marie. C’est bien pourquoi, endosser la paternité de cet enfant le dépasse. Et la teneur du message reçu de l’Ange se rapporte précisément à cette paternité, le délivrant du poids de ce débat : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse, car ce qui a été engendré en elle est de l’Esprit Saint » (1, 20). L’invitation à ne pas craindre est à sa place dans ce récit de vocation, qui est pour Joseph son annonciation.
La vocation à la paternité
En prenant chez lui la mère de l’enfant et en devenant ainsi son époux, Joseph devient du même coup le responsable de l’enfant et de la mère devant Dieu et devant les hommes : c’est son rôle propre dans le dessein de salut. Sa paternité réelle est marquée par le fait qu’il donnera lui-même un nom à l’enfant : ce sera là, dès la naissance, la « parole de reconnaissance » du père au fils. Sous cet angle, la paternité de Joseph entrera dans les normes communes, dévoilant en quelque sorte le modèle de la paternité comprise comme vocation, dans l’humble cadre d’un foyer juif.
Mais deux traits lui donnent une dimension proprement religieuse : la conception virginale, qui introduit au cœur de l’histoire humaine le mystère de « Dieu avec nous » (1, 23b, citant Is 7, 14), et le rôle de l’enfant dans la venue du salut (1, 21b). À partir de là, Joseph accomplit sa vocation dans l’obéissance, en respectant par sa continence conjugale le mystère dont l’enfant conçu dans le sein de Marie est porteur (1, 24-25), puis en agissant comme chef de famille dans tous les épisodes évoqués.
Le silence éloquent
Dans sa lettre « Avec un cœur de Père » donnée le 8 déc. 2020, le pape François souligne : « Le bonheur de Joseph n’est pas dans la logique du sacrifice de soi, mais du don de soi. On ne perçoit jamais en cet homme de la frustration, mais seulement de la confiance. Son silence persistant ne contient pas de plaintes mais toujours des gestes concrets de confiance. » En ce chemin d’Avent, implorons de St Joseph notre conversion :
« Salut, gardien du Rédempteur, époux de la Vierge Marie. À toi Dieu a confié son Fils ; en toi Marie a remis sa confiance ; avec toi le Christ est devenu homme. O bienheureux Joseph, montre-toi aussi un père pour nous, et conduis-nous sur le chemin de la vie. Obtiens-nous grâce, miséricorde et courage, et défends-nous de tout mal. Amen ».
→ Pour aller plus loin : petiteecolebiblique.fr n° 82, Joseph, un cœur aimant pour Jésus et Marie