Né dans une famille bourgeoise, avec une éducation religieuse, Jacques Fesch est un homme qui plaît aux femmes et qui aime faire la fête. En 1951, il épouse Paulette, qu’il connait depuis le lycée. Sans ressource, le couple s’installe chez les parents de la jeune femme. Le père de Paulette offre un poste à Jacques, ce dernier en profitera pour détourner les fonds. Côté Fesch, les parents, opposés à ce mariage, offrent un million de francs à leur fils pour qu’il quitte Paulette et monte une société de livraison de charbon. Il quitte Paulette, ne monte pas d’affaires mais investit dans une voiture de luxe et fait la fête avec le pécule restant. Rapidement sans le sou, Fesch rêve tout de même d’aventures. En 1954, il commande un voilier neuf pour rallier Tahiti mais ne pouvant le financer, il décide de braquer le Comptoir de Change et de Numismatique de la rue Vivienne avec un complice surnommé Criquet, son meilleur ami. Dénoncé par ce dernier, le braquage dérape, Fesch est démasqué, il fuit dans les rues de Paris. Réfugié dans un immeuble, il est repéré par un badaud en sortant; il est mis en joue par l’agent Jean-Baptiste Vergne qui lui demande de lever les mains, Jacques Fesch se retourne et tire au jugé. Vergne s’effondre une balle dans le cœur. Le jeune dandy sera rapidement interpellé après ce tir.
Sa soif de Dieu
Incarcéré puis jugé pour homicide volontaire, il est condamné à mort. Pourtant il faudra du temps à Jacques avant de commencer sa quête vers Dieu. Attendant son procès pendant trois ans, l’éveil de sa foi commencera par des lectures, puis par son avocat Me Baudet et son frère moine. Peu à peu, il va commencer à se confesser, à participer à la messe et noue une relation avec le père Devoyod, aumônier de la prison de la Santé. Il écrit dans son journal des textes spirituels, exprime des remords, regrette son crime. Guillotiné le 1 er octobre 1957, à 27 ans, Jacques Fesch laisse à travers son journal l’histoire d’un cheminement vers Dieu alors que la dernière aube approche. Si son journal a été publié, aujourd’hui c’est dans un Seul en scène que l’histoire de Jacques Fesch continue d’être racontée. Adaptée par Fitzgerald Berthon, comédien et invité du Grand Témoin, « 5 heures » mêle « théâtre et danse pour revivre de l’intérieur ce parcours des ténèbres à la lumière. »
Un dandy gangster béatifié ?
Enfin, un procès en béatification a été lancé à la fin des années 80 par le cardinal Lustiger. « Pour le Cardinal, Jacques Fesch c’était une figure d’aujourd’hui qui pouvait parler, explique Fitzgerald Berthon, et c’est pour ça aussi que j’ai eu envie de me saisir de cette figure, parce qu’elle est très contemporaine, cette personne qui va au plus bas, qui tue une personne, qui arrive en prison, qui est complètement désespérée et qui va rencontrer le Christ. » Si l’enquête pour le procès en béatification a été clôturée, le dossier n’a, pour l’instant, pas été envoyé à Rome.