Il souffla sur eux… recevez l’Esprit
Par deux fois, Jésus souhaite la Paix, pour se faire reconnaître et pour envoyer en mission. En soufflant sur les disciples, Jésus ressuscité qui donne l’Esprit. Jésus souffle comme le Dieu de la Genèse, il accomplit une création nouvelle. Et il envoie ses disciples en mission pour dissoudre les péchés, ces obstacles qui empêchent l’union à Dieu parce qu’ils nous replient sur nous-mêmes.
Leur mission et la nôtre est une mission de réconciliation et d’unité. Par la vie contemplative et silencieuse enfouie au cœur du monde, vous servez cette œuvre divine. Par notre propre conversion, en recevant le sacrement de réconciliation, nous recevons l’Esprit pour qu’il dissolve le péché dans notre propre vie et fasse de nous des annonciateurs du pardon divin, afin de faire progresser le monde vers l’unité.
La maison en fut remplie… tous furent remplis…
Ce verbe, « remplir » revient deux fois dans le récit de la Pentecôte donné par Luc. Le souffle de l’Esprit remplit la maison tout entière, un vent impétueux qui se transforme en feu, le feu de l’Amour divin qui vient alors remplir chacun : « tous furent remplis d’Esprit Saint ». Les signes de la venue de l’Esprit sont multiples : le vent et le souffle, le feu, le parler en langues, sans doute à la fois glossolalie (la prière en langues s’adressant à Dieu) et xénolalie (le parler en langues étrangères étant compris de tous dans la multiplicité).
Le parler en langues est adressé et accueilli de façon à la fois personnalisée et universelle (4 fois le verbe entendre). Il est entendu par chacun « dans sa langue maternelle », et comme la publication des « merveilles de Dieu ». Finalement une sorte de louange qui rapporte tout à Dieu, favorisant là encore l’union des créatures avec leur Créateur.
Dans un unique Esprit… un seul corps…
« Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous. » Variété et unité. Variété dans les charismes, les services, les activités. Unité parce que c’est le même Esprit qui agit en tous. « Il est tout entier présent à chacun, mais tout entier partout. Il se divise, mais sans subir aucune atteinte. Il se donne en partage, mais garde son intégrité : à l’image d’un rayon de soleil, dont la grâce est présente à celui qui en jouit comme s’il était seul, mais qui brille sur la terre. » (St Basile).
Il est très important que nous gardions cette vision symphonique de la présence et de l’œuvre de l’Esprit Saint. Il anime le corps tout entier de l’Église moyennant la participation de chacun d’entre nous. Aucun d’entre nous n’est privé de l’Esprit, il n’existe pas de chrétien qui n’ait pas de charisme. « Les langues qu’on aurait dites de feu… se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint… et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit ».
« Le Saint-Esprit emploie la langue de celui-ci au service de la sagesse ; il éclaire par la prophétie l’âme de celui-là ; il donne à un prêtre le pouvoir de chasser les démons ; à un autre encore celui d’interpréter les divines Écritures. Il fortifie la chasteté de l’un, il enseigne à un autre l’art de l’aumône, il enseigne à celui-ci le jeûne et l’ascèse, à un autre il enseigne à mépriser les intérêts du corps, il prépare un autre encore au martyre. […] Celui qui a l’avantage de recevoir le Saint-Esprit a l’âme illuminée, et il voit de façon surhumaine ce qu’il ne connaissait pas » (St Cyrille de Jérusalem).