Marie, Vierge glorieuse

Image : Claude Vignon, Assomption, 1629, église Saint Thomas, La Flèche (72).

Cette huile sur toile est exposée actuellement à l’Abbaye de l’Épau, au Mans, dans le cadre de l’exposition « Trésors d’Art Sacré », 30 ans de restauration par le département de la Sarthe. L’exposition est visible jusqu’au 19 septembre, commissaire : Mme Anetta Palonka-Cohin, Conservatrice des Antiquités et Objets d’art de la Sarthe.

Visite virtuelle, avec diaporama et vidéo de 27 mn.

Ici https://visitevirtuelle.sarthe.fr/tresorsdartsacre/

et là : https://www.sarthe.fr/actualites/tresors-dart-sacre-visitez-lexposition-de-chez-vous

Méditation du pape François

Chers frères et soeurs, bonjour, bonne fête !

Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie au Ciel, dans la liturgie ressort le Magnificat. Ce cantique de louange est comme une “photographie” de la Mère de Dieu. Marie “exalte le Seigneur… (qui) s’est penché sur son humble servante” (cf. Lc 1,47-48). 

Le secret de Marie est l’humilité. C’est l’humilité qui a attiré le regard de Dieu sur elle. L’oeil humain recherche la grandeur et se laisse éblouir par ce qui est voyant. Dieu, au contraire, ne regarde pas l’apparence mais le coeur (cf. 1 Sam 16,7) et il est charmé par l’humilité : l’humilité du coeur charme Dieu. Aujourd’hui, en regardant l’Assomption de Marie, nous pouvons dire que l’humilité est le chemin qui conduit au Ciel. Le mot “humilité” dérive du terme latin humus, qui signifie “terre”. C’est paradoxal : pour arriver en haut, au Ciel, il faut rester bas, comme la terre ! Jésus l’enseigne : « qui s’abaisse sera élevé » (Lc 14,11). Dieu ne nous exalte pas pour nos qualités, pour nos richesses et nos talents, mais pour notre humilité. Dieu élève celui qui s’abaisse, celui qui sert. Marie, en effet, ne s’attribue à elle-même que le “titre” de servante : elle est « la servante du Seigneur » (Lc 1,38). Elle ne dit rien d’autre d’elle, elle ne recherche rien d’autre pour elle. 

Nous pouvons alors nous demander aujourd’hui, chacun de nous, dans notre coeur : comment est mon humilité ? Est-ce que je cherche à être reconnu par les autres, à m’affirmer et à être acclamé ou est-ce que je pense à servir ? Est-ce que je sais écouter, comme Marie, ou bien est-ce que je veux seulement parler et recevoir des attentions ? Est-ce que je sais faire silence, comme Marie, ou est-ce que je bavarde toujours ? Est-ce que je sais faire un pas en arrière, désamorcer les disputes et les discussions ou est-ce que je cherche toujours à me distinguer ? Réfléchissons à ces questions : comment est mon humilité ?

Marie, dans sa petitesse, conquiert les cieux en premier. Le secret de son succès tient justement dans le fait de se reconnaître petite, de se reconnaître dans le besoin. Avec Dieu, seul celui qui se reconnaît un rien est en mesure de recevoir le tout. Seul celui qui se vide de lui-même peut être rempli de Lui. Et Marie est la « pleine de grâce » (v. 28) pour son humilité. Pour nous aussi l’humilité est toujours le point de départ, le commencement de notre foi. Il est fondamental d’être pauvres en esprit, c’est-à-dire nécessiteux de Dieu. Celui qui est plein de soi ne laisse pas de place à Dieu – et nous sommes si souvent pleins de nous – mais celui qui reste humble permet au Seigneur de réaliser de grandes choses (cf. v.49).

Le poète Dante définit la Vierge Marie « humble et élevée plus qu’une créature » (Paradis XXXIII, 2). Il est beau de penser que la créature la plus humble et la plus grande de l’histoire, la première à conquérir les cieux toute entière, en âme et en esprit, a passé la plus grande partie de sa vie entre les murs domestiques, dans l’ordinaire, dans l’humilité. Les journées de la Pleine de grâce n’ont rien eu de très éclatant. Elles se sont suivies souvent semblables les unes aux autres, dans le silence : de l’extérieur, rien d’extraordinaire. Mais le regard de Dieu est toujours resté sur elle, admirant son humilité, sa disponibilité, la beauté de son coeur jamais effleuré par le péché.

C’est un grand message d’espérance pour chacun de nous ; pour toi, qui vis des journées semblables, ennuyeuses et souvent difficiles. Marie te rappelle aujourd’hui que Dieu t’appelle toi aussi à ce destin de gloire. Ce ne sont pas de belles paroles, c’est la vérité. Ce n’est pas une fin joyeuse factice, une pieuse illusion ou une fausse consolation. Non, c’est la pure réalité, vivante et vraie comme la Vierge Marie montée au Ciel. Fêtons-la aujourd’hui avec un amour d’enfants, fêtons-la joyeux mais humbles, animés de l’espérance d’être un jour avec elle, au Ciel !

Et prions-la à présent, pour qu’elle nous accompagne sur le chemin qui conduit de la Terre au Ciel. Elle nous rappelle que le secret du parcours est contenu dans le mot humilité, n’oublions pas ce mot. Et que la petitesse et le service sont les secrets pour atteindre le but, pour rejoindre le Ciel.