Ne pas inverser les rôles (4° D. AV. B). Le 4° dimanche de l’Avent nous propose toujours de mettre en lumière la place de Marie dans l’accomplissement du mystère de Dieu. Pour nous préparer à Noël, la Parole méditée ce dimanche nous appelle à nous laisser éblouir par lui, à le laisser agir dans nos vies, comme Marie l’a vécu.
L’éblouissement devant le mystère divin
Commençons par l’exclamation de louange à la fin de la lettre aux Romains, que nous méditons en 2è lecture : « À lui la gloire pour les siècles… Celui qui est le seul sage… le Dieu éternel ». Paul contemple l’auteur du mystère1, dit-il, le mystère de l’Évangile qui proclame Jésus-Christ. Ce mystère a été (1) « gardé depuis toujours dans le silence », (2) « manifesté par les écrits prophétiques », et enfin (3) « porté à la connaissance de toutes les nations pour les amener à l’obéissance de la foi ». On pourrait presque ajouter : (4) accompli lors de la Venue glorieuse du Seigneur, pour retrouver l’esprit du temps de l’Avent.
Paul s’émerveille devant le Dieu qui se fait proche au point de nous faire entrer dans son mystère. Il s’émerveille devant le Dieu Tout Autre : dans cette même lettre aux Romains, il s’est écrié : « O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont insondables et ses voies impénétrables ! Qui en effet a connu la pensée du Seigneur ? Ou bien qui a été son conseiller …. Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. À lui la gloire éternellement. Amen. » (Rm 11, 33-36).
Est-ce toi… ? Non, c’est moi !
Revenons à la 1è lecture. Le roi David avait un projet : construire un temple à Jérusalem pour abriter l’Arche d’Alliance. À première vue, son intention était des plus louables ! Et donc, dans un premier temps, le prophète Nathan consulté lui répond : « Tout ce que tu as l’intention de faire, fais-le, car le Seigneur est avec toi ».
Mais la nuit porte conseil. Dieu vient dire à Nathan ce qu’il pense, lui Dieu, de ce projet ; et tout bascule. La réponse de Nathan tient en deux points : d’abord un refus, puis une promesse. Commençons par le refus : il est assez surprenant, il faut bien le dire, « Est-ce toi qui me bâtiras une maison ? » : en bon hébreu, c’est un non catégorique : « Non, toi, David, tu ne me bâtiras pas une maison ». Pour cela trois arguments très clairs : (1) je ne t’ai rien demandé, (2) crois-tu que je suis un Dieu qu’on peut installer, fixer quelque part ? (3) ne cherche pas à renverser les rôles : entre Dieu et David, celui qui est en position de bienfaiteur, c’est Dieu.
Ces réponses de Dieu invalident la volonté actuelle des courants sionistes de construire un troisième Temple à Jérusalem. Mais surtout elles se prolongent par une promesse : « Le Seigneur t’annonce qu’il te fera lui-même une maison […] je te susciterai dans ta descendance un successeur, qui naîtra de toi […] ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi ». C’est la promesse d’un Messie. En fait, ces réponses de Dieu sont terriblement éclairantes pour orienter correctement notre action pastorale : non pas vouloir faire des œuvres pour Dieu, mais laisser Dieu nous montrer son œuvre pour nous y engager…
Le modèle marial
« Tu as trouvé grâce auprès de Dieu ». La Vierge Marie est la figure emblématique de cet abandon à Dieu pour devenir collaboratrice à l’accomplissement du « mystère ». En effet, elle a été préparée depuis toujours par l’Esprit Saint à la maternité divine, ce charisme qui va lui être communiqué maintenant dans la visite de l’ange. « Elle a été, par pure grâce, conçue sans péché comme la plus humble des créatures, la plus capable d’accueil au Don ineffable du Tout-Puissant » (CEC n° 722). Par cette parole de l’ange : « Tu as trouvé grâce auprès de Dieu », il lui est donné de percevoir que Dieu a déjà donné ce qu’il lui demande. Elle n’a pas à craindre : tout est déjà donné. Il lui est demandé d’accepter cet appel spécifique.
Comme elle, qui est notre modèle, nous sommes appelés d’abord à un acte de foi en l’amour de Dieu qui advient à notre rencontre. C’est cela vivre de l’esprit de l’avent. « Marie est le prototype de tous les élus, de tous les hommes qui croient et sont comblés de grâce. Elle nous dit que Dieu se trouve à l’origine de tout être humain, qu’il l’a « inscrit de toute éternité dans sa main » et qu’il l’a appelé par son nom. La vie de tout homme est enveloppée dans l’amour rédempteur insondable de Dieu. … Nous ne sommes rien par nous-mêmes, et tout entiers l’œuvre de Dieu et de sa grâce2. »
Car rien n’est impossible à Dieu… aucune parole n’est impuissante en Dieu.
1Ce thème du « mystère » de la sagesse de Dieu, caché depuis les origines, mais révélé par l’Évangile sera largement développé dans les écrits pauliniens postérieurs : 1 Tm 3, 16 ; Col 1, 26-27 ; 2, 2-3 ; Ep 1, 9-10, 3, 3-6 ; 3, 8-12.
2Catéchisme pour adultes des Évêques allemands, t I, p. 174.