Lumière et paix sur le visage du Fils

Dans la crèche de l’église évangélique luthérienne de Bethléem, Jésus a été installé au milieu de décombres pour symboliser les enfants tués à Gaza. Photo Sipa /Debbie Hill
(Noël B, nuit). Chacune des messes de Noël a sa tonalité propre. La messe de la nuit de Noël est celle du Christ engendré par le Père depuis le commencement du monde ; la 2è (aurore), sera celle du Christ comme lumière naissante ; la 3è enfin (jour), celle du Christ fait homme, du Verbe fait chair.

Un engendrement

« Le Seigneur m’a dit : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » ». Par ces paroles du ps. 2, l’Église commence la messe de la veillée de Noël (antienne d’ouverture), dans laquelle nous célébrons la naissance de notre Rédempteur Jésus Christ, dans l’étable de Bethléem. N’oublions pas que le prologue de Jean nous présente le Verbe comme « l’unique-engendré » ‘monogenos’.

Dieu est si grand qu’il peut se faire petit. Dieu est si puissant qu’il peut se faire faible et venir à notre rencontre comme un enfant sans défense, afin que nous puissions l’aimer. Dieu est bon au point de renoncer à sa splendeur divine et venir dans une étable, afin que nous puissions le découvrir. C’est cela Noël : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ».

L’apparition d’une lumière

Écoutons une deuxième parole de la liturgie de cette Nuit, cette fois tirée du Livre du prophète Isaïe : « Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (Is 9, 1). Le mot « lumière » pénètre toute la liturgie de cette Messe. Elle est mentionnée de nouveau dans le passage tiré de la lettre de saint Paul à Tite : « La grâce de Dieu est apparue » (Tt 2, 11) : l’« apparition » – l’« épiphanie » – est l’irruption de la lumière divine dans le monde plein d’obscurité et plein de problèmes irrésolus. Enfin, l’Évangile nous rapporte que la gloire de Dieu apparut aux bergers et « les enveloppa de lumière » (Lc 2, 9). Là où paraît la gloire de Dieu, là se répand, dans le monde, la lumière. « Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en lui », dit saint Jean (1 Jn 1, 5).

Écouter l’homélie

Un nouveau-né couché dans une mangeoire

Dans l’étable de Bethléem est apparue la grande lumière que le monde attend. Dans cet Enfant couché dans l’étable, Dieu montre sa gloire – la gloire de l’amour. Il se fait don lui-même et qui se prive de toute grandeur pour nous conduire sur le chemin de l’amour. Il se donne en nourriture pour que nous puissions aimer.

Dans cet Enfant, Dieu oppose sa bonté à la violence de ce monde. Il nous appelle à suivre l’Enfant. Laissons cette splendeur intérieure se communiquer à nous, allumer dans notre cœur la petite flamme de la bonté de Dieu ; par notre amour, portons tous la lumière dans le monde !

En cette nuit, dans laquelle nous regardons vers Bethléem, nous voulons aussi prier de façon spéciale pour le lieu de la naissance de notre Rédempteur et pour les hommes qui y vivent et qui y souffrent. À Bethléem, les festivités de Noël ont été annulées en solidarité avec Gaza. Nous voulons prier pour la paix en Terre Sainte : Regarde, Seigneur, cette région de la terre qui, étant ta patrie, t’est si chère ! Fais que ta lumière y brille ! Fais que la paix y advienne !

Le Prince de la Paix

L’Enfant qu’Isaïe annonce est appelé par lui « Prince de la paix ». On dit de son règne : « La paix sera sans fin ». Aux bergers sont annoncées dans l’Évangile la « gloire de Dieu au plus haut des cieux » et « la paix sur terre… ». Qui sont les hommes que Dieu aime ? L’Évangile répond à ces questions en nous présentant quelques personnes précises – Marie, Joseph, Élisabeth, Zacharie, Siméon, Anne, etc. ainsi que deux groupes de personnes : les bergers et les sages de l’Orient, ceux qu’on appelle les rois mages.

Ils attendent Dieu. Ils savent qu’ils ont besoin de sa bonté, même s’ils n’en ont pas une idée précise. Dans leur cœur ouvert à l’attente, la lumière de Dieu peut entrer et, avec elle, sa paix. Dieu cherche des personnes qui apportent sa paix et qui la communiquent.

Demandons-lui de faire en sorte qu’il ne trouve pas notre cœur fermé. Faisons en sorte de pouvoir devenir des porteurs actifs de sa paix – précisément dans notre temps1.

Pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien (Tt 2, 14).

1Homélie inspirée de celle du pape Benoît XVI le 25 déc. 2005