(32° D. TO A — Mt 25, 1-13) Partant de la parole de Jésus sur l’ignorance du jour de la Parousie (24, 36), Matthieu en développe les conséquences pratiques. Le thème des 4 paraboles sur la vigilance est clairement indiqué par les refrains répétés : « Veillez donc » (v. 42 ; cf. v. 44) ; « Soyez prêts » (v. 44) et par l’insistance sur l’idée de vigilance et de fidélité qui va dominer toute la fin du discours eschatologique de Matthieu (vv. 45.50 ; 25, 13.21.23). Savoir que le moment de la Parousie est imprévisible implique donc un programme : se tenir prêt, veiller pour ne pas se laisser surprendre par le jugement qui mettra en évidence le comportement de chacun. Matthieu l’illustre dans une « suite » parabolique.
Une suite de quatre paraboles
LES JOURS DE NOÉ ET LE VOLEUR DANS LA NUIT — Mt 24, 37-44. Partant de l’insouciance de la génération du déluge, Jésus dit que son Avènement produira un tri (l’un est pris, l’autre laissé). C’est une invitation à ne pas vivre dans une insouciance paresseuse, mais à être en état de disponibilité.
LE SERVITEUR À LA VENUE DE SON MAÎTRE — Mt 24, 45-51. Jésus nous y invite à accomplissement fidèle et prudent de la mission reçue. Car le temps se fait long (Mon maître tarde), ce qui peut provoquer relâchement et abus d’autorité, attitude passible d’une exclusion du Royaume.
LA PARABOLE DES DIX VIERGES — Mt 25, 1-13. C’est l’évangile de ce dimanche. Une des rares paraboles chez Matthieu (à part Mt 13, 33, le levain) qui mette en scène des femmes. Maintenant l’accent est mis non sur la vigilance (24, 43-51) mais sur la préparation de la rencontre.
LA PARABOLE DES TALENTS — Mt 25, 14-30. Ce sera l’évangile de dimanche prochain. Les serviteurs y sont présentés comme des partenaires. Le temps d’attente d’ici l’Avènement est un temps de travail, afin que les dons reçus ne restent pas improductifs, mais fructifient. Un focus particulier est opéré sur le serviteur paresseux…
La rencontre définitive avec le Christ lors des noces célestes
Dans la parabole des dix vierges, Jésus terrestre représente l’Époux en compagnie duquel on ne peut pas jeûner (Mt 9, 15), mais aussi le Fils de l’homme de l’Avènement, avec qui cette réalité du Royaume déjà commencée, mais encore cachée, se réalisera définitivement, lors de la Parousie. La vie des chrétiens est conçue comme une préparation à la rencontre définitive avec le Christ lors des noces célestes. A ces noces Dieu invite tous les hommes (Mt 22, 1-14). Mais pour y prendre part, il faut non seulement répondre à l’invitation généreuse et gratuite, mais s’y préparer activement. Seules « celles qui sont prêtes » pourront entrer dans la salle de noces et non celles qui crient seulement « Seigneur, Seigneur », sans se préoccuper des préparatifs adéquats.
Prévoyance ou insouciance : assumer la préparation
Jésus parle déjà ailleurs des dispositions à avoir pour entrer dans le Royaume des Cieux, p. ex. dans la parabole des deux maisons, construites sur le roc ou sur le sable. Prévoyance et insouciance sont deux conduites en harmonie ou en désaccord avec le Royaume. Les lampes garnies d’huile sont le symbole de la fidélité et des œuvres bonnes. Être sage consiste à s’approvisionner en vue du temps futur et savoir que l’ « action présente » détermine le sort futur. C’est dès le début aussi que le chrétien doit prendre la décision définitive et les dispositions qui soutiennent son attente. C’est pourquoi ni les compagnons ni les démarches précipitées chez les marchands ne seront d’aucun secours au moment décisif de la rencontre.
Le risque de manquer le rendez-vous
Ceux qui par leurs fautes personnelles manquent ainsi le rendez-vous, auront pour lot la réprobation, l’exclusion de la joie eschatologique. L’appellation « Seigneur » est, certes, une expression de la foi : elle permettra même à des païens de venir « prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux » (Mt 8, 11). Mais elle ne constitue pas la seule condition. Davantage encore c’est le « faire » qui détermine la vraie appartenance à Jésus, comme l’évangéliste le souligne bien au début du chapitre des paraboles : la vraie famille de Jésus est composée de ceux qui font la volonté du Père (Mt 12, 46-50).
« Je ne vous ai jamais connus », disait déjà Jésus à ceux qui se réclamaient de leurs activités charismatiques, sans véritable observance de la Loi (Mt 7, 21-23). « Je ne vous connais pas » : certains seront exclus du Royaume, s’ils ne sont pas prêts. Mais à côté des étourdies, il y a aussi les Vierges avisées, qui sont entrées dans la salle de noces avec l’Époux. La Venue du Christ, si elle se confond avec le jugement, est aussi un événement de réconfort et de joie pour ceux qui sont prêts.
« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure »