Vous êtes envoyés : soyez disciples

Dans la seconde partie des « paroles de Jésus sur la mission » (Mt 10), tout est envisagé du point de vue de la vie du disciple, et non pas de la situation de la mission. Les versets qui précèdent notre passage d’évangile nous présentent Jésus comme le juge qui opère le tri. Il sépare, il divise les familles par son appel… « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison » (v. 34-36).

Préférez Jésus à tout : à votre famille, à votre propre vie…

– Dans cette exigence d’attachement radical à sa personne, Jésus va très loin, au point de sembler exorbitant. La famille que Jésus veut créer transcende les liens familiaux terrestres. Il exige un attachement exclusif. Notre amour pour lui doit être plus fort que tout lien de vie…

– Matthieu retranscrit les paroles de Jésus avec un triple : « n’est pas digne de moi ». La vie qu’on a reçue (les parents), la vie qu’on a transmise (les enfants), la vie qu’on possède en propre (soi-même), rien n’échappe au crible de la croix. Jésus est source de vie divine pour tous les hommes ; c’est à cette vie-là que ses envoyés doivent s’attacher pour la transmettre.

– C’est donc seulement ainsi que les envoyés peuvent remplir leur mission d’évangélisateurs au service de la Parole : en étant au « bon niveau », celui du don de Dieu. Comme la Samaritaine en Jn 4 qui doit passer de l’eau cristalline du puits à une eau divine qui jaillit pour la vie éternelle.

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Prenez conscience de votre dignité d’envoyés et de disciples

Accueillirles envoyés de Jésus, c’est recevoir Jésus et son Père, c’est recevoir la bénédiction divine. Celui qui est accueilli rayonne quelque chose de sa grâce d’envoyé, partout où l’occasion lui en est offerte. Un exemple admirable en est fourni par la première lecture ; la femme de Sunam qui reçoit le prophète Élisée reçoit de lui le don de la fécondité.

– Telle est la grandeur de l’envoyé : il est sacrement de Jésus. C’est pourquoi l’accueil du disciple est bénédiction pour celui qui l’accueille. Cette grâce est proportionnelle au regard porté sur l’envoyé (le binôme « prophète et juste » est classique dans le judaïsme1).

– Ces paroles donnent au disciple envoyé conscience de la dignité qu’il a aux yeux de Dieu, alors qu’il est persécuté par les hommes. On notera le triple emploi du mot : « récompense ». Le plus petit geste à l’égard du disciple est l’objet de la bienveillance de Dieu.

– L’enseignement de Jésus sur la mission se termine par une notice (11,1) où il nous est dit que Jésus va avec les Douze dans leurs villages d’origine (« dans leurs villes »). On comprend alors d’autant mieux tout ce qui précède sur la liberté du disciple vis-à-vis du respect humain, de la famille, et la conscience qu’il doit avoir de ce qu’il est devenu par l’appel…

Vivez votre baptême comme une communion avec Jésus

Pour une fois, la seconde lecture rencontre le thème de l’évangile. Pour exprimer notre dignité baptismale, Paul souligne que le baptême nous unit totalement à Jésus.

– « Nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés… Nous avons été mis au tombeau avec lui… pour que nous menions une vie nouvelle. » Nous ne faisons plus qu’un avec lui. Avec lui, notre vieil homme est crucifié et déposé au tombeau. Avec lui, notre homme nouveau est ressuscité et monté aux cieux. Notre dignité baptismale de frères et sœurs du Seigneur nous fait devenir prêtres, prophètes et rois comme lui.

– « Pensez que vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ. » La grâce sacramentelle du baptême nous unit si bien à Jésus crucifié et ressuscité que notre vie lui appartient totalement. Cette réalité spirituelle nous mène à vivre notre vie terrestre de façon à nous en déprendre. Nous cessons d’être centrés sur nous-mêmes de manière à recevoir ce que Jésus nous donne : la vie en Dieu.

1« Beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu » (Mt 13, 17). « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous bâtissez les sépulcres des prophètes, vous décorez les tombeaux des justes » (Mt 23, 29)