Appelés, équipés, envoyés, informés

Trois dimanches successifs, nous lisons le chapitre 10 de Matthieu sur la mission, et aujourd’hui l’envoi des Douze : si Dieu appelle, c’est parce qu’il regarde et répond à la prière.

Tout d’abord, savoir regarder

En lisant le verset précédent (Mt 10, 35), nous voyons Jésus est en mission : « Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant l’Évangile du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité ». Il voit que le peuple de Dieu est dispersé ; chacun va de son côté… Il en résulte : lassitude, prostration, langueur1, manque d’esprit d’initiative… Il n’y a pas de berger pour rassembler le peuple de Dieu. Détresse des foules sans guide. Jésus porte cela dans un cœur de Pasteur plein de compassion… Il est touché au cœur.

« La moisson est abondante » dit Jésus, et elle est prête (cf. Jean 4,35-38). L’état dans lequel vit le peuple de Dieu, et plus largement l’ensemble des hommes, cet état de choses prépare ce que Jésus appelle la « moisson ». Jésus voit la moisson à accomplir, là où d’autres ne verront rien, ou, du moins, que du négatif. Quel est notre regard ? notre conscience de la moisson ?

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Ensuite prier pour demander des missionnaires

Dieu est le maître de la moisson. C’est lui qui ordonne de la faire quand elle est prête, et il en donne les moyens. De la conscience aiguë de la moisson à accomplir dérive la prière insistante pour l’envoi des ouvriers. Si nous savons regarder, l’Esprit nous conduira vers l’intercession. Personne ne fait rien tout seul, Jésus le premier. Douze, ce n’est pas assez, surtout quand ils se disperseront…

Il en faut donc d’autres. Pour cela il faut prier, et obtenir de Dieu les évangélisateurs, ceux qui vont travailler à la moisson : des laïcs évangélisateurs audacieux, des familles entreprenantes et rayonnantes, des communautés contemplatives, des prêtres, Dieu sait qui il faut donner, et il donne. Demandons les moyens humains et matériels nécessaires à une mission dynamique. Offrons et prions. Remettons-nous à Dieu car c’est lui qui conduit et donne, si nous demandons.

Entendre l’appel et recevoir l’équipement

Jésus appelle, encore faut-il être à l’écoute pour entendre. Jésus appelle dans la prière, Jésus appelle dans les événements2. Jésus appelle en nommant, d’où cette liste qui nous est donnée…

Jésus nous équipe spirituellement pour un combat ; faire reculer le mal sous toutes ses formes : esprit d’impureté et de mensonge, maladies qui minent et limitent la santé et la liberté des personnes. Jésus veut des hommes et des femmes « debout », et c’est bien en ce sens qu’il nous exhorte à « ressusciter les morts »…

Il est important de voir le lien entre l’appel et l’équipement. Bien sûr, il peut y avoir de faux appelés et de faux équipés, mais c’est une autre question. Il y a surtout beaucoup d’inconscients qui ne savent pas regarder, ne prient pas, n’entendent pas et n’ont donc pas besoin d’équipement. Nous avons besoin d’un esprit de foi et de discernement, pour entendre l’appel et recevoir l’équipement. Si on reçoit un appel, on reçoit aussi l’équipement, les charismes qui vont avec l’appel ; ils s’adaptent aux besoins dans la durée…

Se laisser envoyer avec une feuille de route

Un envoi en mission est le plus souvent public. La profession religieuse, le sacrement de mariage, l’ordination presbytérale, et d’autres envois en mission spéciale sont le plus souvent publics et reçus de l’Église, pour éviter de s’illusionner. La feuille de route est également claire et explicite. Ici : le choix des brebis perdues, la proclamation ouverte du Royaume, les signes de puissance dus à l’Esprit Saint. Vécus comme une expression de la largesse de l’amour gratuit de Dieu, ils sont indispensables. Il faut les accepter et les demander. Les envoyés de Jésus sont revêtus de la même puissance que lui, et disposent des richesses de l’Esprit.

Évangéliser consiste à partager en cadeau ce que nous avons reçu comme cadeau.


1Matthieu insiste spécialement sur la langueur (4,23 ; 9,35 ; 10,1).

2En juin 2023, regardons Henri : itinérant comme Jésus, priant et à l’écoute, accueillant l’appel de l’événement tel qu’il vient. À partir duquel Dieu fait de lui un témoin rayonnant. C’est typique de l’œuvre de Dieu.