Que s’est-il passé le 2 septembre 1792 au séminaire des Carmes ?
La Croix, 2 sept. 2023, Clémence Houdaille
Le 2 septembre, l’Église catholique fête les bienheureux Martyrs de septembre, tués à Paris pendant la Révolution. Que s’est-il donc passé ce 2 septembre 1792, à l’église Saint-Joseph des Carmes, rue de Vaugirard ?
Reconnus bienheureux par l’Église en 1926, ils sont 181 prêtres, 3 évêques, 2 diacres, un clerc et 4 laïcs à être réunis sous l’appellation des Martyrs de septembre. La plupart ont été tués au couvent des Carmes, rue de Vaugirard à Paris, mais aussi dans d’autres lieux de détention parisiens, comme la Force, ou l’Abbaye, autres maisons religieuses transformées en prison au cœur de la tourmente révolutionnaire.
Quelques semaines auparavant, le 10 août 1792, la monarchie est tombée. C’est alors le début de ce qui est considéré comme la première Terreur. Courant août 1792, environs 350 ecclésiastiques sont arrêtés à Paris par les révolutionnaires, considérés comme ennemis de la patrie et réfractaires à la Constitution civile du clergé. Ils sont enfermés dans diverses maisons religieuses transformées en prisons improvisées où de nombreux laïcs sont déjà détenus.
Invasion austro-prussienne et rumeurs de complots
Début septembre, les armées autrichiennes et prussiennes envahissent la France et des rumeurs de complot interne circulent. C’est dans ce contexte que le 2 septembre, ces prisons sont investies par des sans-culottes qui mettent en place un simulacre de tribunal.
« Vers les quatre heures, nous entendons de grandes clameurs au voisinage, écrira plus tard l’abbé de Lapize de la Pannonie, rescapé du massacre du couvent des Carmes. Peu de temps après nous apercevons un groupe de forcenés qui nous montrent leurs piques au travers des barreaux d’une fenêtre. Nous ne doutâmes plus alors qu’ils ne vinssent pour nous égorger et nous empressâmes de nous demander et donner les uns aux autres l’absolution. »
1 300 victimes, 191 bienheureux
Ces massacres, qui ont duré jusqu’au 6 ou 7 septembre, ont fait à Paris près de 1 300 victimes, dont la princesse de Lamballe, amie de la reine Marie-Antoinette, qui était emprisonnée à La Force. 150 morts sont aussi recensés dans le reste de la France.
Pour 191 d’entre eux, le martyre en haine de la religion est reconnu. La mémoire des Martyrs de septembre, béatifiés en 1926, est célébrée particulièrement dans le diocèse de Paris. En 2016, l’un de ces martyrs, Salomon Leclercq, un Frère des écoles chrétiennes, a été canonisé.
La crypte de l’église Saint-Joseph des Carmes (aujourd’hui dans l’enceinte de l’Institut catholique de Paris) qui abrite les reliques des bienheureux Martyrs des Carmes sera accessible samedi 2 septembre 2023 de 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures (1).
(1) accès par le 70 rue de Vaugirard 75 006 Paris