Chapelets, temps ordinaire 10-19

10° D TO A — C’est l’amour que je veux

Os 6,3-6 ; Rm 4,18-25 ; Mt 9,9-13.

1. « Jésus, sortant de Capharnaüm, vit un homme du nom de Matthieu, assis à son bureau de publicain. Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit. » L’appel de Matthieu, celui-là même qui écrit l’évangile, et sa réponse, sont décrits brièvement. L’essentiel est dit : Matthieu a quitté son travail et son argent, il s’est « levé » pour se mettre à la suite de Jésus. Avec Marie, prions à l’intention de tous ceux qui doivent quitter leur métier pour répondre à l’appel exigeant de Jésus.

2. « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades… Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. » En rapportant cette parole de Jésus, qui exprime son souci de porter l’amour du Père auprès des pécheurs, Matthieu s’identifie lui-même à tous ces malades du péché que Jésus vient sauver. Quel beau témoignage, plein de vérité. Prions l’Esprit Saint de nous inspirer à nous-mêmes le témoignage sur notre expérience de la miséricorde de Dieu.

3. « Votre amour est fugitif comme la brume du matin, comme la rosée qui s’évapore à la première heure… C’est l’amour que je désire, et non les sacrifices, la connaissance de Dieu, plutôt que les holocaustes. » Jésus reprend ce verset du livre d’Osée pour nous montrer, dans l’appel de Matthieu, son oeuvre de salut et de rédemption. Tout homme est pécheur, et seule la miséricorde de Dieu peut s’approcher de lui pour lui donner la Vie. L’homme n’a rien à offrir en regard de cet Amour infini, si ce n’est de vains sacrifices et un pauvre amour infidèle. Offrons, dans la prière de Marie, notre pauvreté.

4. « Comme le dit l’Ecriture : « En raison de sa foi, Dieu a estimé qu’il était juste. » En parlant de la foi d’Abraham, L’Ecriture ne parle pas seulement de lui, mais aussi de nous ; car Dieu nous estimera justes, puisque nous croyons en lui. » Le Seigneur nous demande de croire de tout notre coeur en son Amour infini. Rien ne le blesse autant que nos manques de foi et d’espérance qui rétrécissent à nos dimensions étriquées le don de son Amour. « – Que faut-il faire pour travailler aux oeuvres de Dieu ? » Jésus répondit : « L’oeuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé » (Jn 6,28-29).

5. « Efforçons-nous de connaître le Seigneur ; sa venue est aussi certaine que celle de l’aurore, elle sera bienfaisante pour nous comme l’ondée, comme les pluies de printemps qui arrosent la terre. » Connaître vraiment le Seigneur, c’est avoir une véritable expérience personnelle de son amour vivant. « Demeurez dans mon amour » nous dit Jésus (Jn 15,9). Efforçons-nous de mieux croire en lui, de mieux l’aimer. Et pour cela, prenons la Vierge Marie comme guide maternel pour nous aider à nous ouvrir à l’Esprit Saint.

10° D TO B — Le vêtement de gloire

Gn 3,9-15 ; 2 Co 4,13-5,1 ; Mc 3,20-35.

1. « Le Seigneur Dieu appela l’homme et lui dit : « Où es-tu donc ? » L’homme répondit : « Je t’ai entendu dans le jardin, j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché. » L’homme pécheur est « nu », il a perdu le vêtement de la gloire, la ressemblance de Dieu ; laissé à lui-même, il a peur de Dieu… et peur des autres… Prions avec Marie pour ceux qui souffrent profondément de cette peur intérieure pour qu’ils trouvent la communion avec Dieu.

2. « Le Seigneur Dieu dit au serpent : je mettrai une hostilité entre la femme et toi, entre sa descendance et ta descendance : sa descendance te meurtrira la tête, et toi tu lui meurtriras le talon. » Ce verset est appelé le « protévangile », c’est-à-dire l’évangile avant l’heure. En effet, il contient une grande promesse de victoire pour la descendance de la femme. Jésus vient écraser la tête du serpent. En regardant Marie, particulièrement à travers l’image de la médaille de la rue du Bac, nous voyons bien que Jésus son Fils a obtenu la victoire et y a associé Marie… Marie, conçue sans péché, prie pour nous qui avons recours à toi.

3. « Le corps qui est notre demeure sur la terre doit être détruit ; mais Dieu construit pour nous dans les cieux une demeure éternelle qui n’est pas l’œuvre de l’homme. » Voici qu’en Jésus le Père nous rend notre vêtement de gloire ; non pas pour ici bas, mais pour le ciel. Ici bas, c’est seulement l’homme intérieur qui est renouvelé de jour en jour. Que Marie nous aide à accueillir ce renouvellement intérieur, et aussi à en attendre fermement un jour l’accomplissement dans notre propre résurrection.

4. « Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. » Voilà l’effet de la Parole de Jésus : elle nous renouvelle intérieurement et nous agrège à une famille nouvelle, l’Église. Tel est le chemin pour recouvrer le vêtement de gloire : garder et vivre la Parole de Jésus qui est volonté du Père. De cela, Marie est le plus grand exemple.

5. « Marie, présente dans l’Église comme Mère du Rédempteur, participe maternellement au dur combat contre les puissances des ténèbres qui se déroule à travers toute l’histoire des hommes… Marie aide tous ses fils – où qu’ils vivent et de quelque manière que ce soit – à trouver dans le Christ la route qui conduit à la maison du Père. » (JP II, RM 47). Merci Marie pour ton aide maternelle.

10° D TO C — Le fils de la veuve de Naïm

1 R 17,17-24 ; Ga 1,11-19 ; Lc 7,11-17.
1. « Jésus arriva près de la porte de la ville de Naïm au moment où l’on transportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule considérable accompagnait cette femme. » Comment ne pas relire cet évangile à la lumière de l’expérience de Marie ? Veuve, elle a elle-même déposé au sépulcre son fils unique descendu de la croix. « Par la Croix, Jésus a définitivement confirmé sur le Golgotha qu’il était le « signe en butte à la contradiction » prédit par Syméon. En même temps s’accomplissaient là les paroles qu’il avait adressées à Marie : « Et toi-même, une épée te transpercera l’âme » (Jean-Paul II, RM 19).
2. « En la voyant, le Seigneur fut saisi de pitié pour elle, et lui dit : « Ne pleure pas. » Jésus laisse parler son cœur, rempli de compassion. Peut-être Jésus voit-il sa propre mère, à travers cette femme… Elle sera bientôt dans une situation identique ; et pourtant, il ne lui épargnera pas ces souffrances dont il va libérer cette maman. « La bienheureuse Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l’union avec son Fils jusqu’à la croix … souffrant cruellement avec son Fils unique, associée d’un cœur maternel à son sacrifice, donnant à l’immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour » (Conc. Vatican II, LG 58).
3. « Il s’avança et toucha la civière ; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te le dis, lève-toi. » Alors le mort se redressa, s’assit et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère. » En faisant revenir à la vie ce jeune homme, Jésus annonce sa propre victoire sur la mort, qui sera non pas un retour à la vie terrestre, mais une résurrection glorieuse. Il comblera alors l’espérance et l’attente de sa mère, la seule qui a mis sa foi en l’annonce qu’il avait faite : « le troisième jour, le Fils de l’homme ressuscitera ».
4. « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. » Telle sera la réponse de Jésus à son cousin Jean-Baptiste sur la question de son identité messianique : les signes qu’il donne sont ceux de la présence du Messie, de la vérité de l’Évangile. Prions avec Marie pour que l’Église s’ouvre à ces signes que Jésus continue à donner, et qu’elle les accueille comme un élément normal de sa pastorale d’évangélisation.
5. La première lecture, tirée du 1er livre des Rois, nous propose un épisode similaire : « Le Seigneur entendit la prière d’Élie ; le souffle de l’enfant revint en lui : il était vivant ! Élie prit alors l’enfant, de sa chambre il le redescendit de la maison, le remit à sa mère et dit : « Regarde, ton fils est vivant ! » Rendons grâce pour la foi héroïque de Marie, qui a vu, à travers la plus grande épreuve, la réalisation de la prophétie de l’ange Gabriel au jour de l’Annonciation : « Il sera grand… Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin » (Lc 1,32-33). Et écoutons cette parole prophétique d’Élie : « Regarde, ton fils est vivant ! »

11° D TO A — Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson

Ex 19,2-6 ; Rm 5,6-11 ; Mt 9,36-10,8.
1. « Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. » Tout évangélisateur se situe à la suite de Jésus pour une évangélisation qui est à la fois Parole et Signes, proclamation et guérisons… Avec Marie, prions pour demander les évangélisateurs dont l’Église a besoin.
2. « Jésus, voyant les foules, eut pitié d’elles parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger. » L’évangélisateur partage le regard de Jésus sur les hommes. L’action évangélisatrice de Jésus s’enracine dans ce regard qui constate qu’il n’y a pas de berger pour rassembler le peuple de Dieu. Il en résulte : lassitude, prostration, langueur. Et Jésus porte cela dans son cœur de Pasteur plein de compassion… Avec Marie, prions pour demander les évangélisateurs dont l’Église a besoin.
3. « Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux. » L’Évangélisateur partage la conscience qu’a Jésus de la moisson à accomplir. L’état dans lequel vit le peuple de Dieu, et plus largement l’ensemble des hommes, cet état de choses prépare ce que Jésus appelle la « moisson ». Jésus voit la moisson à accomplir, là où d’autres ne verront rien, ou, du moins, que du négatif. Avec Marie, prions pour demander les évangélisateurs dont l’Église a besoin.
4. « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » L’Évangélisateur partage l’intercession de Jésus. Dieu est le maître de la moisson. C’est lui qui ordonne de la faire quand elle est prête, et il en donne les moyens. De la conscience aiguë de la moisson à accomplir dérive la prière insistante pour l’envoi des ouvriers. Si quelqu’un a ce fardeau sur le cœur, c’est d’abord en vue de l’intercession. Avec Marie, prions pour demander les évangélisateurs dont l’Église a besoin.
5. « Alors Jésus appela ses douze disciples, et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits mauvais et de guérir toute maladie et toute infirmité. » L’Évangélisateur partage la puissance de l’Esprit donnée par Jésus. Jésus, lui, envoie déjà ceux qui lui ont été donnés, « deux à deux » précise Mc 6,7 (et donc en communauté), avec la puissance de l’Esprit (« pouvoir sur les esprits mauvais, de façon à les expulser et à guérir toute maladie et toute infirmité »). Une Église communautaire, une Église charismatique… Avec Marie, prions pour demander les évangélisateurs dont l’Église a besoin.

11° D TO B — Nous avons pleine confiance dans le Seigneur

Ez 17,22-24; 2 Co 5,6-10; Mc 4,26-34.
1. «Nous avons pleine confiance dans le Seigneur. Nous cheminons dans la foi, nous ne voyons pas. Oui, nous avons confiance.» Paul souligne la difficulté de la foi. Mais il sait que le chemin de la foi mène à la pleine lumière : «Il nous faudra tous apparaître à découvert».  Marie, aide-nous à garder confiance sur le chemin de la foi.
2. «Moi, le Seigneur, je l’ai dit, et je le ferai.» Ainsi se termine le passage du livre d’Ezéchiel donné en 1° lecture. Les prophéties, les promesses de Dieu s’accomplissent. Comme le dit l’ange Gabriel parlant d’Élisabeth à Marie : «Rien n’est impossible à Dieu. Aucune parole n’est impuissante chez Dieu.»  Avec Marie, demandons la constance de l’espérance.
3. «Nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.» Le Royaume de Dieu contient en lui le dynamisme de sa croissance.  Là encore il nous est demandé la confiance en l’œuvre de Dieu. C’est Dieu qui mènera le Royaume à se plénitude, quelles que soient les circonstances difficiles de l’histoire humaine. Marie, toi qui restes ferme dans la foi, sois notre modèle et notre soutien.
4. «La graine de moutarde… quand on l’a semée, grandit et dépasse toutes les plantes du jardin.» Jésus nous appelle à ne pas nous fier aux apparences, à contempler en profondeur, avec les yeux de la foi, l’œuvre de Dieu qui nous dépasse. Ainsi pouvons-nous aller chaque jour notre chemin, avec Marie, dans la confiance en la parole de Jésus.
5. «Il est bon de rendre grâce au Seigneur, de jouer pour ton nom, Dieu très haut… de publier au matin ton amour, la vérité au long des nuits» (Ps 91) Esprit Saint, nous te le demandons dans la prière de Marie, dépose en nous la joie de la confiance, de l’abandon; la louange du magnificat.

11° D TO C — La pécheresse pardonnée

2 S 12,7-13 ; Ga 2,16-21 ; Lc 7,36-8,3.
1. « Elle apportait un vase précieux plein de parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, à ses pieds, et ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et y versait le parfum. » Tel est l’amour manifesté par cette femme envers Jésus en reconnaissance du Dieu de miséricorde qu’elle a perçu à travers lui. Que Marie nous obtienne ce cœur plein de gratitude.
2. « Voyant cela, le Pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était un prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. » Le Pharisien Simon a conscience d’être juste, jusqu’à l’orgueil. Cet orgueil mine son cœur, il est source de dureté et de condamnation envers les autres. Avec Marie, demandons l’humilité de se reconnaître pécheur.
3. « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait rembourser, il remit à tous deux leur dette. Lequel des deux l’aimera davantage? » Jésus est d’une grande lucidité à l’égard de la sainteté de l’homme. Tout homme est pécheur et reste en dette d’amour envers son créateur. N’est-ce pas ce qu’exprime la Vierge Marie dans son Magnificat : il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante…
4. « Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c’est à cause de son grand amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. » Tel est la constatation de Jésus à propos du cœur endurci dans son orgueil : il est incapable d’amour envers les autres. Jésus propose, comme remède de guérison, la juste conscience de son néant… Marie, exaltée dans les cieux, apprends-nous l’humilité.
5. « Puis il s’adressa à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! » Le cœur repentant de celui qui a conscience de son péché et y renonce peut s’ouvrir au pardon divin et l’accueillir comme une recréation. C’est en ce sens qu’il faut comprendre cette autre parole de Jésus : « Collecteurs d’impôts et prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu. » (Mt 21,31). La parole de Jésus est alors miséricorde, et source d’un renouveau d’amour pour Dieu et son prochain. En Marie l’Immaculée, ouvrons-nous à cette guérison.

12° D TO A — Soyez sans crainte

Jr 20,10-13 ; Rm 5,12-15 ; Mt 10,26-33.
1. « Ne craignez pas les hommes ; tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu. Ce que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. » Ces paroles de Jésus nous invitent par trois fois à chasser de nos vies toute peur vis-à-vis des personnes à qui nous sommes envoyés en mission. Il nous appelle à vivre ouvertement notre témoignage avec audace. L’Évangile est destiné à être connu du monde entier. Avec Marie, prions pour accueillir ce don de l’Esprit Saint, l’assurance.
2. « Moi, Jérémie, j’ai entendu les menaces de la foule… Mais le Seigneur est avec moi comme un guerrier redoutable ; mes persécuteurs s’écrouleront impuissants… Seigneur de l’univers, c’est à toi que j’ai confié ma cause. » Nul prophète n’a été persécuté autant que Jérémie, chargé d’annoncer à ses contemporains le châtiment de l’exil. Il décrit les angoisses de son cœur, ses découragements, mais surmonte sa crainte à la pensée que Dieu demeure avec lui dans le combat, et fera triompher sa cause. Prions à l’intention des chrétiens persécutés.
3. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent pas tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. » Satan peut nous faire perdre l’amour de Dieu, et la vie éternelle. C’est lui seul que nous devons craindre. Nous devons être prêts à renoncer à la vie terrestre pour rester dignes de la vie éternelle. Cela n’est pas dicté par le fanatisme, mais par l’amour porté à Dieu. Avec Marie, demandons à l’Esprit Saint de nous communiquer un véritable amour pour Dieu.
4. « Est-ce qu’on ne vend pas deux moineaux pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus que tous les moineaux du monde. » Aussi longtemps et aussi loin que nous remplissons notre mission, nous sommes dans la main du Père. Lui qui s’occupe des plus petits animaux, et du cheveu le plus insignifiant, prend autrement soin de ses enfants. Que Marie soit notre modèle d’abandon filial au Père.
5. « Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. » Jésus attend de nous cette radicalité dans le témoignage qui nous fait aller au plus loin de notre fidélité à son Évangile. Et nous savons, en quelque sorte, qu’il « assure nos arrières » et s’occupe de nous auprès de son Père, car il est le Fils unique, et c’est pour lui que nous engageons nos vies, comme Marie.

12° D TO B — Pourquoi avoir peur ?

Jb 38,1-11 ; 2 Co 5,14-17 ; Mc 4,35-41.
1. « Passons sur l’autre rive. » C’est Jésus lui-même qui donne l’ordre de traverser le lac, d’aller plus loin, de changer de cap. Il a ses raisons, que les disciples ignorent. Nous-mêmes faisons souvent l’expérience d’être conduits par Dieu dans l’obscurité, sans comprendre où il nous mène. Avec toi, Marie, qui vis la disponibilité à la Parole, nous demandons la grâce de l’obéissance.
2. « Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait d’eau. » Dans l’obéissance à la Parole de Dieu, quand on vit l’audace de la mission, il peut arriver qu’on essuie des tempêtes dont la violence risque de nous désarçonner. Il faut savoir nous y préparer pour les affronter sans perdre pied. Avec toi, Marie qui est restée fidèle dans les tempêtes de ta vie, nous demandons la grâce de la fidélité.
3. « Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Ses compagnons le réveillent. » Jésus semble absent de nos épreuves et de nos combats ; et pourtant, il est là avec nous. Dieu se tait, mais son silence n’est pas absence ou ignorance. Et pourtant, ce vide nous est insupportable. Avec toi Marie, qui n’a jamais douté de la présence du Père à tes côtés, même aux moments où tu ne comprenais plus rien, nous demandons la grâce d’être délivré de l’emprise de la peur.
4. « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Il est légitime de lancer au Seigneur nos cris de détresse. Ils sont souvent l’expression de notre souffrance et de notre panique. Mais ne risquons-nous pas de l’insulter en disant : « cela ne te fait rien ? » Ne serait-ce pas nier l’amour que Dieu nous porte ? Avec toi Marie qui demeura dans la certitude de la miséricorde du Père, nous demandons la grâce de la confiance en l’Amour divin, quelles que soient les circonstances tragiques que nous traversons.
5. « Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? » Jésus s’étonne qu’on puisse le voir comme un Dieu absent, lointain, inactif, insensible. Il affirme que le problème est d’abord de notre côté : la peur, le manque de foi. Et il nous demande d’accepter que sa relation avec nous soit vécue dans une certaine distance, une certaine discrétion. Avec toi, Marie qui a cheminé dans l’obscurité de la foi, nous demandons la grâce d’une foi qui s’abandonne avec confiance.

12° D TO C — Qui suis-je ?

Za 12,10-11 ; Ga 3,26-29 ; Lc 9,18-24.
1. « Pour la foule, qui suis-je ?… Pour vous, qui suis-je ? » La question de l’identité de Jésus semble ne pas se poser pour ceux qui sont baptisés. Et pourtant, il n’est pas inutile de nous demander si Jésus est bien pour nous fils de Marie et Fils de Dieu… Marie, tu es la garante de l’Incarnation ; continue à nous rendre présent le mystère du Christ à la fois Dieu et homme.
2. « Un jour Jésus priait à l’écart. » Ainsi commence cet évangile. Luc excelle à nous montrer Jésus en prière, notamment avant les grands moments de révélation sur sa mission (voir p. ex. le baptême Lc 3,21). Ici la prière de Jésus va susciter au cœur de Pierre une réponse inspirée, pleine de foi et d’Esprit Saint. Avec Marie, prions pour demander la grâce de la foi véritable en Jésus pour telle ou telle personne que nous connaissons.
3. « Pour vous, qui suis-je ? Pierre prit la parole et dit : le Messie de Dieu. Et Jésus leur défendit vivement de le révéler. » Entre la réponse de Pierre, inspirée par l’Esprit, et la vérité profonde de ce Messie qu’il invoque, il reste tout un chemin de purification et d’approfondissement à parcourir. Nous redécouvrons ici la nécessité d’une formation exigeante de la foi. Prions pour tous les responsables de la formation de la foi dans nos diocèses.
4. « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit tué, et que le troisième jour il ressuscite. » Cette révélation que Jésus donne du cœur de sa mission se trouve déjà gravée dans le premier Testament. En témoigne le passage de Zacharie entendu en 1° lecture : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé… ils pleureront sur lui amèrement comme sur un premier-né. » Demandons à l’Esprit Saint, par Marie, de continuer à nous faire parvenir au cœur de cette révélation.
5. « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. » Voici finalement la clé de la révélation : nous ne découvrons en vérité l’identité de Jésus qu’en mettant nos pas dans les siens. Marie est ici le modèle très sûr du disciple : elle découvre la vérité sur son fils à travers les promesses de l’ange Gabriel, mais surtout en le suivant jusqu’à la croix. Prenons sa main pour marcher avec elle à la suite de Jésus.

13° D TO A — Qui vous accueille m’accueille…

2 R 4,8-16 ; Rm 6,3-11 ; Mt 10,37-42.
1. « Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille, accueille celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète. » Lorsqu’un homme est prêt à accueillir un messager de Dieu, il reçoit part à sa grâce. Celui qui est accueilli rayonne quelque chose de sa grâce d’envoyé, partout où l’occasion lui en est offerte. Un exemple admirable en est fourni par la première lecture ; la femme de Sunam qui reçoit le prophète Élisée reçoit de lui le don de la fécondité. Prenons avec nous Marie, qui a reçu le Verbe de Dieu, et nous communique sa présence.
2. « Qui vous accueille m’accueille… Qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, vraiment, je vous le dis : il ne perdra pas sa récompense. » Jésus s’identifie avec ses envoyés. Les accueillir, c’est recevoir Jésus et son Père. L’envoyé est sacrement de Jésus. Ces paroles ne peuvent que nous donner conscience de notre dignité de baptisés, confirmés et envoyés. Que Marie nous aide à éduquer ceux qui nous sont confiés à cultiver ce regard qui fait ressortir la dignité de tout baptisé, à plus forte raison de tout ministre ordonné.
3. « Nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés… Nous avons été mis au tombeau avec lui… pour que nous menions une vie nouvelle. » Le baptême nous unit à Jésus de sorte que nous ne faisons plus qu’un avec lui. Avec lui, notre vieil homme est crucifié et déposé au tombeau. Avec lui, notre homme nouveau est ressuscité et monté aux cieux. Notre dignité baptismale de prêtres, prophètes et rois, fait de nous des frères et sœurs du Seigneur. Contemplons en Marie l’exemple le plus parfait de l’union à Jésus ; présente à sa croix, elle a reçu part à sa résurrection dans son Assomption.
4. « Pensez que vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ… Qui veut garder sa vie pour soi la perdra ; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera. » La grâce sacramentelle du baptême nous unit si bien à Jésus crucifié et ressuscité que notre vie lui appartient totalement. Cette réalité spirituelle nous mène à vivre notre vie terrestre de façon à nous en déprendre. Nous cessons d’être centrés sur nous-mêmes de manière à recevoir ce que Jésus nous donne : la vie en Dieu. Avec Marie, ouvrons nos cœurs à ce don.
5. « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. » L’exigence de Jésus paraît exorbitante. Elle est à la hauteur de l’amour qu’il nous a porté dans le don qu’il nous a fait de sa vie sur la croix. En retour, il attend de nous un attachement radical. Pour ce faire, nous avons besoin que l’Esprit Saint nous attire à Jésus. Demandons-le lui par Marie.

13° D TO B — Dieu n’a pas fait la mort

Sg 1,13-24 ; 2 Co 8,7-15 ; Mc 5,21-43.
1. « Jaïre, voyant Jésus, tombe à ses pieds et le supplie instamment : « Ma petite fille est à toute extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive » Des gens arrivent de la maison de Jaïre pour annoncer à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. A quoi bon déranger encore le maître ? » La réputation de Jésus au sujet de son ministère de guérison était telle que beaucoup venaient le trouver. Voici un papa qui vient « supplier instamment » Jésus en se jetant à ses pieds, à propos de sa fille sur le point de mourir. Prions avec Marie à l’intention de tous les parents affrontés à la mort d’un de leurs enfants.
2. « Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. » Jésus entre et dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte, elle dort. » Que l’enfant soit morte n’empêche pas Jésus de demander à cet homme un acte de foi encore plus grand – « Crois seulement » – pour croire qu’il a pouvoir non seulement sur la maladie, mais aussi sur la mort. D’ailleurs, qu’est ce que la mort pour Jésus ? Il parle de sommeil, pour cette enfant comme pour Lazare… Que la grande foi de Marie nous aide nous-mêmes à croire fermement que rien n’est impossible à Jésus, lui qui fait revenir cette enfant à la vie.
3. « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée » A l’instant l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui… Jésus dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. » Voici encore un grand exemple de foi. Cette femme touche à la dérobée le vêtement de Jésus et obtient sa guérison. La foi touche Dieu et remporte ce qu’elle demande. Jésus a conscience que la foi a agi. Il va dire : « ta foi t’a sauvée, soi guérie » et non pas « je t’ai guérie ». Mettons toute notre foi en Jésus, déployons notre acte de foi en son amour, pour ce que nous lui demandons dans cette dizaine de notre chapelet.
4. « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Ce qui naît dans le monde est bienfaisant, et l’on n’y trouve pas le poison qui fait mourir. La puissance de la mort ne règne pas sur la terre, car la justice est immortelle. » Ce magnifique passage du livre de la Sagesse proclame clairement la bonté originelle de la création sortie des mains de Dieu. Même marquée par le péché, la création reste bonne. Et il est utile à notre foi de répéter : « Dieu n’a pas fait la mort ». Avec Marie, prions à l’intention de tous ceux qui accusent Dieu de leurs propres malheurs.
5. « Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable, il a fait de lui une image de ce qu’il est en lui-même. La mort est entrée dans le monde par la jalousie du diable. » L’homme est image de Dieu, et même s’il a perdu cette image par suite du péché, il en a gardé la ressemblance. « La mort est entrée dans le monde par la jalousie du diable » : c’est le diable le véritable auteur de la mort. Mais en venant à nous par Marie, et en donnant sa vie pour nous sur la croix, Jésus a écrasé la tête du serpent. C’est notre conviction de foi.

13° D TO C — Je te suivrai Seigneur…

1 R 19,16-21 ; Ga 5,1-18 ; Lc 9,51-62.
1. « Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. » Jésus marche résolument vers Jérusalem, vers sa croix et sa résurrection, vers son « enlèvement ». Jésus est souverainement libre pour atteindre l’objectif de sa mission, fixé par le Père. Il attend de nous cette même liberté. Contemplons en Marie l’exemple d’une vie donnée en toute liberté pour suivre Jésus.
2. « En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras ». Jésus lui répondit : « … le Fils de l’homme, lui, n’a pas d’endroit où reposer sa tête. » La liberté souveraine de Jésus l’a détaché de toute propriété terrestre : il n’a plus de maison, pas même celle de Nazareth. Il vit dans une insécurité totale. Il ne possède rien d’autre que le service de sa mission. Que Marie nous aide à accueillir cette exigence de détachement dans notre marche à la suite de Jésus.
3. « Il dit à un autre : « Suis-moi ». L’homme répondit : « Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père ». Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le Règne de Dieu. » Quand Jésus appelle, c’est pour nous faire entrer dans la Vie, et faire de nous les serviteurs de cette Vie. La sépulture de nos proches ne peut être une raison de différer l’obéissance à cet appel. Jésus est le Seigneur des morts et des vivants. Marie en est un lumineux témoignage.
4. « Un autre encore dit : « Je te suivrai, Seigneur, mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison ». Jésus lui répondit : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. » Le désir de suivre Jésus est déjà un appel à tout réorienter dans nos vies vers le Royaume de Dieu. Il est premier. C’est pourquoi il ne saurait exister de « d’abord » qui lui soit supérieur. La décision exigée est indivisible et immédiate. Que Marie nous obtienne la force de vivre cette exigence.
5. « Je vous le dis : vivez sous la conduite de l’Esprit de Dieu, alors vous n’obéirez pas aux tendances égoïstes de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’esprit, et les tendances de l’esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire ce que vous voudriez. » Saint Paul nous donne dans la seconde lecture la compréhension de ces combats spirituels dont nous venons de voir trois exemples. Pour être pleinement libre comme Jésus, il faut nous laisser mener par l’Esprit. Avec Marie, demandons-en la grâce.

14° D TO A — Tu l’as révélé aux tout-petits

Za 9,9-10 ; Rm 8,9-13 ; Mt 11,25-30.
1. « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange. » Cette prière de Jésus nous rapproche étonnamment du « Notre Père ». Jésus, sur la terre, s’adresse au « Père », dont il sait qu’il est en vérité le « Seigneur du ciel et de la terre ». Il se situe en dépendance de lui ; plus tard, ressuscité, il dira : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. » Cette prière adressée au Père est une louange. La prière du « Notre Père » ne consiste-t-elle pas à nous tourner vers lui dans un esprit de louange, comme le fait aussi Marie dans son Magnificat ?
2. « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient vers toi : il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne. » Cette magnifique prophétie, transmise dans le livre de Zacharie, nous donne à voir l’entrée de Jésus à Jérusalem pour y vivre sa passion, acclamé par les foules… L’humilité de Jésus monté sur un ânon est fondamentalement l’humilité de Dieu, qui se révèle à Bethléem, au Golgotha, et ici après l’échec de la prédication dans les villages du tour du lac. « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. »
3. « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté. » Le Règne de Dieu se fraie un passage à travers les méandres des refus et des adhésions humaines. Jésus en fait l’expérience dans sa propre prédication. Cependant, cela ne l’empêche pas de demeurer dans la louange, car il sait que l’humble amour de Dieu sera victorieux de l’orgueil démesuré des hommes. C’est pourquoi nous pouvons prier avec espérance : « Père, sanctifie ton Nom, fais advenir ton Règne, accomplis ta volonté ! »
4. « Tout m’a été confié par mon Père… Personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. » Jésus a une vive conscience de venir nous révéler la tendresse du Père à travers l’humilité de son incarnation. Tout nous vient du Père par l’humble médiation de Jésus qui se donne à nous. Il est le Pain de Vie ; il est le Pardon, la Miséricorde ; il est la Victoire de la tentation et du Mal. Ce qu’il nous fait demander dans le « Notre Père », c’est ce qu’il a accompli pour nous à travers son œuvre en ce monde. Avec Marie, accueillons ce don de l’amour du Fils, du Père et de l’Esprit.
5. « Venez à moi… Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. » Cette invitation que Jésus nous adresse, nous pouvons la comprendre à la lumière de ce qu’a vécu Marie. Elle seule, par sa petitesse, a pu accueillir l’humilité du don de l’amour divin. Elle seule a pu se placer d’emblée sous le joug divin. Elle en a pourtant été bouleversée, comme elle l’exprime dans son Magnificat. Avec elle, accueillons l’humble amour de Jésus, marchons à son pas, dans l’humilité, la douceur et la paix du cœur.

14° D TO B — N’est-il pas le charpentier ?

Ez 2,2-5 ; 2 Co 12,7-10 ; Mc 6,1-6.
1. « Jésus part pour son pays, et ses disciples le suivent. Le jour du sabbat, il se met à enseigner dans la synagogue. » Voici que Jésus revient chez lui avec des disciples. Il enseigne à la synagogue. Marie écoute et admire son fils, mais elle se trouve affrontée aux questions, perplexités et incrédulités des habitants de Nazareth. Le prophète Ezéchiel s’était entendu donner comme ordre de mission : « Je t’envoie vers ce peuple de rebelles qui s’est révolté contre moi. » Aide-nous, Marie, a accepter toutes les situations inconfortables et contradictoires qui se présentent à nous à cause de l’Évangile.
2. « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? Et il était pour eux un scandale. » Comment la grâce de Dieu peut-elle venir à nous à travers les limites d’un homme ordinaire ? Cette question demeure la nôtre devant la pauvreté du prêtre ou du sacrement. C’est le choc que produit l’incarnation. Que Marie nous aide à accueillir le mystère de simplicité. « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » dit saint Paul.
3. « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison. » Cette réflexion de Jésus montre qu’il est sans illusion sur l’accueil qui lui est réservé chez lui. Prions pour tous ceux qui vivent ce paradoxe de ne pouvoir se rendre crédibles dans leur annonce de l’évangile auprès de ceux qu’ils aiment le plus. Saint Paul dit : « J’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. »
4. « Et là il ne put accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Il s’étonnait de leur manque de foi. » L’absence de foi est stérilisante pour la miséricorde divine. Celle-ci peut accomplir des merveilles quand elle est accueillie dans un cœur qui pose l’acte de foi. À Nazareth, Jésus a accompli « seulement » quelques guérisons ordinaires, mais il aurait voulu donner tellement plus… Aide-nous, Marie, à grandir dans la foi.
5. « Alors il parcourait les villages alentour en enseignant. » Jésus ne se laisse pas décourager par « l’échec de Nazareth ». Il continue son témoignage sur le Royaume des cieux auprès d’autres personnes. Avec toi Marie, nous prions pour tous ceux qui sont guettés par le découragement dans leur service d’évangélisation, et nous écoutons la parole dite à saint Paul : « Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. »

14° D TO C — Soixante-douze évangélisateurs

Is 66,10-14 ; Ga 6,14-18 ; Lc 10,1-20.
1. « Le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller. » Être évangélisateur, c’est être envoyé par Jésus pour annoncer sa présence, pour préparer les cœurs à accueillir sa venue. Regardons Marie : elle a donné sa vie pour que Jésus puisse venir à nous.
2. « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux ; priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. » Nul autre que Dieu lui-même n’est Maître de la mission ; tout évangélisateur n’est qu’ouvrier. Et son attitude première est cette pauvreté qui consiste à dépendre du Maître, et donc à le prier d’envoyer d’autres ouvriers. Écoutons Marie : « Je suis la servante du Seigneur ».
3. « Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. » Jésus insiste sur la pauvreté, la fragilité des envoyés. Aucun appui humain ne saurait être utile pour la mission : argent, vêtements, amitié… La force, le point d’appui se trouvent dans l’envoi lui-même, accompli par Jésus et son Église. Confiance et abandon, attitude spirituelle éminemment mariale. « Que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil » dit aussi saint Paul.
4. « Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : « Paix à cette maison. » S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui. » C’est au cœur de la maison, de la famille, que s’accomplit l’évangélisation. Elle est communication de la paix de Dieu. N’avons-nous pas un modèle dans la visite de Marie à sa cousine Élisabeth ? Ecoutons aussi Isaïe : « Voici ce que dit le Seigneur : « Je dirigerai vers elle la paix comme un fleuve. »
5. « Là, guérissez les malades et dites aux habitants : « Le Règne de Dieu est arrivé jusqu’à vous. » La paix de Dieu est guérison de l’âme et du corps. L’évangélisation est signe et parole, signe qui provoque à une parole. Et cette parole est explicitation du signe : en Jésus, la présence aimante et créatrice de Dieu se fait toute proche, à travers un amour tout simple. « Comme une mère console son enfant, moi-même je vous consolerai, dans Jérusalem vous serez consolés… Et le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs. »

15° D TO A — Le semeur est sorti pour semer

Is 55,10-11 ; Rm 8,18-23 ; Mt 13,1-23.
1. Jésus se présente à nous comme « le semeur sorti pour semer » et nous parle ainsi en images des résultats de sa prédication évangélique : « Quand l’homme entend la parole du Royaume sans la comprendre, le Mauvais survient et s’empare de tout ce qui est semé dans son cœur. » Celui dont le cœur est fermé ou endurci se prête à une action diabolique qui a pour nom : avortement, le fait d’enlever le germe. Avec Marie en qui « le Verbe s’est fait chair », ouvrons nos cœurs à la semence de la Parole.
2. « Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c’est l’homme qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie ; mais il n’a pas de racine en lui, il est l’homme d’un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il tombe aussitôt. » Ce qui permet à la semence de pousser ses racines, c’est la prière intérieure et silencieuse. Avec Marie dont l’évangile nous dit qu’elle « conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2,19), demandons la grâce de l’oraison qui enracine en nous la Parole.
3. « Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c’est l’homme qui entend la Parole ; mais les soucis du monde et les séductions de la richesse étouffent la Parole, et il ne donne pas de fruit. » Jésus nous l’a bien dit : « Là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur » (Lc 12,34), Nous ne pouvons pas être des hommes et des femmes au cœur partagé, en cultivant l’amour du monde en même temps que l’amour de Dieu. Pour que la Parole porte du fruit en nos vies, il nous faut choisir. Prions avec Marie, à qui Élisabeth adresse cette belle béatitude : « Heureuse celle qui a cru en l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Lc 1,45).
4. « Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est l’homme qui entend la Parole et la comprend ; il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. » Quand on viendra dire à Jésus : « Heureuses les entrailles qui t’ont porté et les seins que tu as sucés ! », il répondra : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l’observent ! » (Lc 11,27-28). Il soulignera ainsi que Marie est l’exemple même de la bonne terre qui porte du fruit, cent pour un. Demandons avec elle cette grâce de fécondité.
5. « Ma Parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission. » Nous ne pouvons pas entendre ce cri de victoire de Dieu sans penser à la croix du Fils : si l’œuvre de sa vie a paru échouer devant la dureté de cœur de ses auditeurs, la croix fut la pluie qui abreuva la terre desséchée. Et nous comprenons aussi la certitude de l’archange Gabriel qui dit à Marie parlant d’Élisabeth : « Aucune parole n’est impuissante chez Dieu. » (Lc 1,37). Ouvrons nos cœurs à la Parole vivante de Dieu.

15° D TO B — Il les envoie deux par deux

Am 7,12-15 ; Ep 1,3-14 ; Mc 6,7-13.
1. « Jésus appelle les douze, et pour la première fois, il les envoie deux par deux. » Jésus prend l’initiative, dans la formation des Douze, de leur faire vivre des temps d’évangélisation pratique. Et nous aussi il nous envoie. Comme toi, Marie, nous voulons répondre « présent », et nous mettre au service du Seigneur en répondant : « je suis la servante du Seigneur ».
2. « Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais, et il leur prescrivit de ne rien emporter pour la route, si ce n’est un bâton. » Jésus ne nous envoie pas les mains vides, mais avec la puissance du Saint Esprit qui manifeste la miséricorde divine : libération du mal et de toute servitude (ce qu’exprime le « bâton » qui rappelle celui de Moïse, pour accomplir des signes de puissance). Avec toi, Marie, nous méditons la parole de l’ange Gabriel : « l’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre ».
3. « Il leur prescrivit de n’avoir ni pain, ni sac, ni pièce de monnaie… « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Nos appuis ne peuvent se trouver en rien dans les ressources humaines. Nous n’avons pas pris d’assurance tout risque pour la mission. Nous sommes appelés à avoir foi dans le Seigneur : « ma grâce te suffit » dit Jésus à Paul. Avec toi, Marie, nous voulons nous abandonner : « qu’il me soit fait selon ta Parole ».
4. « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. » C’est Dieu qui ouvre les cœurs et qui s’occupe de l’évangélisateur. L’accueil de l’évangélisateur est signe de l’ouverture à la présence de Dieu qui envoie. Marie, comblée de grâce, toi qui n’as jamais manqué de rien, apprends-nous à nous remettre entre les mains de Dieu.
5. « Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades et les guérissaient. » La proclamation des envoyés n’est pas lénifiante ; elle appelle à la conversion, comme toi Marie dans tes apparitions. Et les signes de libération et de miséricorde viennent attester le passage du Seigneur. Marie conduis-nous à accueillir Jésus.

15° D TO C — Qui est mon prochain ?

Dt 30,10-14 ; Col 1,15-20 ; Lc 10,25-37.
1. « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits : ceux-ci après l’avoir dépouillé, roué de coups, s’en allèrent en le laissant à moitié mort. » En cet homme, on peut reconnaître, descendant de Jérusalem (cité sainte) à Jéricho (ville mondaine), et que les brigands dépouillent et laissent demi-mort, la figure d’Adam, sorti du Paradis, qui reste blessé de son péché, privé de la grâce, et sans forces pour reprendre sa route. Contemplons en Marie Immaculée l’être humain restitué dans la grâce.
2. « Un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté. » Prêtre et lévite se détournent de cet homme, comme la Loi et les Prophètes, incapables de secourir l’homme dans sa condition actuelle. Au terme de l’Ancien Testament, Jean-Baptiste et Marie sont les vraies portes d’entrée dans l’ère de la grâce. « Tous les prophètes en effet, ainsi que la Loi, ont mené leurs prophéties jusqu’à Jean » (Mt 11,13). Avec Marie, ouvrons-nous à l’amour divin.
3. « Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui ; il le vit et fut pris de pitié. Il s’approcha, pansa ses plaies en y versant de l’huile et du vin. » Survient le Christ, qui est le véritable Samaritain, et le Bon Pasteur. En voyant l’homme blessé, il est ému de compassion… Ce que l’étranger fait, Jésus l’a accompli lui-même pour nous tous au-delà de toute mesure. Avec Marie à Cana, supplions Jésus pour tous nos frères : « Ils n’ont pas de vin ».
4. « Il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, les donna à l’aubergiste, en lui disant : « Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai. » Jésus nous mène à l’hôtellerie, qui est son Église, en payant le prix, en nous rachetant, et en promettant son retour, comme dans d’autres paraboles mettant en scène sa Parousie. Marie n’est-elle pas ce témoin unique qui nous redit combien Jésus s’est fait proche de nous, d’une proximité cordiale, et active ?
5. « Lequel de ces trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme qui était tombé entre les mains des bandits ? » Le docteur de la Loi répond : « Celui qui a fait preuve de bonté envers lui. Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. » Le Samaritain est un pseudonyme de Jésus, et, par la parole dite au docteur de la Loi : « fais de même », celui-ci est invité à le suivre. Jésus s’est fait notre prochain, et nous demande de nous faire, à sa suite, le prochain les uns des autres. Marie est là pour nous y aider.

16° D TO A — Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson

Sg 12,13-19 ; Rm 8,26-27 ; Mt 13,24-43.
1. « Le Royaume des cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla. » Le mal est présent dans le monde, nous ne le savons que trop. Jésus en désigne ici l’auteur, à la fois ennemi de l’homme et ennemi de Dieu. Le diable agit de façon dissimulée pour essayer d’arracher la semence divine, de l’étouffer, de l’empêcher de croître. Mais, rendons grâce avec Marie et avec toute l’Église : « quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères, et devient un arbre. »
2. « Veux-tu que nous allions enlever l’ivraie ? » Il répond : « Non, de peur qu’enlevant l’ivraie, vous n’arrachiez le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson. » Le désir est grand de faire le tri dès maintenant entre le bien et le mal, entre les « fils du Royaume » et les « fils du Mauvais ». Nous désirons que la vérité et la justice triomphent. La réponse de Jésus peut paraître déconcertante : il faut s’accommoder de ce mélange et de cette impureté. Ainsi sommes-nous présents avec toi Marie à la croix de Jésus qui enlève le péché du monde.
3. « De même qu’on enlève l’ivraie pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde. Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son Royaume tous ceux qui font tomber les autres et ceux qui commettent le mal. » Jésus ne se contente pas de nous demander la patience ; il nous assure que la justice sera établie à la fin du monde, et que Dieu lui-même agira en juge : il fera le tri entre le bien et le mal, il enlèvera de son Royaume tous les complices du mal. « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. » Avec Marie dans la gloire de l’Assomption, prions le Père de hâter ce jour.
4. « Toi Seigneur, qui disposes de la force, tu juges avec indulgence, tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement, car tu n’as qu’à vouloir pour exercer ta puissance. » Dans ce passage du livre de la Sagesse, nous lisons que Dieu, dans sa puissance illimitée, exerce une justice parfaite. Et c’est précisément cette puissance qui le porte aussi à régner avec indulgence, ménagement, douceur… Jésus a révélé la vérité de ce que l’Ancien Testament ne faisait que pressentir. « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique… pour que par lui le monde soit sauvé » (Jn 3,16-17).
5. « L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables. » Quelle est donc la prière de l’Esprit ? « L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ! » (Ap 22,17). L’Esprit ne cesse d’appeler la manifestation de la Jérusalem céleste, la venue de Jésus dans la gloire. Et l’Esprit « veut ce que Dieu veut ». Joignons-nous à cette prière de l’Esprit au cœur de l’Église : Jésus, « nous attendons ta venue dans la gloire ».

16° D TO B — Venez à l’écart

Jr 23,1-6 ; Ep 2,13-18 ; Mc 6,30-34.
1. « Les Apôtres se réunissent auprès de Jésus… En débarquant, il vit une grande foule. » Jésus se donne aussi bien aux Douze, pour une formation approfondie, qu’aux foules avec leurs attentes mêlées, à travers un enseignement en paraboles. Avec Marie, prions pour les pasteurs qui sont souvent tiraillés entre ces deux exigences.
2. « Venez à l’écart, dans un endroit désert… Ils partirent donc pour un endroit désert, à l’écart. » La répétition elle-même de ces mots nous fait comprendre l’importance, pour Jésus, des temps de désert. Avec Marie, prions pour que les personnes en responsabilité pastorale accèdent à cette exigence du « désert » pour le cœur à cœur avec le Seigneur.
3. « Reposez-vous un peu. » Pour Jésus, le repos est aussi important pour les évangélisateurs que pour le reste des gens. Le désert, lieu du silence, de la prière, est aussi le lieu du « repos ». Non seulement pour évacuer les fatigues, mais aussi pour réapprendre à se reposer sur Dieu. Demandons-le maintenant avec Marie pour les évangélisateurs.
4. « Il fut saisi de pitié envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. » Le regard de Jésus sur les foules, au-delà des ambiguïtés de leurs attentes, est celui du cœur : Jésus voit qu’elles sont « harassées et prostrées », et il en est « remué jusqu’aux entrailles ». Prions encore une fois avec Marie pour les pasteurs, souvent tentés par le découragement.
5. « Alors il se mit à les instruire longuement. » La première nourriture que Jésus donne pour revitaliser le peuple de Dieu, le fortifier et refaire son unité, c’est sa Parole. C’est la première table de la célébration dominicale, la table de la Parole. Prions Marie, qui a permis à la Parole de Dieu de se faire entendre parmi nous en mots humains, de nous garder affamés de la Parole divine.

16° D TO C — Marthe et Marie

Gn 18,1-10 ; Col 1,24-28 ; Lc 10,38-42.
1. « Alors qu’il était en route avec ses disciples, Jésus entra dans un village. Une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison. » À cet évangile correspond, en première lecture, la scène de l’hospitalité d’Abraham au chêne de Mambré, reproduite dans l’icône de la Trinité de Roublev. Avec la Vierge Marie qui l’a vécue dans sa maison de Nazareth demandons la grâce de l’hospitalité, la grâce de savoir accueillir Jésus.
2. « Elle avait une sœur appelée Marie, qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. » Marie de Béthanie nous offre ici le modèle de la personne qui sait accueillir la Parole que Jésus veut nous dire, dans l’écoute et le repos. Cette capacité d’écoute et de foi a particulièrement frappé Élisabeth chez sa cousine la Vierge Marie : « Oui, bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! » (Lc 1,45).
3. « Une seule chose est nécessaire… elle ne lui sera pas enlevée. » La seule chose indispensable, absolument nécessaire, c’est l’écoute de la Parole de Dieu. On ne peut supprimer l’écoute, ou la faire passer en second. Quand l’action finit par rendre la prière impossible, il faut arrêter l’action pour se replonger dans la prière. Lors de sa visite chez Élisabeth, la Vierge Marie commence par dire son Magnificat, comme prélude à trois mois de service.
4. « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. » Le service des autres et le service de Dieu ne sont qu’agitation, s’ils ne sont pas guidés par le discernement que donne l’écoute de Dieu. Contemplons la Vierge Marie, qui est conduite à accomplir l’œuvre de Dieu, parce qu’elle accueille sa volonté à travers la visite de l’Ange Gabriel.
5. « Marie a choisi la meilleure part. » L’épisode de la rencontre de Jésus avec Marthe et Marie n’oppose pas la contemplation à l’action. Jésus encourage à demeurer à l’écoute de l’Esprit Saint, pour donner à l’action une plus grande fécondité. C’est l’amour qui agit, et celui-ci est reçu de l’Esprit Saint. C’est un peu le sens aussi de l’enchaînement proposé par Luc entre la parabole du bon Samaritain et l’épisode de Marthe et Marie.


17° D TO A — Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu

1 R 3,5-12 ; Rm 8,28-30 ; Mt 13,44-52.
1. « Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède et il achète ce champ. » Les paraboles du trésor et de la perle nous enseignent l’attitude nécessaire pour entrer dans le Royaume. Celui qui comprend la valeur de ce qu’offre Jésus n’hésite pas à se dépouiller de tous ses biens, à devenir un pauvre en esprit, et à marcher dans la foi pure pour acquérir ce qui lui est offert. Contemplons Marie qui a su tout donner pour être toute à Dieu.
2. « Le Royaume des cieux est encore comparable à un filet qu’on jette dans la mer et qui ramène toutes sortes de poissons. Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s’assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon et on rejette ce qui ne vaut rien. » Viendra le temps du tri. Ce n’est pas tout homme qui trouve le trésor et la perle. Derrière l’offre de Dieu se trouve le sérieux avertissement de ne pas la négliger. Que la présence priante de Marie nous aide à convertir nos vies pour correspondre au don de Dieu et entrer dans le Royaume.
3. « Le Seigneur dit à Salomon : « Demande-moi ce que tu veux et je te le donnerai. » Salomon répondit : « Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal. » Salomon fait la bonne demande, il mise tout sur le trésor et la perle. Cela plaît à Dieu ; Salomon obtient ce qui est précieux, et tout le reste lui est donné par surcroît. Quant à nous, demandons avec Marie la grâce du discernement, pour rechercher les biens du Royaume.
4. « Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour… Ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu’il a justifiés, il leur a donné sa gloire. » Lorsque nous découvrons le trésor et la perle, voici que l’Esprit Saint allume en nos cœurs le feu de l’Amour. Toute notre vie est reçue de lui comme un don et vécue pour lui comme une offrande. Contemplons l’œuvre de l’Esprit dans la vie de Marie, et demandons à pouvoir nous livrer à l’Amour comme elle, à Cana comme à la Croix, au Cénacle comme à la Gloire.
5. « Avez-vous compris tout cela ? » – « Oui » lui répondent-ils. Jésus ajouta : « C’est ainsi que tout scribe devenu disciple du Royaume des cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. » À la fin du discours en paraboles, ce « oui » étonnant est peut-être celui d’après la Pentecôte. Car seul Jésus ressuscité qui explique le sens des Écritures, et seul l’Esprit conduit dans la vérité tout entière. À la lumière du « neuf », du nouveau de l’Esprit, voici que les disciples comprennent la « parabole » de « l’ancien » : l’ancien n’a pas vieilli, mais reçoit à la lumière du nouveau un nouvel éclat. Rendons grâces avec Marie pour l’œuvre l’Esprit de lumière dans les cœurs.

17° D TO B — Jésus prit les pains, les leur distribua (Jn 6/1)

2 R 4,42-44 ; Ep 4,1-6 ; Jn 6,1-15.
1. « Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait en guérissant les malades… Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. » Le ministère de Jésus auprès des malades suscite le désir, ouvre les cœurs des gens… Et Jésus va pouvoir aller plus loin. Avec Marie, prions pour un renouveau de ce ministère auprès des malades dans l’Église de notre temps ; qu’il soit un chemin d’évangélisation.
2. « Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car lui-même savait bien ce qu’il allait faire. » Jésus n’agit pas seul ; il suscite la collaboration de ses disciples, qui se montrent d’ailleurs fort démunis. Avec Marie, prions pour que la collaboration des prêtres avec les laïcs dans nos paroisses soit vécue comme une exigence évangélique.
3. « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » La remarque d’André est probablement saugrenue. Mais Jésus ne la repousse pas. Il l’accueille et dit : « Faites-les asseoir ». Nous comprenons ainsi que Jésus accueille toujours notre bonne volonté un peu gauche, parfois déplacée. Aide-nous Marie à ouvrir nos cœurs à nos frères pour collaborer avec eux.
4. « Jésus prit les pains, et, après avoir rendu grâce, les leur distribua ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. » À partir du peu de chose que ce jeune garçon a donné à Jésus, celui-ci a pu nourrir cinq mille personnes. Ce rapport sans aucune proportion montre bien l’action surabondante de Dieu, à laquelle nous sommes invités à nous confier. Que Marie nous aide à croire fermement en la puissance de Dieu.
5. « Ramassez les morceaux qui restent pour que rien ne soit perdu… Ils en remplirent douze paniers avec les morceaux qui restaient. » L’évangéliste insiste pour nous montrer ces restes très abondants, susceptibles de nourrir le peuple de Dieu (chiffre 12). La nourriture que Jésus donne ne manquera jamais. L’eucharistie nous sera toujours une nourriture permanente. La parole de Jésus nous oriente aussi vers nos tabernacles, vers la Réserve Eucharistique. Marie, aide-nous à avoir faim du Pain de Vie.

17° D TO C — Marie et le Notre Père

Gn 18,20-32 ; Col 2,12-14 ; Lc 11,1-13.
1. « Père, Abba, Papa. » Voici comment Jésus nous demande d’appeler Dieu, avec un cœur plein de confiance et d’amour. La Vierge Marie n’a-t-elle pas accueilli progressivement cette présence tendre et amoureuse du Père, depuis l’Incarnation du Fils après la visite de l’ange Gabriel, en passant par la prière au cœur de la Sainte Famille, jusqu’aux dialogues avec Jésus à l’âge d’homme à Nazareth ? Demandons-lui de nous aider à accueillir le mystère du Père.
2. « Sur la terre comme au ciel. » Cette prière nous a été enseignée par le Fils, celui qui « est descendu du ciel ». Il nous fait demander que la terre ressemble au ciel, où Dieu est connu comme Père, son amour accueilli, sa volonté accomplie. En regardant Marie, nous réalisons que cette perspective est le cœur de sa mission : en elle, le Verbe s’est fait chair, le ciel a fait irruption sur la terre… Avec elle, contemplons en Jésus le ciel sur la terre.
3. « Ton Nom, ton règne, ta volonté. » Père, sanctifie ton Nom ! Père, fais venir ton Règne ! Père, accomplis ta Volonté ! Ces trois demandes enseignées par Jésus ne sont-elles pas déjà apparues au cœur de Marie, suscitées par l’Esprit ? En contemplant son fils, Marie n’était-elle pas amenée à penser au Père des cieux ? En se livrant totalement au bon vouloir du Père, en cherchant au plus près à le servir, ne disait-elle pas par sa vie : que ton Règne vienne, que ta volonté soit faite ? Merci Marie de nous aider à entrer nous-mêmes dans cet abandon au Père.
4. « Donne-nous le Pain, le Pardon, la Force de l’Esprit. » Notre Pain, donne-le nous… Pardonne-nous nos offenses, comme nous avons pardonné… Fais que nous n’entrions pas dans la tentation… Peut-être est-ce au pied de la croix que Marie a compris à quel point ces trois demandes, qui expriment nos besoins fondamentaux, passent par la croix de Jésus. « Ceci est mon corps livré pour vous » (le Pain) ; « Père pardonne-leur… » (le Pardon) ; « Inclinant la tête, il transmit l’esprit » (la force pour le combat spirituel). Merci Marie d’être unie à la rédemption de Jésus pour nous.
5. « Délivre-nous du Mal. » Cette prière habite le cœur de Marie qui intercède pour tous ses enfants. Elle sait mieux que nous à quel point il faut hâter la venue du Christ en gloire, et donc la manifestation plénière de sa victoire, pour le bonheur de l’humanité. C’est la prière même de l’Esprit au cœur de l’Église, formulée à la fin du livre de l’Apocalypse : « Viens… Viens Seigneur Jésus ! » (Ap 22,17.20).

18° D TO A — Donnez-leur vous-mêmes à manger

Is 55,1-3 ; Rm 8,35-39 ; Mt 14,13-21.
1. « Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter à manger ! » Mais Jésus leur dit : « Donnez-leur vous-même à manger. » Chaque signe accompli par Jésus est riche en formation pédagogique pour les disciples et pour nous. Jésus sait qu’il va accomplir ce miracle de surabondance, et quelle est sa portée pour l’Église qui nourrit l’humanité de l’eucharistie. Il provoque les disciples à se mettre au service des foules, et à entrer par la foi et l’action dans cette diffusion de l’amour divin. Comme les disciples, comme Marie, Jésus nous appelle à être pour lui des collaborateurs de l’œuvre du Père.
2. « Ils lui disent : « Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. » Jésus dit : « Apportez-les moi ici. » Les disciples sont évidemment fort démunis. Cette pauvreté, qui prend la forme de cinq pains et deux poissons, Jésus leur demande de la lui apporter. Jésus réclame de nous notre indigence, il vient mendier notre pauvreté. C’est alors qu’il pourra agir lui-même. Il ne nous demande pas de faire ce que nous ne pouvons pas faire, mais de lui laisser faire l’impossible. Méditons cette parole de Jésus que rapporte saint Paul : « Ma grâce te suffit : car la puissance se déploie dans la faiblesse. » (2 Co 12,9).
3. « Levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule. » Le récit évangélique décrit les gestes de Jésus lors de la multiplication des pains comme des gestes liturgiques. Inversement, chaque célébration eucharistique nous rappelle que nous sommes participants de l’œuvre qui est une sorte de miracle permanent pour nourrir de la vie divine les foules humaines au cours de l’histoire. Avec Marie qui a donné sa chair à Jésus et l’a déposé à sa naissance dans une mangeoire, rendons grâce pour ce don inestimable de l’eucharistie.
4. « Tous mangèrent à leur faim, et des morceaux qui restaient, on ramassa douze paniers pleins. » Ce verset n’est-il pas un clin d’œil en direction des tabernacles de nos églises. Ils sont le lieu de la réserve eucharistique permettant de porter la communion aux malades, mais aussi le lieu de la présence eucharistique de Jésus qui se veut l’Emmanuel, Dieu avec nous. Prions, et demandons au Seigneur de susciter le désir de l’adoration eucharistique au cœur du peuple de Dieu. Prions aussi pour tous ceux qui portent la communion aux malades.
5. « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer… Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. » Par la venue de Jésus, l’eau vive de la Parole est mise à notre disposition pour que nous vivions : « Écoutez et vous vivrez ». Marie ne nous dit-elle pas la même chose à Cana : « Quoiqu’il vous dise, faites-le ! ». En priant avec elle, demandons à servir nos frères à la table de la Parole et de l’Eucharistie.

18° D TO B — Travaillez pour la nourriture qui se garde (Jn 6/2)

Ex 16,2-15 ; Ep 4,17-24 ; Jn 6,24-35.
1. « Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain. » Jésus n’est pas dupe des motivations réelles de la foule qui le suit. Mais sommes-nous exempts de ces impuretés ? Notre prière empressée n’est-elle pas quelquefois une façon de mettre Dieu au service de nos besoins matériels ? Marie, toi qui as dit : « Je suis la servante du Seigneur », aide-nous à chercher le Seigneur pour lui-même.
2. « Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme. » Jésus nous invite à passer du désir du pain, de nos désirs matériels, à l’accueil de la Vie divine, que lui seul peut nous donner. Dans les deux cas, il s’agit bien d’un vrai « travail », d’une orientation essentielle de notre vie. Sommes-nous conscients de cela ? Prenons exemple sur Marie, qui a donné sa vie, pour accueillir le don de Dieu.
3. « Que nous faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » – « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » Pour accueillir la Vie divine, Jésus ne nous demande pas tant de nous donner du mal que de croire en lui, en la puissance de régénération de son œuvre de rédemption. Toutefois, cela suppose tout de même un véritable investissement de temps et d’énergie pour prier et lire la Parole. Écoutons l’invitation de Marie : « Tout ce qu’il vous a dit, faites-le ».
4. « Au désert, nos pères ont mangé la manne… » – « Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » Avec Jésus, tout est neuf. Les plus grands dons de Dieu au cours de l’histoire sainte sont dépassés. Maintenant, c’est Dieu lui-même qui se donne à nous. Aide-nous, Marie, à nous ouvrir à cette présence de Dieu fait homme, la seule qui puisse nous rassasier.
5. « Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. » – « Moi, je suis le pain de la vie. » Jésus ne cesse de nous le redire : c’est à lui seul que nous devons nous attacher. C’est la vie divine qu’il vient apporter ; elle n’est pas une chose, mais lui-même. Lui seul peut combler notre soif d’absolu. C’est pourquoi il désire que nous nous attachions à Dieu en tant que Donateur, et non pas à pour ses dons. Marie, conduis-nous à Jésus.

18° D TO C — Gardez-vous de toute cupidité

Qo 1,2-2,23 ; Col 3,1-11 ; Lc 12,13-21.
1. « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car, la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses. » Pour Jésus la vie de l’homme n’est pas dans la quantité de son avoir, mais dans la qualité de son être. La société de consommation fait fausse route et se trompe de bonheur. Avec Marie, demandons à rester pauvres d’argent pour être riches d’amour. En percevant bien avec saint Paul que « la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent » (1 Tm 6,10).
2. « Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence. » Tel est le réflexe matérialiste de l’homme : jouir de la vie sur la terre, sans chercher à voir plus loin. Alors Jésus nous prévient : « Où est ton trésor, là sera aussi ton cœur » (Mt 6,21). Avec Marie, demandons que perdure le signe de la pauvreté volontaire ; il est le signe en creux que le cœur a accueilli la plénitude de l’amour de Dieu ; il est aussi signe de solidarité avec les plus pauvres et les exclus de notre société.
3. « Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. » – « Tu es fou, cette nuit même, on te redemande ta vie. » L’absurdité d’une vie centrée sur l’accroissement des richesses apparaît clairement face à la mort, mais aussi en considérant que l’homme doit répondre de sa vie devant Dieu. Jésus ne nous oriente-t-il pas vers le partage : « Ce que tu as amassé, qui l’aura ? ». Par Marie, demandons à l’Esprit Saint de nous ouvrir à sa lumière, celle qui nous provoque à la conversion…
4. « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours, que nos cœurs pénètrent la sagesse. » Cette prière tirée du psaume 89 n’est-elle pas merveilleuse dans ce contexte de réflexion sur l’argent et la richesse ? Nous lisons au livre de l’Ecclésiaste : « L’abri de la sagesse vaut l’abri de l’argent… La sagesse fait vivre ceux qui la possèdent » (7,12). Demandons avec Marie cette sagesse qui vient d’en haut.
5. « Vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut… Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre. » Voilà le fondement de l’attitude chrétienne de pauvreté : le Christ. Il est notre vie, la vérité de notre être. Car tout ce que nous sommes en Dieu et pour Dieu, nous ne le devons qu’à lui. Avec Marie, première des rachetés, réjouissons-nous. Et recevons avec gratitude ce que Jésus nous dit aujourd’hui : soyez riches « en vue de Dieu », au lieu d’amasser pour vous-mêmes seulement.

19° D TO A — Confiance ! C’est moi ; n’ayez pas peur !

1 R 19,9-13 ; Rm 9,1-5 ; Mt 14,22-33.
1. « Lorsque le prophète Élie fut arrivé à l’Horeb, la montagne de Dieu, il entra dans une caverne et y passa la nuit. La parole du Seigneur lui fut adressée : « Sors dans la montagne et tiens-toi devant le Seigneur. » Rencontrer le Seigneur ! Qui d’entre nous ne désirerait, à certains moments de sa vie, faire cette rencontre ? Ne sommes-nous pas comme Élie, lassés de l’opposition ou de l’indifférence, fatigués de vivre de foi obscure au cœur de ce monde difficile ? Avec Marie et Élie, ouvrons nos cœurs à la présence divine qui vient nous rencontrer.
2. « A l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan. » Élie doit expérimenter que les grandes forces naturelles qui jadis au Sinaï annonçaient la présence de Dieu, le tremblement de terre qui dans les Psaumes est signe de sa proximité, le feu qui l’a révélé jadis dans le buisson, sont tout au plus des signes précurseurs de sa présence, mais non sa présence elle-même. Demandons à la Vierge Marie de nous aider à avoir le recul nécessaire pour ne pas confondre la présence de Dieu lui-même avec les signes qu’il nous en donne.
3. « Après ce feu, il y eut le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. » C’est seulement lorsque survient le « murmure d’une brise légère » qu’Élie sait qu’il doit cacher son visage dans son manteau : cette douceur inexprimable est comme un pressentiment de l’Incarnation du Fils. « Je suis doux et humble de cœur » dit Jésus (Mt 11,29). Que la Vierge Marie soit notre modèle, notre guide et notre Mère, dans cette rencontre du Dieu vivant.
4. « Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils disaient : « C’est un fantôme », et la peur leur fit pousser des cris. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! C’est moi ; n’ayez pas peur ! » Même si Jésus doit brusquer ses disciples en les séparant de la foule pour qui il a multiplié les pains, sa douceur se révèle dans ces trois mots : « Confiance ! C’est moi ; n’ayez pas peur ! » Ils rejoignent bien l’expérience d’Élie. Marie aussi nous ouvre à cette douceur de Dieu par sa présence maternelle au milieu de nous.
5. « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l’eau. » Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et il marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. » Pierre, médusé, tire profit de la situation. Cette demande qu’il formule à Jésus est significative de la confiance qui s’est tissée entre les deux hommes, entre le Dieu vivant et l’homme pécheur. Il ne dit plus, comme au début : « éloigne-toi de moi » Et Jésus lui-même lui dit : « Viens ! » et sera navré de son manque de foi. Bénie es-tu Marie d’avoir permis en toi la rencontre du Dieu vivant avec l’homme pécheur.

19° D TO B — Je suis le Pain vivant descendu du ciel (Jn 6/3)

1 R 19,4-8 ; Ep 4,30-5,2 ; Jn 6,41-51.
1. « Je suis le Pain vivant descendu du ciel. » Jésus affirme son origine divine : il est descendu du ciel. Ses compatriotes la récusent. Murmures de l’intelligence qui butte sur le mystère. Jésus donne pour seule réponse : écoutez le Père, mettez-vous à l’école du Père. Que Marie, à qui le Père a demandé de devenir mère de Jésus, nous aide à croire aujourd’hui en la divinité de son Fils.
2. « Je suis le Pain de la Vie, je suis le Pain vivant. » Jésus, qui vient de multiplier le pain en une nourriture surabondante, redit qu’il est le Pain de Dieu, qu’il est la vraie nourriture à désirer. Marie, toi qui as déposé Jésus nouveau-né dans une mangeoire, à Bethléem, « maison du pain », avec toi nous voulons recevoir Jésus comme le don du Père qui nous nourrit de sa Vie.
3. « Qui vient à moi n’aura plus jamais faim… qui croit en moi n’aura plus jamais soif… celui qui croit en moi a la vie éternelle. » Jésus, le Pain de Vie, nous demande d’abord de venir à lui, et de croire en lui ; de manifester notre foi par une démarche vers lui ; de laisser le Père nous attirer vers lui. Si nous déployons notre foi, Jésus comblera notre faim, étanchera notre soif. Avec Marie, nous confessons : « il comble de biens les affamés ».
4. « Ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas… Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » Jésus, le Pain de Vie, ne nous demande pas seulement de venir et de croire, mais aussi de manger. Pour recevoir la vie, l’acte de foi devient un acte de manducation, de communion dans l’acte de manger une nourriture. Jésus va s’en expliquer longuement. Marie, Mère du Verbe incarné, aide-nous à communier avec foi.
5. « Il ne mourra pas… il vivra éternellement… Et moi, je le ressusciterai au dernier jour… » Les affirmations répétées de Jésus sont claires. Cette nourriture communique la Vie éternelle ; elle est le gage de notre résurrection future. Que Marie, à la lumière de la résurrection de Jésus, nous aide à nous réjouir du don qui nous est fait en Jésus : nous communions pour Vivre et pour Ressusciter.

19° D TO C — Tenez-vous prêts

Sg 18,6-9 ; He 11,1-19 ; Lc 12,32-48.
1. « Que vos reins soient ceints ; gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour de noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. » Jésus nous invite une fois de plus à veiller. À attendre sa venue. Sa venue dans nos vies et sa venue finale dans la gloire. Pour cela, il nous propose deux objectifs importants : la maîtrise des passions (les « reins ceints ») et la prière continuelle (les « lampes allumées »). Avec Marie, nous veillons dans la prière.
2. « La foi est la manière de posséder déjà ce que l’on espère, de connaître des réalités qu’on ne voit pas » (He 11,1). Guetteurs d’aurore, nous sommes des veilleurs en attente de réalisation de toutes les promesses de Dieu. Elles traversent la Bible, depuis la Genèse (le « protévangile » du ch. 3) jusqu’à l’Apocalypse (« Oui, mon retour est proche »). Avec Marie qui veille avec nous, rendons grâce pour le don de la foi, qui nous permet de déployer notre attente avec assurance…
3. « Père, sanctifie ton Nom, fais venir ton Règne, accomplis ta Volonté ». La prière du Notre Père que Jésus nous a enseignée n’est-elle pas un appel, un cri qui monte sans cesse vers Dieu, pour demander la réalisation de ses promesses, l’accomplissement de son plan d’amour ? Sur la terre comme au ciel… L’Apocalypse formule cette prière ainsi : « l’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! » (Ap 22,17) Avec Marie et toute l’Église, dans l’Esprit Saint, appelons la venue glorieuse de Jésus.
4. « Nous attendons ta venue dans la gloire… Nous attendons la bienheureuse espérance et le dernier avènement de Jésus-Christ notre Sauveur ». Au cœur de chacune de nos eucharisties, nous prions ensemble en affirmant que nous sommes en attente… De la venue glorieuse de Jésus dont la présence eucharistique est comme une anticipation… De la bienheureuse espérance, c’est-à-dire de notre passage vers la gloire divine par la mort… Avec Marie élevée corps et âme dans la gloire, prions pour affermir notre espérance.
5. Jean-Paul II parle ainsi de la place de Marie dans l’attente de la réalisation des promesses : « Si, en tant que mère et vierge, Marie était unie de façon singulière au Christ lors de sa première venue, par sa continuelle coopération avec lui elle le sera aussi dans l’attente de la seconde venue… elle a ce rôle, propre à la Mère, de médiatrice de clémence lors de sa venue définitive… son union même à son Fils dans la gloire est toute tendue vers la plénitude définitive du Royaume, lorsque Dieu sera tout en tous » (R.M. n° 41). Confions-nous à la prière de Marie.