Laurent Aventin, consultant en santé mondiale, à l’initiative de la ‘Lettre ouverte aux évêques de France’.
A une semaine du 15 février, date de changement des règles du pass vaccinal, 4 à 5 millions de Français pourraient perdre leur droit d’aller et venir. Il y a une certaine usure de ce dispositif, une lassitude qui s’installe. Il n’y a pas d’ailleurs des personnes vaccinées et non-vaccinées ; il n’y a que des personnes dont la liberté est en sursis. On a tous un point de vue sur le Covid-19 et quand un consultant en santé mondiale interpelle les évêques de France via une lettre ouverte, il me paraît légitime que sa parole soit entendue. On le voit au Canada – dont les media parlent très peu, où Justin Trudeau a dû être exfiltré d’Ottawa devant le convoi de la liberté, ces camionneurs qui occupent la capitale. Tout est fait pour éviter la contagion en Europe.
En fait, il s’agit moins du Covid que de la réponse autoritaire qui lui est apportée, venant des autorités civiles, qui se traduit par la mise en place d’une sorte de gouvernance automatisée proche, d’une manière de trier les citoyens qui ne peut pas laisser passif ou indifférent. L’Église doit être un phare dans la tempête, une boussole quand tout le monde perd le nord, un havre de paix quand il y a risque de conflit.
Extrait de la lettre :
« Docteur en santé publique, j’ai travaillé depuis 25 ans sur les questions de santé mondiale et de renforcement des systèmes de santé dans les pays du Sud, avec une forte entrée sur l’accès aux médicaments pour les plus défavorisés avec la campagne d’accès aux médicaments essentiels de Médecins sans Frontières en 2000, sur les mécanismes innovants de financement des médicaments ou comme directeur d’une ONG spécialisée sur les partenariats publics-privés contre les maladies infectieuses. J’ai évolué dans le domaine de la recherche en santé, des opérations au sein d’ONGs, des Nations-unies ou encore du ministère des Affaires étrangères.
Catholique, j’ai été interpellé par la tribune des évêques de France publiée le 22 juillet 2021 qui prend position en faveur de la politique en matière de vaccination et de passe sanitaire. Sans colère ni orgueil, je réagis sur le fond comme sur la forme. Vous écrivez « la vaccination dont il est question est la réponse médicale disponible pour faire face à une épidémie qui risque de paralyser encore la vie économique mais surtout la vie sociale et les échanges d’affection et d’amitié ». Cette analyse m’inquiète particulièrement d’abord parce que ce n’est nullement l’épidémie de Sars cov-2 qui paralyse la vie économique et la vie sociale mais la réponse qui lui est apportée par les autorités sanitaires mondiales et françaises. Cette politique a affecté la vie sociale et économique et fragilise de nombreuses vies à commencer par la santé mentale de nos jeunes générations mais aussi des personnes âgées. »