Image : chemin de croix de Bruno Desroche
L’unité (Jn 19, 23-24)
= Jean développe la précision de Matthieu (« Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en les tirant au sort » — Mt 27, 35) à partir d’une citation modifiée du Ps 21, 19, en distinguant : Les vêtements partagés en quatre, et la tunique non déchirée (le grec schizô parle de division)
= Le vêtement du Christ, c’est l’Église du Christ (telle est l’interprétation patristique) Distribués en quatre parts, ils signifient « C’est l’Église répandue partout dans le monde » (St Augustin)
La tunique du Christ, elle, est le symbole de l’unité de l’Église (cf. 1 R 11, 29-31 : déchirer un vêtement coûteux, c’est une image biblique désignant la division du peuple).
= Ce symbole, placé ici, est dans la pensée de Jean l’accomplissement de la pensée de Caïphe, dévoilée en 11, 50-52 : « Pour ramener à l’unité les enfants de Dieu dispersés ». Autour de la croix du Christ, l’Église naît au Calvaire.
La mère (Jn 19, 25-27)
= Le grec (Men… de…) porte cette articulation : Men… D’une part… les soldats de… D’autre part… sa Mère. Les traductions françaises ont tendance à effacer l’articulation. Ce que font les soldats dans le premier tableau est comme l’annonce et la préfiguration de ce qui se produit dans le suivant. On passe du symbole à la réalité : l’unité réalisée dans la mère de Jésus avec le disciple, la réalisation de la communauté du nouveau peuple, que Marie et Jean représentent.
= Pourtant, les noms des deux personnes ne sont pas mentionnés. Ce caractère anonyme des deux personnages sous la croix est une indication que, pour Jean, il s’agit moins de personnes individuelles que de leur fonction. Et dans le texte grec on observe bien ce passage de Jésus au disciple : SA mère — > LA mère — > TA mère. « Jésus, voyant SA mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à LA mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici TA mère ». La femme qui était la mère de Jésus devient la mère par excellence, et enfin la mère du disciple. Marie symbolise donc l’Église qui est notre mère. Et elle est également mère de l’Église, pour autant que l’Église est la communauté dont le disciple que Jésus aimait est le symbole ; c’est à lui qu’il a été dit : Voilà ta mère.
L’accomplissement de l’Écriture (Jn 19, 28-30)
L’accomplissement de l’Écriture dont il est question ne consiste pas dans l’expression de la soif, mais dans la scène qui vient de se terminer, le don de la mère. « Après cela, sachant que désormais tout était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse… » Après quoi ? Après ce qui précède. Jésus savait que sa tâche messianique, entièrement décrite dans l’Écriture, était désormais accomplie. « Sachant que tout était achevé… Jésus dit : Tout est achevé »
Le coeur ouvert (Jn 19, 31-37)
Il transmit l’Esprit. Le dernier soupir de Jésus est bien sa mort. Et en même temps Jésus ouvre lui-même le temps de l’Esprit qu’il donnera après sa Résurrection. Selon la vision johannique, la venue de l’Esprit coïncide avec l’heure de la glorification de Jésus, qui est son élévation sur la croix.
Le sang du Christ représente la vie du Christ. Il symbolise la vie profonde de Jésus avant sa mort. Son amour, son coeur. Il a tout accompli par amour. Il remet l’Esprit, et de son côté coule l’eau qui symbolise l’Esprit. Le sang et l’eau, c’est l’Esprit communiqué par Jésus lui-même à l’Église. C’est la vie profonde de Jésus actualisée dans l’Église par l’Esprit à travers les sacrements.