(Noël B — jour) La liturgie catholique propose quatre messes pour le mystère de Noël : celle du soir, celle de la nuit, celle de l’aurore et celle du jour… Quatre, cela fait beaucoup, allez-vous dire… Eh bien non… À travers ce chemin, l’Église nous propose une véritable pédagogie spirituelle. Je vous propose un rapide parcours des quatre tonalités liturgiques
La messe du soir
La messe de la veille, au soir du 24 décembre, se situe à la jonction entre l’Avent et Noël. Elle nous oriente vers demain : « Aujourd’hui vous saurez que le Seigneur vient vous sauver ; demain vous verrez sa gloire » (ant. d’ouverture) ; « Demain sera détruit le péché de la terre » (ant. Alléluia). Elle rattache ainsi la naissance du Christ au mystère pascal de la rédemption. La prière d’ouverture donne à ce demain toute sa dimension eschatologique, celle de la Venue glorieuse du Seigneur :
Chaque année, Seigneur Dieu, tu nous réjouis tandis que nous attendons notre rédemption ;
nous accueillons avec joie ton Fils unique, le Rédempteur :
fais que nous puissions aussi le regarder avec confiance,
lorsque viendra comme Juge ce même Jésus Christ notre Seigneur.
La messe de la nuit
La messe de la nuit nous invite à la joie : « Tous ensemble, réjouissons-nous : […] Aujourd’hui, pour nous, descend du ciel la paix véritable ! » (ant. d’ouverture). Le verset de l’Alléluia fait écho par avance au message de l’ange aux bergers dans l’Évangile : « Je vous annonce une grande joie. » L’objet de cette joie est bien sûr la naissance de Jésus, en qui nous sommes invités à reconnaître « Dieu qui s’est rendu visible en notre chair » (préface I), en qui notre nature est unie à celle de Dieu. Telle est la vraie joie : la communion du ciel avec la terre, la vraie lumière qui fait resplendir cette nuit très sainte.
Seigneur Dieu, tu as fait resplendir cette nuit très sainte des clartés de la vraie lumière ;
nous t’en prions, puisque nous reconnaissons la splendeur des mystères du Christ sur la terre,
accorde-nous aussi de goûter pleinement sa joie dans le ciel.
La messe de l’aurore
La messe de l’aurore poursuit sur le thème de la lumière : « Aujourd’hui, la lumière va resplendir sur nous, car le Seigneur nous est né » (ant. d’ouverture). Ce Seigneur nouveau-né, devant lequel s’émerveillent les bergers, est le Messie promis par les prophètes, mais en lui « nous sommes inondés d’une clarté nouvelle » (prière d’ouverture). Cette lumière « brille dans nos esprits » par la foi. Nous prions pour « qu’elle resplendisse en nos actes ».
Dieu tout-puissant,
en ton Verbe fait chair, nous sommes inondés d’une clarté nouvelle ;
fais que resplendisse en nos actes cette lumière que la foi fait briller dans nos esprits.
La messe du jour
La messe du jour insiste quant à elle sur la participation à la vie divine qui nous est donnée dans l’incarnation de Jésus. Ainsi, la prière d’ouverture demande à Dieu : « Accorde-nous d’être unis à la divinité de ton Fils, qui a voulu prendre notre humanité. » La lettre aux Hébreux et le prologue de l’Évangile de Jean proclament ce mystère, que les oraisons reprennent dans l’action de grâce. « Le Sauveur du monde, en naissant aujourd’hui, nous fait naître à la vie divine » (prière après la communion). Avec l’« enfant qui nous est né » (ant. d’ouverture) commence la création nouvelle qui est plus merveilleuse encore que la première (cf. prière d’ouverture). La troisième préface de la Nativité chante : « Lorsque ton Verbe éternel prend sur lui la fragilité humaine, notre condition humaine en reçoit une infinie noblesse ; il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels. »
Seigneur Dieu,
tu as merveilleusement créé l’être humain dans sa dignité,
et tu l’as rétabli plus merveilleusement encore :
accorde-nous d’être unis à la divinité de ton Fils,
qui a voulu prendre notre humanité.
À travers cette succession, nous sommes invités à fonder la dynamique de notre vie sur le Mystère de Dieu qui vient à nous en son Fils.