Mayline était morte dans mes bras, elle a survécu grâce à l’intercession de Pauline Jaricot

Le 22 mai, Pauline Jaricot, fondatrice de l’œuvre  catholique de la Propagation de la foi et du Rosaire vivant, sera  béatifiée. Emmanuel Tran, le père de Mayline Tran – la jeune miraculée  qui a permis cette reconnaissance –, retrace son histoire dans un livre.              
Recueilli par Juliette Paquier, La Croix du 6 mai 2022              

La Croix : Vous êtes le père de Mayline, miraculée par l’intercession de Pauline Jaricot, qui sera béatifiée le 22 mai. Comment avez-vous vécu ces événements ?

Emmanuel Tran : En mai 2012, nous étions à Lyon, en train de fêter notre déménagement vers Nice. Lors de l’apéritif, Mayline, qui avait alors 3 ans et demi, s’est étouffée. Les médecins ont eu énormément de mal à la stabiliser avant de la transférer à l’hôpital. En réanimation, elle a fait de nouveaux arrêts cardiaques. Dans le coma, son état s’est aggravé de jour en jour. Au bout de dix jours, les médecins nous ont annoncé qu’elle ne survivrait pas à ses blessures et qu’ils allaient arrêter les traitements. Ils nous ont aussi proposé d’arrêter son alimentation. Mais nous avons refusé. C’était trop tôt.À lire aussiCharles de Foucauld bientôt saint, Pauline Jaricot bienheureuse

À ce moment-là, Élisabeth d’Escayrac, l’une des mamans de l’école de Mayline, a proposé de faire une neuvaine par l’intercession de Pauline Jaricot, fondatrice, au XIXe siècle à Lyon, de l’Œuvre de la propagation de la foi, à l’origine des Œuvres pontificales missionnaires. La neuvaine s’est propagée au sein du Rosaire vivant, une chaîne de prières créée par Pauline Jaricot. Jusqu’au dernier jour de l’école, tous les parents ont prié en communion.

Rapidement, Mayline a commencé à montrer des signes de réveil. Début juillet, elle s’est réveillée. Ma femme et moi avons compris tout de suite que c’était un miracle : avec l’accident, elle avait perdu ses ondes cérébrales, qui permettent la synchronisation neuronale. Des pertes en général irréversibles. Malgré le diagnostic des médecins, nous voyions que son état progressait. Quand elle a fini par dire « maman » dans les bras de sa mère devant les médecins, le miracle s’est imposé.

Quelles conséquences cela a-t-il eu sur votre foi ?

E.T. : Un grand bouleversement. J’étais croyant mais non baptisé. Mon épouse, Nathalie, était déjà pratiquante, issue d’une famille très pieuse. Cet événement a confirmé ma foi. Il me semblait que toutes ces pièces d’un immense puzzle prenaient leur place, et tout devenait logique. Peu de temps après l’accident, j’ai fait un rêve qui m’a bouleversé.À lire aussi« Pauline Jaricot est un modèle extraordinaire pour les laïcs d’aujourd’hui »

J’en ai parlé un jour à Mgr André Marceau (évêque de Nice jusqu’en mars 2022, NDLR), venu déjeuner dans notre restaurant, qui l’a interprété. J’ai décidé de recevoir le baptême en l’église du Vœu, à Nice. Mayline, quant à elle, était déjà baptisée. Elle va faire sa profession de foi en juin.

Mayline comprend-elle ce qui lui est arrivé ?

E.T. : Elle a aujourd’hui 13 ans. Elle commence à se rendre compte de ce qui s’est passé. Jusqu’ici, avec mon épouse, nous avions voulu la protéger du tumulte médiatique. C’était compliqué de lui expliquer qu’elle était morte dans mes bras, puis qu’elle a survécu grâce à l’intercession de Pauline Jaricot.À lire aussiPauline Jaricot, la mission au cœur

Ce qui l’a aidée à comprendre, c’est de me voir écrire mon livre (1), pendant sept ans. Elle me demandait : « Tu fais quoi papa ? » Et je lui répondais : « J’écris ce que tu as vécu, je te ferai lire quand tu seras capable de comprendre. » Je pensais le lui donner quand elle aurait 16 ans, mais quand les éditeurs m’ont envoyé la version finale, elle s’en est emparée et a commencé à le lire. Sa première réaction a été de me dire : « Je ne pensais pas que vous aviez tant souffert. » Je ne pensais pas qu’elle aurait cette réaction !

Comment vit-elle l’approche de la béatification ?

E.T. : Bien sûr, elle sera avec nous à la célébration du 22 mai. Par notre présence, nous voulons faire comprendre que la force de la prière peut réaliser des choses extraordinaires. Et pour ceux qui n’ont pas la foi, nous voulons témoigner : certains événements paraissent impossibles, pourtant ils peuvent se produire. C’est important de rendre grâce à Pauline Jaricot et de dire que les miracles existent encore aujourd’hui.

(1) « Sauvée par un miracle », Emmanuel Tran, Artège, 2022, 257 p., 18,90 €.