Je suis le Pain de Vie

(19° D. TO. B — Jn 6, 41-51) Nous entrons dans le commentaire de Jésus sur le verset du Ps 78,24 : « Du pain venu du ciel, il leur a donné à manger » (trad. liturgique : « pour les nourrir, il fait pleuvoir la manne, il leur donne le froment du ciel »). La liturgie d’aujourd’hui nous en propose la première partie. Elle est délimitée par l’inclusion C’est moi (ou je suis) le Pain de Vie. Le thème principal porte sur le fait de CROIRE que Jésus est le Pain de Vie.

Pour accueillir Jésus : venir et croire

En posant l’affirmation qu’il est le Pain de Vie, Jésus nous donne deux invitations pour l’accueillir.

VENIR. Qui vient à moi… Encore faut-il laisser le Père nous attirer à son Fils… Tout ce que me donne le Père viendra à moi… Celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors.

CROIRE. Qui croit en moi… Et ce reproche : vous me voyez et vous ne croyez pas…

On perçoit bien ici que le Pain de Vie, c’est la personne de Jésus1. Il est descendu du ciel pour faire la volonté du Père. Cette volonté du Père, qui est la mission de Jésus, est celle-ci : donner à tout homme qui vient et croit, la vie éternelle, et le ressusciter au dernier jour.

Les deux dons : la vie éternelle et la résurrection

La distinction des deux dons se remarque aux temps employés : le premier est au présent, le second au futur.

— Venir, voir Jésus et croire en lui, c’est recevoir dès maintenant la Vie éternelle 2. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. (Jn 17, 3). La vie éternelle, c’est maintenant que nous la recevons par la foi et les sacrements.

— La résurrection sera donnée « au dernier jour », dans le monde à venir ; elle est l’accomplissement total de l’œuvre de l’Esprit Saint en nous, qui commence lorsque nous croyons en Jésus. Je suis la Résurrection et la Vie, dit-il à Marthe (Jn 11, 25).

Écouter l’homélie

Ne murmurez pas

Le mot murmurer ou murmure est très connoté dans la Bible. Ici, c’est une allusion à l’attitude des Hébreux au désert, murmurant contre Moïse3. Ces murmures sont ceux de l’intelligence qui accepte du réel uniquement ce qu’elle comprend.

La critique, le murmure, porte sur l’affirmation de la divinité de Jésus, à savoir qu’il est descendu du ciel… On objecte les origines humaines de Jésus, bien connues : Marie, Joseph, Nazareth… On refuse l’origine divine de Jésus (Fils du Père) au nom de sa présence humaine (fils de Joseph). Et le comment de la discussion provoquée par les murmures transforme en question insoluble ce qui est un mystère de foi…

Se laisser attirer par le Père, croire en Jésus

Poser un acte de foi en Jésus, c’est se laisser attirer par le Père vers lui. Le Père nous mène à Jésus, moyennant notre acte de foi. Et Jésus nous donne la Vie et nous ressuscitera. La Trinité entière est à l’œuvre, puisque la résurrection est l’œuvre vivifiante de l’Esprit…

D’où l’importance capitale d’être déjà à l’écoute du Père, à son école 4… Les personnes déjà ouvertes à l’amour de Dieu-Père (et nous en connaissons tous) finissent par venir à Jésus. C’est une belle compréhension de l’acte de foi qui nous est offerte ici : il est l’œuvre de notre volonté, mais il est précédé par l’action cachée 5 du Père, et il est dirigé vers le Fils.

EN VÉRITÉ, EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, CELUI QUI CROIT A LA VIE ÉTERNELLE. JE SUIS LE PAIN DE VIE


1Et non pas d’abord le sacrement de l’eucharistie. Mais c’est dire aussi que le sacrement de eucharistie, c’est la personne de Jésus…

2En dehors de ce chapitre 6, nombreuses sont les affirmations de Jésus en ce sens dans Jean : 3, 15. 16. 36; 4, 14. 36; 5, 24. 39; 10, 28; 17, 2. 3).

3Ex 16, 2. 7-9; Nb 14, 36.

4L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Dt 8, 3).

5Non que personne ait vu le Père, sinon celui qui vient d’auprès de Dieu : celui-là a vu le Père (v. 46).