Traduction d’un article paru sur le site derdom.de
Ce n'est pas comme si on ne voyait pas d'évêque au Libori, bien au contraire. Autour de la cathédrale, la densité d'évêques est plus importante, et pourtant, cette année, une lacune se fait particulièrement sentir. Il en manque un : l'archevêque de Paderborn. Il n'y en a pas en ce moment.
Archevêché. Libori sans archevêque en exercice,la dernière fois que cela s’est produit, c’était en 2002. Le cardinal Degenhardt était décédé quelques jours avant l’ouverture et c’est donc le seul évêque auxiliaire alors en fonction qui a dirigé les festivités : Hans-Josef Becker.
Cette année, deux prêtres ont présidé les deux principaux services religieux : Michael Bredeck, administrateur diocésain, a présidé les vêpres pour l’élévation des reliques. Le nouvel évêque du Mans, Jean-Pierre Vuillemin, a présidé la messe pontificale du dimanche matin. Il s’agissait d’une première pour lui et pour Libori lui-même. En effet, le successeur de saint Liboire n’avait pas célébré cette messe avec la communauté depuis longtemps, peut-être même jamais.
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La beauté du Libori
Pour le reste, beaucoup de choses étaient comme d’habitude, ce qui est justement la beauté du Libori. Et cette année, c’est aussi une sorte de nouveauté. Deux ans de pandémie, l’année dernière un prudent « ça va déjà de nouveau ? », cette année donc, tout est effectivement comme d’habitude, en tout cas cette sensation familière que le Libori était de nouveau là.
Le samedi, bien avant le début des vêpres, la cathédrale est pleine à craquer. Un quart d’heure avant le début, le vicaire de la cathédrale, Matthias Klauke, tente de mettre les gens au diapason, mais ceux-ci ne veulent pas vraiment se laisser mettre au diapason. Avec courage, Klauke s’oppose à l’énorme bourdonnement qui résulte de l’union des murmures dans la cathédrale. Après ce que l’on a soi-même à peu près compris, il raconte l’histoire de saint Liboire, informe sur la manière dont on va célébrer les jours à venir; et d’une manière ou d’une autre, le mot crypte est prononcé. Il sera question de la nouvelle crypte de la cathédrale lors de la réception du Libori. Pour reprendre une expression souvent citée par le prévôt de la cathédrale, elle est le cœur de l’archevêché. La raison en sera particulièrement visible au Libori. Mais nous y reviendrons plus tard.
Au début des vêpres, Michael Bredeck, en tant qu’administrateur diocésain, commence par saluer les fidèles présents. Il le fait en reprenant les mots de l’archevêque émérite Hans-Josef Becker : « Prenez place, si cela vous est possible ». L’émérite est d’ailleurs là, pour lui c’est une fête de Libori tout à fait détendue, dit-il après la messe pontificale qu’il savoure pleinement. « Bien sûr », ajoute-t-il rapidement, « Libori a toujours été beau, mais … ». Eh bien, on devine ce qu’il veut dire.
Pax vobis ! Que la paix soit avec vous !
Bredeck salue nommément, outre le nouvel évêque du Mans, deux évêques qui ont fait le voyage d’Ukraine : Mgr Stanislav Shyrokoradiuk, d’Odessa, et Mgr Pavlo Gonczaruk, de Kharkiv-Saporishchia. L’assemblée présente les a longuement applaudis. C’est dans le contexte de leur situation de vie actuelle que la devise de la fête ecclésiastique du Libori de cette année a été choisie : « Pax vobis ! – Que la paix soit avec vous ! »
Il s’agit de la salutation du Ressuscité à ses disciples. « Le Ressuscité montre ses stigmates, la vie peut être cruelle et sans paix », dit Bredeck, « mais il y a toujours un mais – dans la vie, dans le monde, dans l’Église ». Il souhaite que la fête du Libori puisse être une impulsion d’espoir pour les invités ukrainiens. « En tout cas, nous prions pour vous et nous nous sentons très fortement liés à vous », a déclaré Bredeck sous les applaudissements des fidèles. C’est avec les anciennes paroles « Procedamus in pacem » qu’il lance la procession. Du haut chœur, au son de l’orgue qui, à cet endroit, a vraiment tout pour vous mettre en transe, une troupe presque interminable de diacres, de prêtres, d’évêques, de chevaliers du Saint-Sépulcre et d’enfants de chœur se met en route vers la crypte, c’est-à-dire vers la chambre du chœur, pour élever les ossements de saint Liboire. Ce n’est que depuis une semaine qu’ils ont retrouvé leur place habituelle.
Espérons que cela se passe bien !
Peu avant le début des vêpres, le chanoine Thomas Dornseifer, en sa qualité de président de l’association des porteurs de châsses du Libori, l’avait sortie de l’autel et placée dans la châsse dorée. Celle-ci pèse environ 200 kilos et est portée par huit hommes. La procession sort de la crypte, traverse la cathédrale, passe devant les tireurs qui saluent et monte finalement l’escalier derrière l’autel pour atteindre le chœur. C’est ce moment où beaucoup retiennent leur souffle, dans le sens de « pourvu que ça se passe bien ». Mais cela s’est bien passé à chaque fois, cette année aussi, ils déposent la châsse sur l’autel de la fête du Libori, dressent le plumeau du paon derrière, le tocsin retentit une nouvelle fois et les applaudissements fusent à nouveau dans la cathédrale.
Une scène que l’on ne peut guère photographier, mais que l’on devrait peindre à l’huile. Un spectacle en tout cas, qui ne pourrait être plus catholique au meilleur sens du terme. Pour certains, Libori a commencé, il est donc temps de quitter la cathédrale. À l’intérieur, la prière des psaumes suit, assez traditionnellement en latin, ce qui est un défi pour les personnes présentes après le Concile. Mais on peut bien prier et faire chanter, car la liturgie est portée par des personnes qui maîtrisent cela, et on peut en toute confiance transmettre ses propres intentions à leurs chants.
Ouverture profane
Après l’ouverture liturgique, les invités officiels se précipitent à l’hôtel de ville, où le maire Michael Dreier ouvre également la fête de manière profane. Trois coups de canon l’annoncent au loin, alors que les manèges de la fête foraine et les stands du Pottmarkt font leurs affaires depuis longtemps.
Le fait que Libori soit une fête religieuse et profane, que l’archevêché et la ville y fassent la fête, est également évident le dimanche du Libori, lorsque la châsse est portée en procession à travers le centre-ville jusqu’à l’hôtel de ville après la messe pontificale et que la bénédiction sur la ville et ses habitants y est prononcée, cette année par l’évêque auxiliaire Dominicus Meyer.
La messe pontificale sera présidée par le nouvel évêque du Mans. En poste depuis le mois de mai, Jean-Pierre Vuillemin est un homme discret, de taille plutôt modeste, que l’on aurait du mal à reconnaître comme évêque dans son jean kaki si on ne le savait pas. Dans le sanctuaire, il est assis à côté de Bredeck et non sur le siège épiscopal. Car celui-ci est vacant et aucun évêque n’y prendra donc place pendant la semaine de Libori – contrairement à d’habitude. L’homélie est prononcée par l’administrateur diocésain Bredeck. Il revient sur la devise du Libor « Pax vobis ». Cette salutation de Jésus a été prononcée il y a 2.000 ans et « malheureusement aussi aujourd’hui dans un monde non pacifique », selon Bredeck.
Par esprit chrétien
« Le monde dans lequel nous vivons, la société en Allemagne et aussi notre Église
ne sont pas remplis de paix en de nombreux endroits, mais de discorde, d’affrontements graves, de conséquences de violences physiques et psychologiques ». Les deux évêques présents d’Ukraine pourraient témoigner douloureusement pour leur pays : « Quand la guerre est là, elle est là, il n’est pas facile d’y mettre fin. Et à la fin, il n’y a que des des perdants ». Parce que les guerres et les troubles se manifestent toujours dans la pensée et le discours, dans la haine et l’incitation à la haine, Bredeck remercie expressément « ceux qui se sont souvent engagés contre de fortes résistances ou des suspicions, très souvent dans un esprit chrétien ».
« La paix implique aussi une forme de vulnérabilité »
L’administrateur diocésain rappelle que le mot hébreu pour la paix est shalom, qui signifie lui-même plus que le mot allemand Frieden. Shalom signifie un état de salut, dans lequel l’homme et la nature se portent bien, où règnent la sécurité et l’ordre et où les faibles trouvent un soutien. C’est ce à quoi aspirent de nombreux hommes et femmes de notre temps, et c’est à eux, et donc à chacun personnellement, que s’adresse le salut de Jésus « Pax vobis ». Mais la paix implique aussi d’être prêt à écouter l’autre et d’essayer de comprendre son point de vue. « La paix implique aussi une forme de vulnérabilité, un « vouloir être là pour l’autre » », a déclaré Bredeck. En ce sens, il espère que le thème de Libori pourra être une impulsion pour se demander : « Quelle peut être concrètement ma contribution à la Pax vobis ? »
Et maintenant, revenons à la crypte qui, depuis sa réouverture, suscite de nombreuses discussions en raison de la figure moderne de Liborius et du panneau d’information sur la sépulture. À l’issue de la messe pontificale, l’archevêché invite traditionnellement ses hôtes extérieurs à une réception. Parmi eux, on compte cette année de nombreuses personnes qui ont contribué au réaménagement de la crypte. Dans sa brève allocution, Michael Bredeck déclare que la réouverture de cet espace historique est pour lui un signe d’espoir en l’avenir, que l’on peut puiser dans l’ancien : « La crypte abrite les reliques de notre saint patron diocésain. Elles représentent l’alliance d’amour de près de 1 200 ans entre Le Mans et Paderborn ». Cette alliance n’est pas simplement historique, elle est toujours tournée vers l’avenir.
Transformation de la crypte
Lors du réaménagement de la crypte, on a réussi, dans le respect de l’ancien, une transformation vers le nouveau, pas simplement moderne, mais digne. « Je pense qu’en tant qu’Église, nous pouvons en tirer de nombreux enseignements pour nos défis futurs ». Selon Bredeck, il faut aussi apprendre de ses erreurs, c’est pourquoi on a installé le panneau sur le caveau de l’évêque. Il ne trouve pas toujours les discussions et les commentaires très éclairés, mais certaines réactions l’ont fait réfléchir. L’abus restera une partie de l’histoire, il faut développer une culture de la mémoire, « nous n’en sommes qu’au début ».
Le dernier mot de la partie officielle revient finalement au nouvel évêque du Mans. Au cours de son bref mandat d’évêque du Mans, il a déjà reçu de Paderborn de très nombreux signes d’amitié, a-t-il déclaré. Il se réjouit que cette amitié ait également surmonté des temps difficiles. Elle s’enracine dans saint Liboire : « La sainteté est un chemin vers la fraternité ». Pour conclure, il promet : « Je prie avec vous pour un bon archevêque ».
Celui-ci n’est pas encore en vue, car on apprend qu’aucune lettre de Rome n’était encore arrivée à Paderborn dimanche midi. Entre Pâques et Libori, avait dit Michael Bredeck après son élection comme administrateur diocésain, lorsque quelqu’un demandait quand il y aurait un nouvel évêque… Pâques est passé, Libori aussi de facto. Peut-être qu’il y aura quelque chose pour le Petit Libori (en octobre). Mais s’il vous plaît, cela aussi n’est que pure spéculation.