Un autre Paraclet, l’Esprit de Vérité

Un autre Paraclet

Jésus promet aux disciples « un autre Paraclet » ; il laisse enten­dre par là qu’il est — ou qu’il a été — lui-même un Paraclet. La continuité entre les fonctions futures du Paraclet et celles que Jésus exerça ici sur terre auprès des disciples est donc soulignée avec force. Si l’on regarde les 5 promesses du Paraclet en Jean, on peut ainsi synthétiser que le rôle des deux Paraclets est d’être « avec » les croyants à jamais (14,16) ; d’« enseigner » les disciples ; d’être le témoin de Jésus (15,26) ; de mettre en pleine lumière le péché du monde (16,8) ; et enfin de « dire » ce qu’il entend du Fils (16,13).

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Le monde

« Le monde ne peut le recevoir » (14,17). L’homme par lui-même est d’une impuissance radicale ; il est inca­pable de « venir au Christ ». « Il ne le voit pas » : Il s’est fermé à ce don ; car il n’a pas « vu » l’Esprit pendant la vie de Jésus. « Il ne le connaît pas » : de même que le monde (et les Juifs qui le représentent) n’a pas « compris » le message de Jésus, il ne « découvre » pas dans les paroles du Christ la présence de l’Esprit de Dieu, il ne parvient pas à l’y « discerner ».

Le monde, qui s’est fermé devant la révélation de Jésus-Vérité (14,6), le premier Paraclet, n’a pas su y discerner l’action de l’autre Paraclet, l’Esprit de la vérité ; il s’est mis, par là même, dans l’impossibilité de le « recevoir », quand le Père le donnera, à la demande de Jésus ; il n’est pas dans les dispositions nécessaires pour recevoir le don du Père.

Les disciples

Leur attitude est en contraste avec celle du monde. En parlant de l’Esprit de la vérité, Jésus dit : « vous le reconnaissez ». C’est dans l’œuvre de Jésus, spécialement dans ses paroles, que l’Esprit agissait déjà en une certaine mesure. Ce n’est pas parce que la grande effusion de l’Esprit n’aura lieu qu’après la glorification de Jésus (7,39), que son action était inexistante auparavant.

L’expression employée ici pour l’Esprit « il demeure auprès de vous » fait donc songer à une présence de l’Esprit auprès des disciples, dans la personne même de Jésus, durant sa vie terrestre : en lui, il était déjà « auprès d’eux ». Mais c’est au temps d’après Pâques, au temps de l’Église, que s’applique direc­tement la promesse de Jésus sur la présence intérieure du Paraclet : « il sera en vous ».

La promesse

Cette première promesse, et elle seule, met en relief que l’Esprit Saint sera un don du Père, obtenu sur la demande de Jésus : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur » (14,16). Ce don de l’Esprit va devenir la possession intérieure des croyants, leur bien propre. Entre le départ de Jésus et le monde à venir, se déroulera tout le temps de l’Église : ce sera essen­tiellement l’ère du Paraclet.

Précisons le jeu des trois prépositions dans ces v. 16-17 — avec, auprès, en. Actuellement, du vivant de Jésus, l’Esprit demeure « auprès » des disci­ples, dans la personne de leur Maître ; plus tard, il leur sera donné par le Père comme un autre Paraclet pour être « avec » eux ; mais il sera aussi « en » eux. Un nouveau mode de présence et d’action de l’Esprit est ici promis par Jésus pour le temps à venir : une action ou une présence plus intime, plus intérieure, plus immédiate aussi ; l’Esprit agira au-dedans de leurs cœurs.

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On peut ramener à deux aspects ce rôle futur du Paraclet dans la première promesse. Ce sera tout d’abord un rôle d’assistance : dans le grand conflit qui les opposera au monde, le Paraclet les aidera à triompher du monde (cf. 1 Jn 5,4) ; c’est un aspect nettement judiciaire de son activité. D’autre part, son action sera intérieure, et il l’exercera en tant qu’Esprit de la vérité (cf. 1 Jn 5,6) : cela laisse entendre qu’elle consistera essentiellement à affermir les disciples de Jésus dans leur foi ; ici apparaît l’aspect proprement « théologique » du grand conflit…